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30 ans du génocide rwandais : Retour sur les dégâts d'un drame tribal

 Génocide rwandais

Il y a trente ans, le Rwanda vivait la plus hideuse parenthèse de sa vie socio-politique : les deux ethnies dominantes, les Hutus et les Tutsis s’empoignèrent, se déchirèrent à coups d’armes blanches. Le bilan fut lourd, très lourd : officiellement, on évoque un million de morts et ce, en seulement trois mois, d’avril 1994 à juin 1994, des Tutsi, des Hutu modérés, des rwandais qui ont choisi la neutralité, ont été massacrés par une armée tribale aux ordres, des civils armés, sous les regards de la communauté internationale.

Le fait est suffisamment documenté et notre propos n’est pas de rappeler les détails de ce qui a été depuis lors reconnu comme l’un des génocides les plus meurtriers de l’histoire de l’humanité. Ce qui nous importe toutefois, c’est comment l’esprit des Rwandais a pu succomber à l’influence néfaste de l’esthétique maléfique de la tribu.

Nombreuses sont ces âmes naïves et fragiles qui y succombent parce qu’elles y croient et ce fut malheureusement le cas au Rwanda. L’idéologie de la suprématie d’une ethnie sur une autre, voici l’erreur que commettent à tort ou par stratégie politicienne certains hommes politiques et des Rwandais y ont succombé.

Trente ans plus tard, les mémoires sont encore sous le choc. Qu’y ont gagné les Tutsis, ceux que la légende présente comme les descendants d'Égyptiens antiques qui auraient remonté le Nil jusqu'à sa source, tendant à renforcer le caractère noble de cette ethnie vis-à-vis des Hutus? Rien. Ils sont toujours restés des Tutsis.

Qu’y ont gagné les Hutus, eux que les ethnographes du XIXème siècle ont présentés comme un peuple bantou, issu de migrations venant du Nord, physiquement petits, aux membres épais et à la capacité intellectuelle peu développée ? Eh bien, ils n’y ont rien gagné. Si ce n’est cette frustration historique qui a été l’abrasif du génocide d’il y a trente ans. Pourtant, avant ces massacres, toutes les puissances de ce monde étaient informées. Le professeur Amara Salifou de l’université Alassane Ouattara de Bouaké rappelle cette complicité passive de l’époque :
‘’Avant la commémoration de cette haine tribale, folle et ethnique, le Président français Emmanuel Macron a reconnu que son pays avait les moyens d'arrêter ce génocide mais qu'elle n'en a pas eu la volonté. Les militaires français tout comme les militaires onusiens dirigés par un général canadien, Roméo Daller, étaient là et on découpait à la machette les Rwandais sur un ethnicisme nauséeux. Le tribalisme a montré lors de ce génocide tout comme dans toutes les guerres où l'ethnie est brandie que c'est la porte ouverte aux enfers. Le demon ethnique, chaque fois qu'il pointe du nez doit être combattu sans prise de gants sinon il finit par se transformer en une monstruosité telle qu'on ne saurait l'imaginer. Notre Afrique risque de continuer à patauger longtemps si nous ne combattons par le tribalisme’’.

Trente ans plus tard, le constat est clair : l’Occident a trompé le Rwanda parce qu’elle a laissé se dérouler sous son regard jouissif le tapis funeste du génocide ; la seule perspective objective pour les Africains est, selon nous, le recours au panafricanisme vrai parce que sa pratique (sans visée politicienne) permettra la solidarité vraie entre les africains et les personnes d'ascendance africaine, où qu'elles soient dans le monde, indépendamment de leurs origines ethniques, leurs appartenances religieuses, ou leurs apparences physiques.

Diaman Emmanuel

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