CAN2023 / Ghana : Symphonie inachevée pour les frères Ayew
Treize ans qu’ils se côtoient en sélection où ils ont connu diverses fortunes. Treize ans, qu’ils font la fierté de leur famille et de tout un peuple. Avec le reste du groupe des Black Stars, les Ayew, entament une fois de plus, la conquête d’un titre continental. Un rêve que les dignes héritiers de leur père Abedi Pelé (vainqueur de la Coupe d’Afrique des Nations, la dernière que les Black Stars ont remportée, en 1982) poursuivent inlassablement. Pour la sixième fois de leur carrière, André et Jordan Ayew défendent ensemble les couleurs de la bannière floquée de l'étoile noire : le Ghana. Pour la 6e fois, ils tenteront d’accrocher une nouvelle étoile sur ce maillot qui leur est si cher.
Arrivés en grande pompe à Abidjan, les Black Stars ont été défaits 2-1, par le Cap Vert, pour leur entrée dans la Coupe d’Afrique des Nations Côte d’Ivoire 2023.
Le drame de 2021 au Cameroun, avec une élimination dès le premier tour, est d’ores et déjà redouté. Une désillusion, comme toutes les précédentes éditions, que les frères redoutent. Car la CAN, ils l’aiment du plus fond de leur cœur. Même les mésaventures qu’ils ont connues par le passé de ce tournoi, ne désinhibent point les liens indéfectibles qui les lient au plus grand événement sportif organisé sur le sol africain. Leur aventure à la CAN, ils l’ont commencée en 2012, à Franceville au Gabon. André, l’aîné faisait déjà figure de cadre dans l’équipe. Le natif de Seclin a enchaîné les bons résultats avec sa sélection, médaillé de bronze à la CAN 2008, champion du monde U-20 en 2009, quart de finaliste de la Coupe du Monde 2010 et espérait décrocher le titre de champion d’Afrique aux côtés de son frère Jordan. « Bien sûr quand il est arrivé, c’était de mon devoir de le prendre sous mon aile en tant que cadre de l’équipe mais aussi en tant que frère. Je ne dirai pas que le fait de jouer avec Jordan a renforcé nos relations. Nous avions toujours eu une relation forte depuis le 11 septembre 1991 (ils rient tous les deux, ndlr : la date de naissance de Jordan Ayew) », faisait remarquer André.
La première tentative de conquête se conclura par une élimination en demi-finale face à la Zambie 1-0, future vainqueur de l’épreuve. « Cela a été un apprentissage. Ce fut mes premiers pas avec le Ghana à la Coupe d’Afrique des Nations. Même si je n’ai pas énormément joué, j’ai beaucoup observé et appris en observant. J’étais biberonné de certaine manière à cette compétition, que cela soit avec mon père ou avec mon frère, ils me parlaient sans cesse de ce tournoi et de ses particularités, je voulais absolument y participer pour faire ma propre expérience », jugeait l’ancien marseillais.
En 2015, le Ghana est une nouvelle fois qualifié pour la grand-messe du football. Jordan est entre-temps devenu un attaquant confirmé que cela soit au FC Lorient où il flambe jusqu’à en devenir l’un des meilleurs artificiers de la Ligue 1 ou en sélection. « Je suis arrivé en pleine confiance pour cette CAN en Guinée équatoriale. Avec André, nous étions revanchards car nous n'avions pas pris à l’édition 2013, on savait que nous pouvions faire quelque chose de grand cette année. Ce n’est pas un hasard que mon plus grand souvenir de CAN est lié à cette année, le match face à Guinée équatoriale, je marque le premier et André le troisième. Tous les deux buteurs dans un même match, lors d’une compétition aussi prestigieuse que la CAN, m’a procuré la plus belle émotion de ma carrière internationale », se souvint Jordon. Avant que l’attaquant du Havre n’ajoute : « Ensemble, on est plus fort, on se connait par cœur ».
Cependant, les deux frangins restent sur une blessure. Cette fameuse finale perdue face à la Côte d’Ivoire lors d’une interminable séance des tirs au but, et cette image d’un André Ayew inconsolable dans les bras de son petit frère. « On était passé si près. On la voulait tant, cela s’est joué sur des détails », affirme l’aîné des Ayew. À 34 ans, le capitaine des Black Stars dispute sa huitième Coupe d’Afrique des Nations dans un pays qui lui est cher : “Mes enfants ont du sang ivoirien qui coule dans leur veine. Je suis un peu dans mon deuxième pays. On aura du support pour aller chercher ce titre ». Oui, du support, ils en auront grand besoin, après l’entame ratée contre le Cap Vert, avec une performance majuscule, a pris les commandes du groupe B. Après leur match nul in extrémis (2-2), l’Egypte et le Mozambique sont respectivement 2e et 3e du classement. Le Ghana, bon dernier de ce groupe, ferme la marche. Mais, dos au mur, les Ghanéens peuvent réussir l’exploit, car rien n’est encore rien n’est encore joué. Quoique leur prochain match contre l’Egypte, un autre géant du continent lui aussi en grande difficulté, s’annonce électrique ce jeudi 18 janvier sur le coup de 20h GMT.
Noah Djédjé
- Vues : 634