Social / Le sport au service du développement et de la paix
Égalité femmes-hommes, santé, éducation... Comment mesurer l’impact du sport sur les Objectifs de développement durable ? À l’occasion de la journée internationale du sport au service du développement et de la paix, le 6 avril, l’AFD publie un rapport technique qui propose une vingtaine d’indicateurs inspirés du terrain.
Combien de personnes ont pratiqué une activité physique pour la première fois grâce à la mise en œuvre d’un projet sport et développement ? Est-ce que les préjugés contre les femmes ont diminué ? Est-ce que le taux de déscolarisation a baissé ? Pour mesurer concrètement les effets bénéfiques du sport dans les projets de développement, il est possible de s’appuyer sur des indicateurs dans différents domaines : la cohésion sociale, le genre, le développement urbain, la participation citoyenne des usagers à la gouvernance des projets…
Alors que le sport joue un rôle essentiel dans la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD), l’AFD publie le rapport « Le sport au service du développement et de la paix ». Il s’appuie sur les pratiques du terrain et les recherches en sciences sociales pour proposer une vingtaine d’indicateurs, fiables et lisibles par tous.
« À travers ce travail, nous souhaitons créer de meilleures conditions de dialogue entre les différentes parties prenantes sur le sujet, notamment entre les univers de la recherche, du sport et de l’évaluation, et les amener progressivement vers la construction de référentiels », précisent les auteurs du rapport, Emmanuel Rivat, directeur de l’innovation de l’agence Phare, et David Blough, président de l’entreprise 10, au service de l’impact social dans le domaine du sport, et ancien directeur général de Play International.
La matrice d’indicateurs fournie dans le rapport n’a en effet pas vocation à « s’imposer de manière uniforme aux acteurs du sport et du développement », mais à semer des graines pour nourrir leur réflexion sur la construction de leurs critères d’évaluation, qu'ils soient des porteurs de projet souhaitant analyser l’impact de leurs actions sur le terrain, des banques de développement ou fondations devant rendre compte de la finalité de leurs financements ou des organisations de la société civile (OSC) voulant nourrir leur plaidoyer…
Développer le lien social
Le projet Ejo, qui signifie « demain » en kirundi, a d’abord été déployé au Burundi, avant de s’étendre à trois autres pays (Sénégal, Libéria, Kosovo) au bénéfice de 80 000 enfants, dont 40 % de filles. Mis en œuvre par Play International et le groupe AFD, il contribue à rendre accessible une éducation de qualité (Objectif de développement durable n°4) pour les publics les plus vulnérables comme les filles, les enfants en situation de handicap ou les minorités communautaires. Il a également pour vocation de renforcer la cohésion sociale. « Ejo est un programme d’éducation inclusive, car au-delà des contenus d’apprentissage, il s’agit d’offrir des espaces sûrs permettant à des groupes marginalisés de se réunir, interagir et participer à la vie sociale » explique Julie Delaire, responsable des opérations chez Play International.
Les projets qui s'appuient sur le sport pour développer le lien social fleurissent à travers le monde. David Blough vient de publier aux éditions Rue de l’échiquier l’ouvrage Le Sport des solutions, un « tour du monde des initiatives qui décuplent le potentiel social du sport ». « Au Sénégal par exemple, dans les prisons de Thiès, l’association Pour le sourire d'un enfant utilise l'escrime comme levier d'insertion sociale. En Afrique du Sud, l’ONG Waves for Change a créé la thérapie par le surf et travaille sur la résilience des jeunes qui vivent dans les townships. C'est un éclairage sur ces initiatives qui utilisent le sport d'une nouvelle manière pour apporter une réponse aux Objectifs de développement durable. »
Renforcer l’émancipation des femmes
Le sport fait aussi ses preuves dans la lutte contre les inégalités de genre. Le rapport indique que dans le cadre d’un projet porté par School of Hard Knocks, en partenariat avec l’AFD, 67 % des hommes participants ont reconsidéré leur perception initiale sur la question du genre, notamment en termes d’égalité de traitement et d’accès aux activités sportives, y compris celles considérées comme « masculines ».
Le sport peut donc contribuer à renforcer la mixité, accroître le niveau d’information sur les droits des femmes et l’estime de soi des jeunes filles et des femmes. D’autres effets sont plus difficiles à mesurer par des indicateurs, comme la réduction des actes de violences contre les femmes, qui suppose des protocoles d’enquête élaborés, ou la baisse des mariages forcés ou des grossesses non désirées. Dans tous les cas, les impacts ne sont pas toujours uniquement liés aux activités sportives, mais le sport offre une opportunité qui, associée à d’autres facteurs (sociétaux, économiques…), sert d’accélérateur social.
L’AFD a été l’une des premières banques de développement à adopter en 2019 une stratégie Sport et développement en faveur de la promotion de l’accès à la pratique sportive pour tous et de l’émancipation de la jeunesse et des femmes à travers le sport. Depuis, plus d’une centaine d’initiatives ont été soutenues par l’AFD et ses partenaires, principalement en Afrique.
L’élaboration de ce rapport s'inscrit dans le cadre du partenariat de l’AFD avec Paris 2024, dont la conviction est que le sport est un formidable outil d’impact social et environnemental. Le rapport pourra également alimenter les travaux de la coalition Sustainable Development through Sport du réseau FICS pour prouver l’impact social du sport dans les projets de développement.
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