Relations Côte d'Ivoire-Burkina: Comme Sankara, Ibrahim Traoré attaque Abidjan
Arrivé au pouvoir à la faveur d’un coup d’Etat orchestré avec Blaise Compaoré, en août 1983, Thomas Sankara avait développé un discours nationaliste, s’en prenant directement à l’ancienne puissance coloniale française. Celui qui se voyait en un «Che Guevara africain» avait aussi irrité plusieurs chefs d’Etat de la sous-région comme l’ex-président ivoirien Félix Houphouët-Boigny ou Gnassingbé Eyadema du Togo. Thomas Sankara était dans la provocation. Des accusations sans preuves. Même les documents déclassifiés que la France a finalement transmis à la justice burkinabé avant le procès de présumés assassins Sankara ne donnent aucune réponse sur le rôle de ceux qu'il accusait de vouloir le renverser. Et c'est ce même chemin qu'emprunte aujourd'hui le capitaine Ibrahim Traoré, lui aussi parvenu au pouvoir par un coup d'Etat le 30 septembre 2022. Ce jeudi 11 juillet 2024, Ibrahim Traoré a délivré un message à l’endroit des Burkinabè. Dans son intervention, il a évoqué la lutte contre le terrorisme, gros chantier sur lequel son gouvernement travaille depuis la prise du pouvoir. Parlant de cette question, il a porté de graves accusations contre les dirigeants de Cotonou et d’Abidjan. Le capitaine Traoré a ouvertement attaqué Patrice Talon et Alassane Ouattara qui favoriseraient des activités terroristes sur leurs territoires pour déshabiller le Burkina Faso. "Nous n’avons rien contre le peuple ivoirien, mais nous avons quelque chose avec ceux qui dirigent la Côte d’Ivoire. Il y a bel et bien à Abidjan un centre des opérations pour déstabiliser notre pays. Personne ne peut le nier et nous ferons les preuves les jours suivants. Nous vous montrerons des preuves physiques. Vous allez comprendre de quoi nous parlons. Personne ne viendra nous dire qu’au Bénin, il n’y a pas de bases françaises dirigées contre nous. Nous avons les preuves sous la main", a-t-il lancé, sous les hourras d'une foule.
Au cours d’une récente interview télévisée, le président de la transition burkinabè avait livré une charge contre les autorités ivoiriennes. Il dénonçait leur «hypocrisie» et les accuse d’héberger «les déstabilisateurs» de son régime.
Abidjan n’avait pas officiellement réagi. Il en sera de même cette fois?
Wait and see.
Bakayoko Youssouf
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