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L'école ivoirienne: Priorité ou non pour les gouvernements depuis 1990 ?

 Education

L’éducation est le fondement sur lequel repose l’avenir de toute Nation. Comme l’a si bien formulé le président américain Abraham Lincoln devant le Congrès:« Si vous trouvez que l'éducation coûte trop cher, essayez donc l'ignorance !». En Côte d’Ivoire, sous la présidence de Félix Houphouët-Boigny, l’école fut érigée au rang de priorité nationale, absorbant près de 49 % du budget national dans les années 1970. Cependant, à partir de la fin de son règne et sous les gouvernements successifs, les critiques quant à l’état de l’éducation en Côte d'Ivoire n’ont cessé de croître. Depuis le mardi 15 octobre 2024, l'école est encore en ébullition. Le personnel du secteur éducation, formation et emploi est entré en grève pour réclamer le paiement de primes d'incitation. Des propos tenus à l'occasion de cette grève, les acteurs dénoncent le manque de priorité pour l'école en Côte d'Ivoire. Cette chronique se propose d'examiner dans quelle mesure l'éducation est-elle une priorité pour les gouvernements ivoiriens depuis 1990, avec un accent particulier sur la présidence d'Alassane Ouattara. Est-ce une réalité ou une simple illusion ?

L'école ivoirienne, une priorité sous Ouattara ?
Depuis son accession au pouvoir en 2011, Alassane Ouattara a mis en place une série de réformes ambitieuses visant à relancer l’éducation.

Investissements massifs dans les infrastructures
Depuis 2011, les gouvernements successifs mis en place par le Président Alassane Ouattara ont fait construire environ 30 000 nouvelles salles de classe en une décennie. Nous avons assisté à la rénovation des anciennes universités et l'inauguration de nouvelles universités à Man, à San Pedro et à Bondoukou.

Recrutement d'enseignants et revalorisation salariale
Environ 70 000 enseignants ont été recrutés au cours des deux mandats d'Alassane Ouattara, selon les chiffres officiels. Le gouvernement a aussi procédé à une revalorisation salariale des enseignants.

Amélioration des conditions d’apprentissage
Des programmes comme l’éducation gratuite et obligatoire jusqu’à l’âge de 16 ans ont été introduits avec des dons de kits scolaires. De même, des réformes ont été mises en place pour améliorer la qualité de l’enseignement. Malgré ces avancées, la qualité de l’éducation reste un problème persistant.

L’école ivoirienne, une priorité négligée sous Ouattara ?
Malgré les efforts, de nombreux Ivoiriens ont le sentiment que l’éducation n’est pas vraiment une priorité nationale. Quelques faits le justifient.

Manque d’enseignants qualifiés et surpopulation des classes

Malgré les recrutements, le nombre d’enseignants reste insuffisant. On estime qu'il y a environ 1 enseignant pour 50 à 70 élèves dans certaines zones urbaines et surtout rurales. Ce chiffre va au-delà des standards internationaux recommandés qui prescrivent 1 enseignant pour 35 à 40 élèves. Cela dénote du manque d'infrastructures en dépit des efforts titanesques faits par le gouvernement Ouattara durant ces 14 dernières années.

Infrastructures insuffisantes et mal entretenues

Les investissements dans la construction de salles de classe n'ont pas suivi la croissance démographique. Chaque année, des milliers d’élèves sont contraints d'étudier dans des conditions précaires, dans des classes mal équipées ou des bâtiments délabrés.
Le nombre d'élèves scolarisés en Côte d’Ivoire est en constante augmentation, avec environ 7,5 millions d'élèves dans le primaire et le secondaire en 2023.

Problèmes liés aux grèves et revendications syndicales
La Fesci et les syndicats d’enseignants (Synesci, Synares, Midd, Fesefci) continuent de dénoncer les mauvaises conditions de travail et d’apprentissage. Les grèves répétées perturbent le calendrier scolaire, accentuant le sentiment de crise permanente dans le secteur éducatif. La récente grève dans le système éducatif ivoirien est la preuve qu'il faut entrevoir les choses autrement pour faire de l'école Ivoirienne une priorité nationale.

Comment redonner à l'école ivoirienne sa place de priorité nationale ?

Pour faire de l’éducation une véritable priorité nationale des pistes peuvent être explorées.

Primo, il faut augmenter significativement le budget de l’éducation nationale. Le gouvernement devrait viser un budget proche des 20 % du budget national, en ligne avec les recommandations internationales pour construire davantage d’écoles, recruter plus d’enseignants et améliorer la revalorisation salariale.
Le budget de la Côte d'Ivoire en 2024 s'élève à 13.720,7 milliards de francs CFA. Appliqué au 20% du budget national, le budget alloué à l'éducation nationale devrait atteindre environ 2.600,144 milliards de francs CFA. Pourtant le budget du ministère de l'Éducation nationale et de l'Alphabétisation pour l'année 2024 est fixé à 1 236 106 570 775 FCFA.

Secundo, il faut réformer en profondeur le système éducatif ivoirien. Il est crucial de revoir les programmes éducatifs pour les adapter aux besoins du marché du travail, de former des citoyens responsables en lien avec nos valeurs culturelles, nos us et coutumes.

Tertio, il faut renforcer le dialogue social entre les différents acteurs de l'éducation. La coopération avec les syndicats, notamment ceux des enseignants, les associations d'étudiants et d'élèves est primordiale pour rétablir un climat de confiance.

Pour que l’éducation redevienne réellement une priorité, des efforts constants et coordonnés sont nécessaires. L’avenir du pays dépend de la qualité de l’éducation donnée à ses enfants aujourd'hui.

Alla Kouamé

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