Reggae / Féfé Typical : « L'éveil du peuple Noir est le thème profond et récurrent de mon message »

A Paris, c'est l'une des voix du reggae qui portent le plus. Une référence du Paris-by-night. Il s'appelle Féfé Typical. Martiniquais né à Paris (dans le 17è), il est antillais d'origine et africain de souche. Entre deux concerts, nous avons rencontré le père de «Pull up ». Féfé Typical s’est ouvert à L’Extérieur. Interview.

Féfé Typical, d'où vient cette voix ?
Je ne saurais le dire. Par contre, c’est l'outil nécessaire et suffisant à l'accomplissement de ma raison d'être : transmettre et partager l’amour. Je remercie donc l'univers, nos ancêtres bienveillants et mes parents sans lesquels cette voix ne serait pas.

La musique, depuis quand ?
1988. Cette année-là, j'ai commencé à « toaster » dans une radio nommée Clémentine, à Sartrouville. J'ai enchaîné avec deux collectifs d'artistes, Polino Hifi et Standtall, de 1990 à 2000.

Pourquoi avoir choisi cette voie ?
Je dirais, pour répondre à un appel intérieur. Je considère que je suis en mission, car l'amour de la musique reggae est accompagné par un sentiment de responsabilité vis-à-vis de mes devanciers. Je dois perpétuer leur message, car cela est important pour l'éveil de la conscience du peuple Noir.

Combien de compositions personnelles à ce jour ?
Oh, je n'ai jamais vraiment compté... Une chose est sûre, j'ai produit pas mal de compositions à ce jour. Nombre d’entre elles n'ont pas encore été éditées

Combien d'albums sur le marché ?
Trois, dont deux « Best off », « Anthologie de Féfé Typical » et « Je suis une légende urbaine ». Mon album solo « Moodiraw » est sorti en juin 2021. Il y a aussi deux albums en featuring avec Tiwony, le fils du grand bassiste camerounais Vicky Edimo. Ils ont été produits dans les années 2000. Nous formions, lui et moi, le duo « Double trouble ».

Féfé Typical sur scène, le prochain spectacle, c’est où et quand ?
En France pour le moment. Un concert est prévu le 09 juin 2023 à Stains, dans le cadre de leur saison culturelle. Ensuite, je me produirai au festival Sunska, en août.

Vos origines ont-elles un lien avec le choix du reggae ?
Sans doute, car l'éveil du peuple Noir est le thème profond et récurrent de mon message.

Quels sont vos sources d'inspiration ?
Bob Marley, Burning Spear et autres monuments, pour la musique, Hailé Sélassié, Marcus Garvey Cheikh Anta Diop pour la culture, et mes vénérables ancêtres pour la spiritualité.

Féfé Typical a-t-il déjà visité ou chanté en Afrique, sinon quand comptez-vous retourner vous abreuver à la source ?
J'ai déjà eu l'honneur d'être invité en Ouganda. J’ai aussi visité l’Ethiopie, plus précisément Shashamane. Ce sera avec plaisir que j’irai à la découverte de la Côte d’Ivoire et de l’Afrique francophone à la première occasion.

Au prochain MASA, alors ? C’est le Marché des arts et du spectacle d’Abidjan.
Pourquoi pas ?

Interview réalisée par Seydou Koné

Encadré : Un reggae engagé, un artiste fécond

«Pull up » est l’un de ses plus gros tubes. Mais son premier single s'intitulait « Fantômes », suivis des singles « Tueurs nés », « One, two, three », « Pa Jigé » ou encore « Je chante pour les opprimés ». Avec le Karukéra Sound System et sous le label Don’s Music, il a également enregistré « Il sauve », numéro un des hits pendant plusieurs semaines, « Burning Out » et « J’ai pas 100 balles ».

En duo avec Tiwony, Féfé Typical a encore frappé avec « Double Trouble », « Cours Fils », « Une vie de chien ».
En 2009, le best-of « Anthology » reprend ses classiques agrémentés d’inédits et des featurings « Faut qu’on soit fort » avec Straika D et Tiwony , et « Paname Zoo » avec Daddy Nuttea. En 2015, c’est « Ciao Bella » qui accompagne la sortie du roman d’Alexandre Gondreau (Génération H). En 2016, les singles « The Cure » et « Reggae » sont de véritables lettres ouvertes aux médias francophones. En 2020, il est sur plusieurs « one riddim » dont le « Klikiting », le « No test riddim », et « Juggling riddim ». Bref !

Avec sa voix si particulière, son obsession est de perpétuer les sonorités originelles du Reggae Roots & Culture et du Raggamuffin, en y ajoutant sa touche personnelle, sa griffe, sa marque déposée

Comme tout rasta, il donne son avis sur les sujets d'actualité, les problèmes sociaux avec la force du lion et des textes ravageurs, mais aussi sa finesse et son intelligence, heurtant au passage l’ordre établi sans brusquer les âmes sensibles, car pour lui, le respect et l’amour de l’humain sont prioritaires.

A sa décharge, il faut dire qu’il a été influencé par une nuée de génies allant de Bob Marley à Bounty Killer en passant par Burning Spear, en passant par Pablo Master, Tonton David, mais aussi Fela Anikulap Rasome Kuti, D’Angelo, Public enemy, 2Pac Shakur, etc.

SK