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France/Législatives anticipées: Macron refuse de reconnaître les résultats

 France Macron

"Personne ne l'a emporté aux législatives", estime Emmanuel Macron dans "sa lettre aux français " publiée ce mercredi 10 juillet, 3 jours après les résultats du second tour des législatives anticipées qui place son bloc politique deuxième avec 163 députés derrière celui du Nouveau Front Populaire arrivé en tête avec 182 députés et devant le Rassemblement National de Marine Le Pen qui a réussi à faire entrer 143 élus au Palais Bourbon.
Emmanuel Macron, par cette manœuvre, veut empêcher la prise de la tête du gouvernement par une personnalité de la France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon qui compte le plus de députés au sein de la coalition de Gauche, le Nouveau Front Populaire.
C'est ce qu'a clairement laissé entendre sur la chaîne LCI, Jean-Noël Barrot, ministre délégué à l'Europe, pour qui : "Le sujet, aujourd'hui, n'est pas de savoir qui a le plus gros bloc. Les français ont fait le choix de la modération plutôt que celui de l'extrémisme. Il faut donc constituer une majorité allant de la gauche modérée à la droite modérée pour trouver la seule majorité arithmétiquement possible".
Macron aurait donc certainement été soulagé que le Rassemblement National de Jordan Bardella, arrivé en tête du premier tour, obtienne la majorité absolue pour installer à la tête de la France un gouvernement d'extrême droite.
En effet, si les macronistes qui étaient troisième au premier tour ont terminé en seconde position, c'est largement grâce au Front Républicain constitué pour faire barrage aux Lepenistes et qui a amené de nombreux candidats de Gauche notamment de la France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon à se désister en leur faveur.
Cela a permis au parti de Macron, "Ensemble" dont les candidats ont fait campagne en prenant leurs distances avec lui, d'éviter l'humiliation de passer de 250 députés dans l'ancienne Assemblée à moins de 100 dans la nouvelle. Il en compte aujourd'hui avec ses alliés 143.
Malgré ce soutien décisif de la Gauche et de la France Insoumise à son mouvement, Macron qui ne sera pas inconnu dans l'Histoire de France et pas forcément pour les bonnes raisons, appelle à faire une alchimie pour sortir un gouvernement de "partis républicains" devant gérer le pays pour au moins une année. La constitution n'autorise pas une nouvelle dissolution avant ce délai.
Comme il fallait s'y attendre, toutes ses intrigues et son refus de reconnaître et de respecter le vote des Français en appelant, selon la tradition de la cinquième République, le bloc majoritaire à l'assemblée à former le gouvernement, scandalisent et irritent la classe politique française.
"Le peuple français a parlé, il faut maintenant respecter son choix", suggère mécontent, le Premier Secrétaire du Parti Socialiste, Olivier Faure.
Pour Fabien Roussel, le chef du Parti Communiste : "Le chef de l'Etat est dans une forme de déni et doit arrêter d'éviter le résultat des urnes".
Quant à la Secrétaire nationale des Ecologistes-EELV, Marine Tondelier : "Son déni abîme le pays et la démocratie".
Jean-Luc Mélenchon, contre qui tout cela est fait, estime pour sa part : "Le président refuse de reconnaître le résultat des urnes qui a placé le Nouveau Front populaire en tête des votes et des sièges à l'Assemblée."
Ces critiques se font aussi entendre jusque dans le propre camp de Macron.
C'est ainsi que François Bayrou, le leader du MoDem, membre de la coalition présidentielle, estime que : "Les forces politiques n'ont pas envie de jouer ce jeu-là. Après, on va revenir de ce qu'est la logique de nos institutions".

Bayrou ne croit pas bien dire, car dans sa lettre aux Français, Macron appelle à "inventer une nouvelle culture politique." Cela ressemble à vouloir changer les règles du jeu en plein match.

Cependant, Bayrou considère que ça commence à suffire : "Le président de la République devra nommer un Premier ministre et ce Premier ministre-là, il devra nommer un gouvernement avec des personnalités fortes, d'expérience, qui se respectent entre elles".

Comme quoi, on critique souvent ceux qu'on envie, et le refus de reconnaître les résultats des urnes tout comme la volonté de garder le pouvoir en dépit du verdict populaire, n'est pas l'apanage des potentats africains ou d'un certain Donald Trump. Loin s'en faut.

Moritié Camara
Professeur Titulaire d'Histoire des Relations Internationales

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