Coup d’état déjoué au Benin : comment Ouattara a volé au secours de Patrice Talon

Un détachement opérationnel des Forces spéciales ivoiriennes a mené une mission commando à Cotonou à la faveur de la tentative ratée de coup d’Etat du colonel Tigri Martial contre le président Patrice Talon, le dimanche 7 décembre 2025. Malgré les efforts de la grande muette pour ne pas communiquer sur l’expédition, un recoupement d’informations permet d’affirmer que le rétablissement de l’ordre constitutionnel au Benin – ou l’enraiement du coup d’Etat le plus bref de l’histoire, c’est selon - a été possible grâce à l’action concertée des forces armées béninoises, de la Côte d’Ivoire, du Nigeria et de la France. Voici la reconstitution des faits.
Pendant qu’il préparait minutieusement sa cérémonie de prestation de serment prévue le lendemain 8 décembre 2025, le numéro un Ivoirien, Alassane Ouattara a promptement réagi à l’appel de détresse lancé par son homologue Béninois, Patrice Talon, victime d’une tentative de déstabilisation. C’est ainsi que, malgré la distance qui sépare les deux pays, et considérant qu’il est le seul à pouvoir mettre en branle les Forces spéciales, Ouattara a diligenté l’élite de son armée aux fins de participer à une opération secrète de rétablissement de l’ordre constitutionnel à l’étranger, aux côtés d’autres puissances que sont la France et le Nigeria.
Tout commence dimanche dernier, aux environs de 2H du matin, lorsque des soldats Béninois menés par le lieutenant-colonel Tigri Pascal, ci-devant commandant en second des forces spéciales et de la garde nationale, tentent de neutraliser la haute hiérarchie de l'armée. Ils viennent de la base de Togbin avec des armes et des engins blindés. Le chef d’état-major général étant hors du pays depuis un moment, plus précisément en France, les putschistes prennent d’assaut la résidence du directeur du cabinet militaire du palais, le général Bertin Bada. Après de violents combats, ce dernier réussit à leur échapper, mais son épouse est fauchée par des balles assassines.
Appelé à la rescousse, le commandant de la base militaire de Togbin, le colonel Faïzou Gomina est retenu en otage par les insurgés qui font ensuite mouvement vers la résidence du chef d'état-major de l'armée de terre, le général Abou Issa. Il sera lui aussi pris en otage après de violents combats.
Il est 5H du matin, lorsque les putschistes lancent l’assaut contre la résidence du chef de l'État. Sauf que là, ils font face à la résistance de la garde républicaine qui finit par les repousser.
Les insurgés se dirigent ensuite vers le siège de la télévision nationale, qu’ils occupent, le temps de lire leur déclaration qui passera ensuite en boucle. Entre temps, le président Patrice Talon sollicite l’aide des pays amis du Benin, devant l’urgence et face à l’ampleur de la menace. Les choses sont faites dans les règles de l’art : le ministre des affaires étrangères adresse des notes verbales à qui de droit. Dès cet instant, les interventions étrangères sont parfaitement légales puisque faites avec l’autorisation et sous la supervision des autorités béninoises.
Aussitôt, un Beechcraft King Air 350 décolle à l’aéroport de Cotonou et se met à tourner à 18 000 pieds autour de la capitale et de ses environs. Immatriculé F-GYEE, il appartiendrait à l’armée de l’air française, à moins qu’il n’ait été loué pour l’occasion par les renseignements français. Quoiqu’il en soit, le bimoteur turbopropulseur de fabrication américaine va faire des photos aériennes, et écouter ou brouiller les communications radio ou téléphoniques des insurgés du colonel Tigri.
Lire aussi: Tentative de coup d’État au Bénin : Talon met fin à la Tigri-tude…
Les premiers renseignements recueillis permettent déjà aux chasseurs JF-17 Thunder de l’armée de l’air nigériane de décoller et d’opérer des frappes chirurgicales dans le dispositif des putschistes. Cet avion de chasse multirôle léger a été développé conjointement par la Chine et le Pakistan. Le Nigeria a le temps de tester son efficacité.
Quelques minutes plus tard, un avion CASA CN-235-300M en provenance d’Abidjan, coupe son radar et amorce sa descente sur Cotonou. A bord, des éléments des forces spéciales ivoiriennes. Le gros porteur Airbus Military CN-235 est un avion tactique hispano-indonésien de transport biturbopropulseur doté d'un radar de recherche.
Dans un mouvement parfaitement coordonné, les Ivoiriens retrouvent les forces spéciales françaises prépositionnées et les troupes au sol de l’armée nigériane. Ensemble, elles vont défaire l’étau autour de Cotonou et faire échouer le coup d’Etat.
Avec l’appui aérien des chasseurs Nigérians, les soldats Béninois et les forces spéciales ivoiriennes françaises sécurisent le périmètre du palais présidentiel, libèrent la télévision nationale et le camp militaire de Togbin, provoquant la débandade chez les insurgés. Un peu plus d’une dizaine seront arrêtés, quand les autres parviendront à se fondre dans la nature. Enfin, les otages, les généraux Abou Issa et le colonel Faïzou Gomina, sont retrouvés à Tchaourou, dans le nord du pays, et libérés. C’est alors que les forces terrestres nigérianes prennent position à Togbin et dans les points stratégiques du pays. Quant aux éléments de Ultimum Recursum, ils sont partis, ils ont frappé la cible, ils sont revenus.

La démonstration de force que vient de faire la Force en attente de la CEDEAO montre le niveau de préparation de cette entité. Même si le contraire nous aurait étonné, lorsqu’on sait que nos armées se retrouvent régulièrement dans le cadre de l’exercice Flintlock initié par les USA…
La Communauté économique des États d'Afrique de l'ouest (Cedeao) endosse l’opération comme elle l’a fait en Gambie, en 2017, lorsque le président sortant Yahya Jammeh refusait de quitter le pouvoir, et comme elle ne l’a pas fait au Niger en 2023, lorsque les putschistes ont pris en otage le président Mohamed Bazoum et sa famille.
Seydou Koné
Activités du Président Alassane Ouattara, Attaques terroristes, #sécurité
- Vues : 58
