USA : La diplomatie musicale permet de « révéler notre humanité »
En avril et en septembre le programme d’échange OneBeat, organisé par le département d’État dans le cadre de sa diplomatie musicale, a réuni des musiciens de plus d’une dizaine de pays dans les États du sud des États-Unis. (© Alexia Webster/OneBeat)
Depuis plusieurs dizaines d’années, les États-Unis envoient des musiciens dans le monde entier dans le cadre d’échanges culturels visant à promouvoir une meilleure compréhension entre les pays.
Cette tradition de la diplomatie musicale remonte au milieu des années 1950, quand le département d’État des États-Unis décide de solliciter de grands noms du jazz : Louis Armstrong, Duke Ellington, Dizzy Gillespie et Sarah Vaughan. Des concerts sont organisés dans des pays où peu de gens ont l’occasion de voir en vrai des musiciens américains.
Ces « ambassadeurs du jazz » se produisent aux quatre coins de l’Afrique, de l’Europe, du Moyen-Orient, de l’Amérique du Sud et de l’Asie du Sud, où leurs concerts attirent des foules de spectateurs. Ils se rendent aussi dans des écoles et collaborent avec des musiciens locaux. À l’époque, beaucoup d’artistes américains proposent une musique décomplexée et aux rythmes tumultueux, à l’image, diront certains, des débats qui animent la société américaine et sa démocratie.
Offrir une part de liberté
« En jazz, on n’a pas peur d’improviser. En jazz, on doit écouter », expliquait Nicholas Cull, professeur de diplomatie publique à l’Université de Californie du Sud, lors d’une interview à la Voix de l’Amérique* en 2009. « Ce sont deux aspects fondamentaux du système politique américain. Et on ne peut pas écouter cette musique sans faire l’expérience de ces principes et de cette liberté. »
Comme l’a déclaré dans les années 1950 Willis Conover, l’animateur d’une émission de jazz sur la Voix de l’Amérique pendant 41 ans, les gens « adorent le jazz parce qu’ils adorent la liberté ». Et en 1955, le New York Times a qualifié le jazz d’« arme supersonique de l’Amérique » pendant la Guerre froide.
À mesure que les temps ont changé, la diplomatie musicale américaine s’est diversifiée pour refléter la variété des styles musicaux qui ont vu le jour aux États-Unis :
Chaque année, le programme American Music Abroad*, du département d’État, envoie une nouvelle génération d’ambassadeurs musicaux dans 30 pays, où ils jouent toutes sortes de musiques, allant du rock’n’roll à la country en passant par le hip-hop et le gospel. Les artistes et les instructeurs d’American Music Abroad se sont rendus en tout dans plus de 110 pays sur six continents.
Next Level, un programme consacré au hip-hop, envoie à l’étranger des artistes et des professeurs de danse, de musique et d’art dans le but de promouvoir l’échange d’idées entre les jeunes et au sein des populations défavorisées.
Photo : Louis Armstrong joue un morceau à sa femme, Lucille, en Égypte en 1961. (© Universal Archive/Universal Images Group/Getty Images)
Le programme d’échange OneBeat invite des musiciens étrangers aux styles variés à créer ensemble des morceaux et à élaborer des stratégies pour faire face à des problèmes communs. En 2022, des musiciens des États-Unis et d’Afrique du Nord se sont retrouvés en Algérie pour enregistrer des morceaux, se produire sur scène et étudier les traditions musicales de la diaspora noire qui façonnent leur société. Grâce à OneBeat, plus de 500 musiciens de 68 pays ont voyagé dans 49 villes de 13 pays, dont les États-Unis.
Développer des objectifs communs
En 2022, le président Biden a promulgué une loi bipartite sur la Promotion de la paix, de l’éducation et des échanges culturels (PEACE) par la diplomatie musicale. Cette loi appelle à l’inclusion du secteur privé dans les partenariats de diplomatie musicale ainsi qu’à la reconnaissance du mérite des musiciens ayant contribué à la paix.
Pour le secrétaire d’État Antony Blinken, qui se décrit lui-même comme un passionné de musique et guitariste amateur, le service accompli par les musiciens américains « permet de révéler notre humanité, de développer des objectifs communs, de faire changer d’opinion ceux qui ne nous comprennent pas et de présenter l’histoire américaine comme aucune politique ni aucun discours ne saurait le faire ».
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