Le chaos à la Copa America fait douter des États-Unis pour la Coupe du monde 2026

La finale de football de la Copa America entre l’Argentine et la Colombie, dimanche, a donné lieu à des scènes chaotiques au Hard Rock Stadium de Miami - et soulève des questions sur la préparation des États-Unis à co-organiser la Coupe du monde 2026.

Le stade, domicile des Dolphins de Miami de la NFL, avec une capacité de plus de 65 000 spectateurs, a été submergé lorsque des fans sans billets se sont précipités vers les portes, escaladant les barrières de sécurité et les bouches d’aération pour entrer.

Les installations et les barrières ont été endommagées, les supporters munis de billets ont été expulsés de leurs sièges par des foules qui n’avaient pas payé, et le match a finalement été retardé de plus de 80 minutes, se terminant après minuit sur une victoire de l’Argentine sur la Colombie. (Un spectacle à la mi-temps a également été ajouté cette année, une première pour la ligue, prolongeant encore davantage l’événement.)

« Ce n’était pas seulement une honte, c’était absurde », a déclaré Anjali Bal, professeure associée de marketing sportif et de divertissement au Babson College.

Le commissaire de Miami-Dade, Oliver Gilbert, a déclaré lors d’une conférence de presse lundi que les forces de l’ordre travaillaient avec les promoteurs et le stade pour s’assurer que l’incident ne se reproduise plus.

«Nous organisons de grands événements. Je n’ai jamais rien vu de tel que ce que j’ai vu hier soir, et nous ne reverrons pas cela», a déclaré Gilbert.

Au total, 27 arrestations ont été effectuées, dont celle du président de la Fédération colombienne de football, Ramón Jesurún, et de son fils, accusés d’avoir agressé trois agents de sécurité qui les empêchaient d’accéder au terrain, selon le procès-verbal d’arrestation.

Les pompiers de Miami-Dade ont déclaré avoir répondu à un total de 120 incidents dans le stade et ses environs, dont 116 pour des appels médicaux.
« La seule chose qui est heureuse ici, c’est que personne n’est mort, mais beaucoup de gens semblent être dans un état très difficile, et c’était parfaitement évitable », a déclaré Lee Berke, PDG de LHB Sports, Entertainment & Media, à CNBC.

Cette débâcle a rapidement suscité des questions sur l’état de préparation des États-Unis aux grands événements de football, à seulement deux ans d’un événement mondial.

Les États-Unis devraient accueillir 78 des 104 matches de la Coupe du monde en tant que co-organisateurs du tournoi en 2026, aux côtés du Canada et du Mexique. La finale du tournoi est prévue au MetLife Stadium dans le New Jersey, et le Hard Rock Stadium, où la finale de la Copa a tourné au chaos, accueillera sept matchs, dont le match pour la troisième place.

Parmi les principales critiques figure ce que certains considèrent comme l’absence de points de contrôle de sécurité et d’un périmètre extérieur pour arrêter le flux de circulation dans le stade.

« Je pense que les organisateurs du tournoi ne se sont pas préparés correctement à gérer des foules de grande ampleur qui devaient être canalisées dans le stade », a déclaré Berke.

La Confédération sud-américaine de football, CONMEBOL, a fustigé le Hard Rock Stadium dans un communiqué de presse publié lundi, affirmant que les responsables du stade n’avaient pas tenu compte des recommandations de sécurité émises par la confédération.

Hard Rock, pour sa part, a déclaré avoir « mis en œuvre, et dans de nombreux cas dépassé, les recommandations de sécurité de la CONMEBOL».

Echauffement pour la Coupe du monde

Bien qu’il ne s’agisse pas de la première Copa America organisée par les États-Unis (ceux-ci ont assumé cette fonction pour la première fois en 2016), pour beaucoup, ce championnat était considéré comme un échauffement pour la Coupe du monde 2026.

«Certaines craintes sont injustement placées sur un événement qui aura lieu dans deux ans, mais c’est vraiment la seule chose positive que je puisse dire», a déclaré Bal. «Quand on rencontre autant de problèmes lors de la répétition générale, cela n’augure rien de bon pour la production.»

Selon le Sports Business Journal, environ 5 millions de fans devraient se rendre dans les 16 villes hôtes des États-Unis, du Canada et du Mexique pendant les 38 jours du tournoi.

Berke a déclaré qu’il pensait que les États-Unis étaient bien équipés pour gérer un tel volume et que la FIFA dirigerait bien la situation.

«Ce pays a une expérience considérable dans l’organisation d’événements. Il n’y a probablement aucun pays plus compétent sur Terre, avec les personnes en place, les organisations en place qui savent comment organiser des matchs et assurer la sécurité des supporters», a déclaré Berke. «Si cette expertise est mise à profit, alors je suis certain que la Coupe du monde sera un énorme succès.»

Bal a noté que les incidents survenus lors du tournoi de la Copa pourraient servir de feuille de route pour faire de la Coupe du monde 2026 un succès.

Outre les problèmes de sécurité liés au match final, plusieurs stades américains ont également été critiqués pour des problèmes avec le gazon, qui a été installé dans les stades de football américain qui ont accueilli les matchs avant le tournoi. Le sélectionneur de l’équipe nationale argentine, Lionel Scaloni, a déclaré aux journalistes lors d’une conférence de presse d’après-match le mois dernier que les terrains n’étaient pas en bon état et n’étaient pas adaptés aux joueurs.

«Si nous regardons les choses comme ça, nous avons vu tous les problèmes et maintenant nous avons des équipes qui vont s’occuper du terrain et des équipes qui vont s’occuper de la sécurité... alors je pense que nous allons pouvoir résoudre ce problème», a déclaré Bal.