Kamel Daoud remporte le prix Goncourt 2024 avec Houris
Le 122e prix Goncourt est revenu à Kamel Daoud. Les jurés du Goncourt réunis au restaurant Drouant à Paris ce lundi 4 novembre 2024 ont choisi de primer l'auteur franco-algérien de 54 ans, Kamel Daoud, pour son troisième roman intitulé Houris, aux éditions Gallimard. Favori avec Gaël Faye, le romancier Kamel Daoud remporte une victoire non seulement littéraire mais aussi politique face à la tension déclenchée par son livre entre la France et l'Algérie. En ayant choisi de sacrer Kamel Daoud, le jury a d'abord fait un acte de courage politique. Rappelons-les faits : l'Algérie a décidé d'interdire le Salon international du livre d'Alger aux éditions Gallimard en raison du roman de l'auteur. Dans Houris , Aube, une survivante de la décennie noire (1991-2002) en Algérie, enceinte et mutilée, raconte à la petite fille qu'elle attend, le tragique récit de ces années de sang. Ardent défenseur de la liberté d’expression, Atiq Rahimi avait alors écrit une lettre ouverte, apportant son plus soutien à l’auteur. Or, en lui décernant le Goncourt, le jury a affirmé de la même façon, et sans faille, la liberté totale de l'écrivain. Un écrivain qui a l'habitude de déranger.
Chroniqueur et journaliste, Kamel Daoud est né en 1970 à Mostaganem, en Algérie. Personnage « balzacien », selon ses mots, il est à 20 ans dans les années 1990, un villageois qui finit ses études et arrive en ville. Très tôt, il décide de se lancer dans le journalisme, intègre le Quotidien d’Oran et enquête sur les massacres commis dans son pays. Malgré les insomnies, l’innommable qui s’imprime sur la rétine, Daoud écrit, rédige, témoigne. « Le journalisme est essentiel mais il ne suffira jamais à raconter une guerre. Je dis souvent qu'une blessure, ça se mesure par le journalisme, et que ça se raconte par la littérature », a-t-il confié au Madame Figaro. À l’aube des années 2000, il commence à publier et à se faire remarquer en tant qu’auteur. Relevons: Minotaure 504 (2011), sélectionné pour le prix Goncourt de la nouvelle et notamment son roman Meursault, contre-enquête (Gallimard, 2014). Cette publication lui valut d’être visé par une fatwa alors qu'il était finaliste du Goncourt – il rata de peu le prix et remporta finalement le Goncourt du premier roman.
Bakayoko Youssouf
- Vues : 32