Le parcours des Éléphants à la CAN 2023, un vrai conte de… Faé !
Eh oui, qui l'eût cru ? De l'humiliation à l'élévation. De zéro à héros… Éléphants ressuscités. Miraculés. Chanceux… Les superlatifs et autres qualificatifs ne suffisent pas à décrire le parcours atypique de cette équipe ivoirienne, ainsi que la joie des supporters, à l'issue de la finale de cette CAN 2023 de toutes les surprises. Déroutante même !
Passés tout près de l'élimination en phases de poule (avec humiliation à la clé suite au mémorable 4-0 infligé par la Guinée Équatoriale), où les Éléphants de Côte d'Ivoire ont-ils trouvé les ressources nécessaires pour relever la trompe, jusqu’à battre copieusement, à tour de rôle, tous ses adversaires désillusionnés et restés bouche-bée ? Sempiternelle question. Car, c'est toute l'ironie de l’histoire, avec cette incroyable remontée qui étonne encore le monde du football !
D'abord, l'élimination impensable du tenant du titre sénégalais, battu aux tirs au but (1-1, tab 5-4) en huitièmes de finale. Puis, au tour des Aigles maliens revanchards, cueillis à froid à Bouaké (2-1) dans les ultimes secondes des prolongations lors des quarts de finale, dans un duel bourré de suspense. Ensuite, cette demi-finale remportée au mental face aux Léopards de la RD Congo et du capitaine Chancel Mbemba (1-0) après d'énormes occasions ratées de part et d'autres.
Déjà, le fait de parvenir à ce niveau de la compétition était inimaginable, il y a encore quelques jours. Durant toute cette CAN, la Côte d'Ivoire, pays hôte, a joué les invités surprise ! C'en était presque risible. Un peu comme le cancre de la classe qui réussit là où ont échoué les plus doués…
Pour ce faire, il aura fallu un homme, sinon deux personnes au tempérament calme, au discours posé et plein d'humilité. Le coach par intérim Emerse Faé et son adjoint Guy Demel, qui ont su impulser une dynamique nouvelle, jusque-là insoupçonnée chez des garçons atteints au mental. Le travail s'est effectué à ce niveau grâce à un discours percutant (comme sait le faire un certain Hervé Renard à la différence que le Français est toujours chaud bouillant), tout en remodelant la tactique de jeu. Depuis, les Éléphants ont intégré un nouvel état d'esprit, retrouvé ce supplément d'âme qui semblait sommeiller en eux.
Le jeu s'est fluidifié notamment dans l'axe, avec un système plus rapide porté vers l'offensive. De plus, l’arrivée salvatrice de Sébastien Haller et Simon Adingra a surtout renforcé cette dynamique. Sans oublier l'apport incontestable du tonitruant Oumar Diakité sur le côté droit, qui a le don de dézinguer les assises et l'assurance des défenses adverses. Les remplacements judicieux opérés lors du match contre le Mali en est l'illustration parfaite. Alors que les Aigles maliens avaient pris du plomb dans l'aile sur le but égalisateur à la 90e (du nouvel entrant Simon Adingra), c'est un autre remplaçant (Oumar Diakité) qui porte l'estocade finale au bout du bout (120e, ap). Pour cette finale du dimanche soir, c'est le but décisif de Sébastien Haller qui offre la victoire.
Le point faible de cette équipe est le fait d’encaisser le premier but, chaque fois. Le paradoxe veut aussi que cela leur serve de catalyseur. Mais il ne faut pas continuer de jouer sur les émotions…
Les Super Eagles du Nigéria ont fini par laisser des plumes dimanche soir au stade Olympique Alassane Ouattara. Justement là où les Éléphants avaient ouvert la compétition, en battant la Guinée-Bissau (2-0). Avec de la réussite et porté par un peuple uni derrière eux par la force du football, ils ont donc achevé en toute beauté ce qu'ils avaient commencé le 11 janvier dernier.
“A quelque chose malheur est bon”, dit l'adage. S'il n'y avait pas eu la débâcle des phases de poule, il n'y aurait peut-être jamais eu cette victoire au goût particulier. Chaque situation difficile est une opportunité pour briller. C'est certainement l'une des nombreuses leçons à tirer de cette CAN 2023 à domicile. Jour de gloire pour les Éléphants, dimanche 11 février. Et journée de fête pour le peuple, ce lundi, partout en Côte d'Ivoire. Si tout ceci n’est pas un conte de… Faé ?
François Yéo
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