Le Président Raïssi "tué" par les sanctions américaines et occidentales?
Le Président iranien, son ministre des Affaires étrangères, le gouverneur de la province d'Azerbaïdjan oriental, le principal imam de la région, ainsi que le chef de la sécurité du président et trois membres d'équipage sont morts ce dimanche 19 mai 2024 dans le crash de l'hélicoptère de la marque Bell de fabrication américaine dans lequel ils avaient pris place après la cérémonie d'inauguration d'un barrage en compagnie du Président Azerbaïdjanais Aliev.
Cet appareil faisait partie d'un convoi de trois hélicoptères tous de la même marque et acquis par l'Iran au temps du Shah dans les années 1970.
En effet, c'est en 1969, après l'achat massif d'hélicoptères de fabrication italienne de la marque Augusta que le Shah, pour ne pas fâcher les États-Unis, signe avec la compagnie Bell un contrat pharaonique pour l'équipement de son pays qui jouait alors le rôle de gendarme du Golfe, en de centaines d'appareils qui ont à la fois une utilisation civile et militaire. C'est à cette époque que le pays a acquis (1976) l'hélicoptère Bell 212 dans lesquel est mort le Président Raïssi ce dimanche.
La compagnie Bell avait installé une base dans la ville d'Ispahan ou de milliers d'instructeurs au service de l'armée américaine viennent habiter pour apprendre aux Iraniens comment piloter ces engins mais également faire leurs maintenances. La vie dispendieuse de ces américains et leurs familles serait d'ailleurs l'un des moteurs de mobilisation qui aboutira à la révolution islamique en février 1979.
Avec cette base d'Ispahan, l'Iran devient non seulement un centre majeur de maintenance d'hélicoptères au Moyen-Orient, mais le Shah voulait que son pays soit également un producteur de ces appareils et achete des licences pour produire sur place des hélicoptères Bell 214.
Le Bell 214 est considéré aujourd'hui comme le plus puissant hélicoptère monomoteur au monde.
Mais depuis la victoire de la révolution Islamique, le pays qui est sous sanctions n'a plus accès aux pièces originales de rechange de ces appareils. Celles qui sont fabriquées en Iran ont forcément des insuffisances.
Après, la levée des sanctions suite à la signature de l'accord de Vienne sur le nucléaire en 2015, l'Iran a profité de l'intermède 2016-2018 (avant que Trump ne reintroduise les sanctions), pour importer des pièces de rechange de sa flotte aérienne civile.
D'ailleurs, beaucoup d'accidents d'avions dans le pays au cours de ces 40 dernières années ont été imputés au défaut d'accès aux pièces originales de rechange.
Dès lors, comme tous les civils morts dans des accidents d'avions dans le pays à cause de l'impossibilité d'importer des pièces de rechange originales pour leur maintenance, on peut considérer que le Président Raïssi a été "tué" par les sanctions occidentales, à moins que l'enquête ne révèle dans les prochains jours, d'autres causes comme par exemple le sabotage.
Pour l'heure, les corps du Président, de son ministre des Affaires étrangères et des 7 autres personnes présentes dans l'appareil Bell 212 ont été conduits à Tabriz dans le nord-ouest du pays.
Moritié Camara
Prof.Titulaire d'Histoire des Relations Internationales
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