Skip to main content

Dr Bernard Djè Kouakou : "Les pluies tombées sur le littoral peuvent négativement impacter les productions agricoles à venir"

Bernard Dje Kouakou

La zone littoral dont le district d’Abidjan fait partie a, pendant cette saison pluvieuse finissante, enregistré d’importantes quantités de pluie. Il est à craindre qu’en plus des multiples dégâts connus qui en ont résulté, les prochaines récoltes aussi ne s’en trouvent fortement affectées. Dans cet entretien, le Dr Bernard Djè Kouakou, Chef du département de la Climatologie des Applications Météorologiques d’Abidjan, explique comment cela pourrait arriver et les dispositions que les agriculteurs gagneraient à prendre désormais, face à l’abondance des eaux de pluies.

Lebanco.net : Pouvez-vous nous faire le point de la saison des pluies 2023 à Abidjan ?

De janvier à fin juin 2023, le district d’Abidjan a enregistré 1636,1 mm de pluie soit une hausse de 43% par rapport à la quantité de 2022. On note également une hausse de 75% par rapport à la quantité de pluie des 10 dernières années, et enfin une hausse de 56% par rapport à celle des 30 dernières années, c’est-à-dire de 1991 à 2020.

Cette abondance de pluie sur la zone littorale, pourrait-elle avoir des répercussions néfastes sur les productions agricoles à venir ?

Oui. Cette abondance de pluies sur la zone littorale, pourrait entraîner des conséquences néfastes sur les productions agricoles, à travers les inondations, les érosions du sol, provoquant des pourritures de cultures et la prolifération d’insectes ravageurs. Cependant, il est important de noter que les effets des pluies abondantes sur les cultures dépendent également de facteurs tels que le type de sol, le type de culture, le stade de développement des plantes et la durée des précipitations. En effet, une pluviométrie bien répartie peut être bénéfique pour certaines cultures, tandis que des pluies excessives concentrées sur une courte période peuvent causer des dégâts importants.

Que doivent faire les agriculteurs face à ces menaces ?

Les agriculteurs doivent adopter des pratiques agricoles adaptées aux conditions météorologiques comme la sélection de variétés résistantes à l'humidité, la mise en place de systèmes de drainage appropriés et l'utilisation de paillis pour réduire l'érosion. En outre, la surveillance régulière des prévisions météorologiques et la consultation avec les Services Météo de la Sodexam, peuvent aider les agriculteurs à prendre des décisions éclairées, pour atténuer les impacts des pluies abondantes sur leurs productions agricoles.

Quelle prévision pouvez-vous faire sur la saison des pluies, dans les régions du nord, où, elle va s’installer bientôt ?

Pour la période de juillet à septembre 2023, dans le Nord de la Côte d’Ivoire, il est prévu que les cumuls pluviométriques soient moyens à tendance excédentaires, par rapport à ceux de la période des 30 dernières années. Les cumuls pluviométriques saisonniers de juillet à septembre 2023, pourraient être supérieurs à 500 millimètres d’eau.

En ce moment, il y une vague de chaleur, qui souffle sur l’hémisphère nord, avec des températures allant jusqu’à 50 degrés. Qu’est-ce qui explique ce phénomène ?

La vague de chaleur observée actuellement dans l’hémisphère nord correspond à la position du globe avec cette partie de la terre, qui est plus proche du soleil au cours de sa révolution. C’est l’été au cours duquel l’hémisphère nord enregistre des pics de chaleur. Par exemple, à la mi-juillet 2023, le Sud de l’Europe a observé une chaleur intense, avec des températures dépassant les 40°C dans certaines régions.

Nous avons remarqué qu’il fait chaud en Afrique et principalement en Côte d’Ivoire. Est-ce qu’à la prochaine saison sèche, on pourrait se retrouver avec des températures encore plus élevées ?

Du point de vue de la climatologie, la prochaine saison sèche s’installera dès le mois de décembre 2023 dans la partie Sud de la Côte d’Ivoire, et va s’étendre progressivement sur le reste du pays. Les pics de chaleur seront enregistrés en février et mars 2024.

Que peuvent-faire les services météo pour aider les agriculteurs à protéger leurs cultures ?

Les services météo de la Sodexam peuvent donner des alertes aux agriculteurs sur les risques de maladies des plantes, afin qu’ils prennent des mesures préventives et appropriées. Ils peuvent fournir également des prévisions à court terme, pour aider les agriculteurs à planifier leurs activités de semis et de récolte. Ce qui leur permettra d’éviter les périodes de ré semis. Enfin, les agents des services météo, peuvent mettre à la disposition des agriculteurs des applications spécifiques pour l'agriculture, ou des systèmes d'alertes par SMS, afin qu’ils soient informés en temps réel des changements météorologiques qui pourraient survenir.

Quels conseils le Service Météo d’Abidjan peut-il donner à la population d’une manière générale, et singulièrement aux acteurs du monde agricole ?

Le Service Météo d’Abidjan conseille à la population de consulter régulièrement les prévisions météorologiques, qui sont données par la Sodexam sur sa page facebook, pour être informés des conditions météorologiques à venir (pluies intenses, canicules, vents forts etc.), de prendre des mesures préventives telles que le curage des canalisations, pour se préparer aux fortes pluies, de sécuriser les objets exposés aux vents forts, d’éviter de s'exposer à la chaleur excessive. De s'informer sur les alertes météo données par la Sodexam, et de suivre les recommandations des autorités locales notamment en cas d'évacuation ou de mise en sécurité.

Concernant les acteurs du monde agricole, ils peuvent en fonction des prévisions saisonnières adapter leurs plans, pour choisir les cultures les mieux adaptées aux conditions météorologiques prévues notamment en termes de résistance à la sécheresse ou de tolérance aux fortes pluies. Ils doivent surveiller attentivement les prévisions des précipitations, pour ajuster l'irrigation en conséquence. Ils doivent rester en contact avec les services météo de la Sodexam, pour recevoir des informations actualisées et des conseils spécifiques à leur région ainsi qu’à leurs besoins agricoles.

Source : Le Banco

Pin It
  • Vues : 321