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Reportage/Sinématiali : Là où reposent les chefs qui ont régné sur le petit village devenu grand

On peut l’aperçoir de loin, dressé au coin du petit carrefour. Comme figé dans le temps, le bloc de ciment au carrelage rouge écarlate est surmonté d’une tête de masque : le Wambèlè. Cette sculpture aux origines ancestrales est certes un héritage culturel, mais il reste l’un des symboles mythiques du peuple sénoufo, au nord de la Côte d'Ivoire. Sur la plaque, on peut lire : «Tchéhélé Soro. 1er chef de canton de Sinématiali.»

Ici, au quartier Kamonon (à gauche, en langue nafara), les rues qui conduisent à cette place à première vue modeste ont été pavées. C’est là que reposent, en face du Wambèlè, les restes de trois autres patriarches : Pliguéyaha Soro dit Dôh (1783-1868), précurseur de la dynastie cantonale de Sinématiali. Padjé Soro (1832-1893) et Kopala Coulibaly (1879-1958), qui se sont succédé il y a plus de deux siècles.

Quelquefois, des passants curieux (généralement des étudiants ou des allochtones) viennent prendre la pause devant le petit monument… avant de partager leurs souvenirs sur les réseaux sociaux. Ce lieu est le cœur vital du village qui est en train de faire sa mue.

En cette période de l’année où l’harmattan fouette le visage non averti et que le froid pénètre le corps, on peut tout de même se permettre quelques balades en arpentant les rues. Certaines d’entre elles ont été bitumées dont la route qui traverse la ville, à double chaussées séparées (2×2 voies). La “case numérique” (édifice destiné à la formation des jeunes aux métiers de l’informatique) a été inaugurée en juin 2021 par le député de Sinématiali, Fidèle Sarassoro également directeur de cabinet du président Alassane Ouattara. Un Centre de secours d’urgence (CSU), la construction d’une nouvelle mairie, la réhabilitation du Centre de santé, des collèges privés, des stations service, quelques supérettes, des boulangeries-pâtisseries, etc., ont vu le jour en l’espace d’une dizaine d’années.

Ce qui ressemblait à un rêve lointain dans cette localité longtemps oubliée (excepté le nom) est désormais une réalité. Et, malgré les mutations sociales naissantes, la ville entend bien garder son âme : sa culture et sa tradition millénaires.

François Yéo, de retour de Sinématiali

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