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Analyse / Guerre israélo-palestinienne : les alliés des deux camps s’apprêtent à ouvrir de nouveaux fronts…

CyrilRamaphosa ANC keffiyeh solidarity
Photo : le chef de l'Etat sud-africain CyrilRamaphosa et les principaux leaders de l'ANC arborant fièrement le keffiyeh de Yasser Arafat en signe de solidarité avec la Palestine


Le vieux conflit israélo-palestinien réussira-t-il à provoquer la 3ème guerre mondiale, là où l’Ukraine a échoué ? Suite à l’ultimatum lancé par l’armée israélienne aux habitants de la bande de Gaza pour évacuer ce qui leur reste comme territoire, les cartes d’un conflit sans précédent se précisent au Proche-Orient. En effet, si les États-Unis ont dépêché deux porte-avions en Méditerranée orientale pour apporter leur soutien à Israël, avec l’aval de l’Union européenne, la Palestine peut visiblement compter sur les pays arabes, mais aussi des puissances militaires telles que la Turquie, l’Iran, la Russie et la Chine.

Attaque éclair et riposte ferme

Le samedi 7 octobre 2023, un parti politique palestinien, le Hamas lançait une attaque surprise comme Israël depuis la bande dite de Gaza, réussissant à pénétrer dans le pays et à le frapper avec des centaines de roquettes. Le bilan de l’opération menée par les Brigades Izz al-Din al-Qassam, branche armée du Hamas, et notamment par le commando « Nukhba » (« élite » en arabe) du commandant Ali Qadi, est très lourd : au moins 1 300 Israéliens tués, 3 200 blessés et 120 otages. En réaction, Tsahal, l’armée israélienne a assiégé ce territoire, et fait au moins 2 215 morts et 8 714 blessés. Depuis le déclenchement de la crise, une bonne partie de la bande de Gaza est en train d’être rayée par les bombardements aériens et terrestres israéliens, suscitant de nombreuses réactions à travers le monde.

Comme il fallait s’y attendre, deux camps se dessinent : les Occidentaux qui soutiennent Israël en mettant en garde les pays arabes contre toute intervention en faveur de la Palestine, et les puissances militaires du reste du monde qui refuse l’hégémonie américaine. En effet, dimanche dernier, le président américain Joe Biden et le président français Emmanuel Macron ont appelé leur homologue iranien Ebrahim Raïssi, pour lui conseiller la « prudence » dans cette affaire.

A ce stade, il faut connaître la particularité du Hamas : c’est une organisation politico-religieuse musulmane chi’ite, membre de l’« axe de la Résistance », avec l’Iran, la Syrie, le Hezbollah (« parti de Dieu »), et les milices chi’ites du Yémén (Ansarullah), d’Irak et d’Afghanistan (Fatimides).

La roue tourne : 2023 n’est pas 1948

Le problème avec l’Occident, c’est qu’il dessine les cartes seul et essaie ensuite de faire avaler la couleuvre au reste du monde. En effet, la procédure utilisée pour créer l’Etat d’Israël a toujours été décriée comme problématique. L’opération aurait pu être menée sans spoliation ni frustration, sans même verser une seule goutte de sang. Malheureusement, le mal a été fait, et depuis, aucune résolution des nations unies n’a jamais été appliquée contre Israël malgré les nombreuses exactions commises sur le terrain. Dans ce cas, comment voir les actes barbares commis par le Hamas avec le même œil que les Occidentaux ? Il est vrai que le monde a toujours été fait de domination animale du plus fort sur les plus faibles, mais il ne fallait pas oublier que la roue tourne.

Si le numéro Un turc, Erdogan, s’est publiquement interrogé sur les raisons du déploiement des forces américaines dans la région, l’Iran et ses alliés (Hesbollah de Hassan Nasrallah, Organisation de Libération de la Palestine, Jihad islamique, etc.) s'apprêtent à ouvrir d’autres fronts, notamment du côté de la frontière libanaise, où les tirs israéliens ont tué un journaliste vendredi dernier. Enfin, la Russie de Vladimir Poutine, la Chine de Xi Jinping et l’Afrique du sud de Cyril Ramaphosa affichent clairement leur soutien à la cause palestinienne.

Même si dans cette région sulfureuse, des règles d’engagement basées sur une dissuasion réciproque ont été établies entre les deux camps après la guerre de 2006, une mauvaise évaluation de la situation ou un acte irréfléchi pourrait rapidement embraser l’ensemble du Moyen-Orient.

Le chef de la diplomatie iranienne en tournée au Qatar ne déclarait-il pas samedi dernier : « Si les attaques du régime sioniste contre la population sans défense de Gaza se poursuivent, personne ne peut garantir le contrôle de la situation et la perspective d'un élargissement du conflit ».

Hamas Israel 1

Effet boule de neige…

Ceci expliquant cela, il est clair que pour les arabes, la tentation est trop forte de rétablir la « justice », car l’histoire n’oublie pas qu’en 1947, un seul pays existait sur cette terre, la Palestine :

« Si, malgré la résistance des Palestiniens, l’Occident continue de couvrir les massacres et le projet de transfert de la population gazaouie vers l’Égypte, l’heure de la grande bataille aura alors sonné. Nous ne permettrons pas à Israël de récupérer sa force de dissuasion fortement ébranlée par l’opération « Déluge d’Al-Aqsa » sans combattre. »

L’entrée en guerre des alliés du Hamas et de la Palestine repose donc sur l’évaluation qu’ils feront de la situation sur le terrain, et non sur les faits politiques.

Le moindre mal est que le Hamas prenne le dessus. Cela donnerait le temps à la communauté internationale de résoudre cette crise de manière pacifique en remodelant, par exemple, Israël de moitié pour (re)créer un Etat de Palestine, pleinement et entièrement reconnue par le monde entier. L’évaluation et le paiement des droits des victimes pourra toujours se négocier s’ils sont précédés par la volonté du fautif de reconnaître et réparer ses torts.

Dans le cas contraire, si l’aviation et la marine américaines bombardent les positions du Hesbollah au Liban, ou le passage frontalier de Boukamal (Syrie), de petits acteurs tels que le groupe Ansarullah (détenteur de drones et de missiles balistiques capables d’atteindre le sud d'Israël), et d’autres plus grands, notamment l’Iran (détenteur de missiles plus puissants), la Turquie, la Russie et la Chine pourraient entrer dans la danse.

Pour conjurer le mauvais sort, l’Organisation des nations unies de Antonio Guterres, au milieu, tente de jouer les équilibristes. Mais combien de temps durera le calme avant la tempête ? Dieu seul sait…

Seydou Koné

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