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Analyse / Kidal : L'armée malienne aurait-elle crié trop tôt victoire ?

Kidal Azawad 1

La prise de Kidal, le mardi 14 novembre 2023, par les forces armées maliennes (FAMA) avec l'aide des supplétifs russes du groupe Wagner a semblé un peu trop facile aux yeux de nombreux observateurs. Le colonel Assimi Goïta mobilise une longue colonne d'engins qui, après quelques petites semaines et quelques accrochages avec différents groupes rebelles contourne les positions compliquées, et s'empare d'une ville désertée par ses combattants. Ainsi donc, les rebelles puissamment armés qui ont pris en otage le nord du Mali depuis plus d'une décennie, ces guerriers féroces qui ont résistés aux frappes tchadiennes, françaises et onusiennes auraient pris la poudre d'escampette devant la nouvellement "puissante" armée malienne ? Trop facile.

Les rebelles du Cadre stratégique permanent (CSP), coalition de mouvements politiques et militaires du nord du Mali, formée le 6 mai 2021, et comprenant la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA) et la Plateforme des mouvements du 14 juin 2014 d'Alger, se sont effectivement repliés de Kidal, leur bastion, pratiquement sans combattre. Mais depuis, pendant que l’armée régulière savoure sa victoire, des nouvelles inquiétantes sont véhiculées sur les réseaux sociaux, notamment le chinois Tik-Tok.

A moins d’avoir délibérément envoyé ses soldats à l’abattoir pour son prestige personnel, le colonel Assimi a intérêt à ouvrir l'oeil et à se préparer à la guerre en envoyant des renforts, même s'il a déjà savouré la victoire à l’issue d’une seule bataille.

En effet, de nombreuses vidéos montrent des centaines de pick-up et autres engins militaires en mouvement dans le désert. Visiblement, les forces rebelles du nord du Mali et des frontières nigériennes, mauritaniennes et algériennes seraient en train de faire mouvement pour encercler les FAMA à Kidal.

D’autres éléments visuels montrent les forces armées mauritaniennes et algériennes en train de protéger leurs frontières.
Seul l’avenir nous dira si les rebelles ont volontairement laissé les FAMA avancer et prendre Kidal pour ensuite les encercler. Auquel cas, cette cité et le nord du Mali vivront sous peu des jours pénibles, affreusement pénibles.

Après avoir perpétués des coups d'état, les nouveaux dirigeants du Mali et du Burkina Faso ont engagé leurs armées dans une guerre ouverte contre les djihadistes. C'est, bien sûr, ce qui était attendu de ces pays depuis longtemps, mais le faire seuls sans associer les autres pays de la région, c'est aussi prendre le risque d'échouer et d'assumer devant Dieu et les hommes la responsabilité de nombreux génocides, crimes de guerre et autres crimes contre l'humanité. Car le populisme est un très mauvais conseiller, et une action concertée avec la CEDEAO aurait permis d'éviter toutes ces dérives, et d’obtenir de meilleurs résultats. La CEDEAO et les nations unies sont dans leur droit de rejeter les coups d’Etat et de ne reconnaître que les régimes civils légitimement investis par des peuples libres de leurs choix. Toutefois, une fois que le mal est fait, il appartient aux putschistes de faire profil bas et de montrer patte blanche à la communauté internationale pour que la pilule puisse passer. Mais, jouer les « chefs bandits » en se tapant la poitrine et en injuriant des chefs d’Etat étrangers comme l’ont fait les agitateurs du Mali, du Burkina Faso et du Niger, c’est en ajouter inutilement à la souffrance de son propre peuple.

Mais le vin étant tiré, il faut le boire. Prions que les VDP et l'armée burkinabè ne commettent pas trop d'exactions en piétinant le droit international. Prions que le nord du Mali ne soit pas le théâtre de crimes contre l'humanité. Prions aussi que Kidal ne soit pas le tombeau des vaillants FAMA qui n'ont fait qu'obéir aux ordres de leurs supérieurs...

Seydou Koné

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