Niger : la junte accuse la France de préparer une attaque à partir des pays voisins
L’escalade diplomatique entre les nouvelles autorités militaires nigériennes et leurs homologues français reprend de plus avec cette fois, le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), la junte au pouvoir à Niamey, qui revient à la charge. Dans un communiqué lu samedi dans la soirée sur la télévision et la radio nationale, son porte-parole a accusé la France de continuer de déployer ses forces dans plusieurs pays de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (Cédéao) dans le cadre des préparatifs d'une « agression contre le Niger » qu'elle envisage en collaboration avec cette organisation communautaire.
Selon le colonel Amadou Abdramane, à partir du 1er septembre, deux aéronefs de transport militaire de type A400 M et un Dornier 328 ont été déployés en renfort en Côte d'Ivoire ainsi que deux autres hélicoptères multi rôles de type super PUMA, une quarantaine de véhicules blindés à Kandi et Malanville, au Bénin. Le 7 septembre, a-t-il ajouté, un navire militaire français a accosté à Cotonou avec à son bord du personnel et des moyens militaires alors que parallèlement, une centaine de rotations d'avions militaires cargo a permis de débarquer d'importante quantité de matériels et équipements de guerre au Sénégal, en Côte d'Ivoire et au Bénin.
Dans le même communiqué, le CNSP et le gouvernement de transition ont également dénoncé et fustigé « le manque de sincérité ainsi que les manœuvres sournoises et dilatoires des autorités françaises » sur le retrait total de ses troupes du Niger. Des manœuvres qui, selon les autorités nigériennes, visent à « émousser, dans la durée, l'ardeur patriotique du peuple nigérien dans sa lutte pour le retrait total des troupes françaises du Niger pour ensuite mieux réussir une intervention militaire contre notre pays ».
Les autorités nigériennes ont saisi l’occasion pour apporter « des éléments de clarification » sur les informations faisant état de la rencontre, le 1er septembre à Zinder, entre le Chef d'Etat-major des Armées du Niger et le commandant des forces françaises au sahel pour discuter d'un plan de désengagement des capacités militaires françaises du Niger.
« Seulement, à la date d'aujourd'hui, aucun progrès n'a été enregistré quant à l'application dudit plan », a indiqué le porte-parole du CNSP qui a émis des doutes sur la sincérité de l'annonce du plan de retrait français pour les raisons selon lesquelles, cette annonce vient d'un niveau opérationnel. « Elle n'est donc portée ni par l'Etat-major des armées françaises ni par le gouvernement français et n'a fait l'objet d'aucun communiqué officiel écrit et déclaratif ; comme cela est toujours de rigueur en pareilles circonstances », a-t-il fait remarquer avant de souligner que, par ailleurs, l’annonce de retrait des forces françaises au sahel, intervient à un moment où la France refuse même de rappeler son Ambassadeur déclaré persona non grata par les autorités et la justice nigériennes.
« Le CNSP et le Gouvernement de Transition prennent à témoin l'opinion nationale et internationale sur les conséquences de cette attitude agressive, sournoise et méprisante adoptée par la France », indique le communiqué dans lequel, les autorités nigériennes ont tenu à rassurer les populations que « toutes les mesures sont régulièrement prises pour défendre l'honneur de notre patrie et préserver les intérêts supérieurs du Niger ». Et au vu de ce qui a été avancé comme arguments, elles ont lancé un appel au peuple du Niger à la vigilance et « pour ne jamais se démobiliser jusqu'au départ inéluctable des troupes françaises » du territoire national.
Dialogue de sourds
Lundi dernier, lors d’une conférence de presse, le Premier ministre de la transition a annoncé que « des échanges sont en cours » pour le départ des troupes françaises stationnées au Niger. D'après Ali Mahamane Lamine Zeine, ces dernières sont dans « l’illégalité » suite à la dénonciation, en début du mois d’août, des accords de défense et de sécurité qui lient les deux pays.
Des propos qui n’ont suscité aucune réaction officielle de Paris mais que des sources militaires françaises ont confirmé à plusieurs médias qui évoquent plutôt un redéploiement partiel des effectifs de la Base aérienne projetée (BAP) de Niamey. Une décision qui n’engage que les armées des deux pays et qui s’explique, selon les mêmes sources, par la fin des opérations militaires conjointes franco-nigériennes de lutte contre le terrorisme au Sahel, suite au coup d’état du 26 juillet 2023.
AYB/ac/APA
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