La France est-elle dépendante de l'uranium du Niger ?
Les lumières s'éteindraient-elles en Europe si le Niger empêchait la France d'extraire davantage d'uranium ?
Le plus grand trésor du Niger se trouve en effet sous terre : c'est l'uranium, une matière première essentielle au fonctionnement des centrales nucléaires.
Mais les actions des putschistes, au pouvoir depuis un peu plus d'un mois, font craindre une baisse de l'approvisionnement en uranium sur les marchés mondiaux. En particulier vers la France, ancienne puissance coloniale au Niger.
Depuis des décennies, le conglomérat nucléaire français Orano (anciennement Areva) exploite l'uranium du Niger. L'ancien Premier ministre et chef de l'opposition nigérienne, Hama Amadou, écarte toutefois la piste de la mise en danger des intérêts français.
"Je ne crois pas avoir entendu les nouvelles autorités dénoncer les accords d'exploitation de l'uranium entre la France et le Niger. Dès lors, c'est quoi la crainte de l'Etat français par rapport à ses intérêts au Niger ?" s'est-il interrogé.
En mai dernier, Orano a signé de nouveaux contrats avec le gouvernement nigérien, prolongeant l'exploitation française de l'uranium dans le pays jusqu'en 2040.
Des stocks suffisants
Selon le journaliste nigérien Seidick Abba, le coup d'Etat n'a pas modifié ces accords commerciaux.
Il assure que "l'uranium sera toujours expédié de la mine d'Arlit vers la France, via Cotonou". Selon lui : " le contrat ne donne pas au Niger le droit d'arrêter les expéditions. Et les généraux n'ont pas empêché cet accord qui a été signé entre le gouvernement du président Bazoum et la France. La junte n'a aucun moyen d'arrêter les livraisons."
En 2022, le Niger était le troisième fournisseur d'uranium de la France. Mais cette dernière a les moyens de sécuriser sa consommation énergétique grâce à d'autres pays, assure Alex Vines, directeur du programme Afrique de Chatham House.
"La France fait des affaires avec des pays comme le Kazakhstan, l'Australie et la Namibie. Elle peut facilement diversifier son approvisionnement en uranium. En clair, la France n'est pas dépendante du Niger" explique Alex Vines.
Selon EDF, la diversification des fournisseurs offre une garantie de sécurité. Au cours des dix dernières années, la France a importé un peu plus de 84.000 tonnes d'uranium naturel, principalement de trois pays : le Kazakhstan (27 %), le Niger (20 %) et l'Ouzbékistan (19 %).
Le porte-parole de la Commission européenne, Adalbert Jahnz, assure que l'Union européenne dispose de stocks suffisants d'uranium naturel pour amortir les risques d'approvisionnement à court terme.
Par Nancy-Wangue Moussissa, Martina Schwikowsk
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