Sénégal : La succession de Macky Sall est ouverte
Le retrait volontaire de Macky Sall de la course à l’investiture suprême du Sénégal qui se tiendra en 2024 a été favorablement accueillie à l’Etranger car après que l’ancien président du Niger, Mahamadou Issoufou, ait reconnu, dans un tweet, « la grande intelligence » du président Macky Sall et le fait que le Sénégal reste, ainsi, « un des porte-flambeaux dont la flamme éclaire » le continent africain, son successeur Mohamed Bazoum a souhaité « que cette décision mûrement réfléchie apaise définitivement le climat dans ce pays frère » et le président de Guinée Bissau, Umaro Sissoco Embalo, a saisi cette occasion pour saluer la « décision courageuse d’un grand homme d’Etat » auquel on peut « succéder » mais qu’il sera « difficile de remplacer ».
En outre, en emboîtant le pas au président de la Commission africaine, le tchadien Moussa Fakki Mahamat, qui a exprimé son « admiration » quant à la décision prise par Macky Sall, le Secrétaire général de l’ONU a estimé qu’elle « constitue un exemple pour son pays et pour le reste du monde » alors que Charles Michel, le président du Conseil européen, a tenu, de son côté, à féliciter le président sénégalais pour avoir, par cette initiative, défendu « une Afrique forte et respectée ».
Mais, s’il est vrai qu’à l’intérieur du pays, la non-participation de Macky Sall aux élections présidentielles sénégalaises de 2024 a décrispé le climat politique qui était devenu particulièrement explosif à huit mois du scrutin, il n’en demeure pas moins vrai, toutefois, que ce renoncement, de dernière minute, intervenu après un suspens qui aura duré plusieurs mois, a, également, ouvert la voie à une période d’incertitude car même si, comme a tenu à le préciser Francis Kpatindé, maître de conférences à Sciences-Po Paris et spécialiste du Sénégal, plusieurs noms circulent au sein de l’Alliance pour la République (APR) pour prendre la relève, le processus relatif à la désignation du successeur de l’ancien président est encore vague.
L’autre incertitude a trait au devenir du Benno Bokk Yakaar (BBY), la coalition présidentielle qui regroupait l’APR qui avait été fondée en 2008 par Macky Sall et qui plaidait en faveur d’un nouveau mandat du président sortant, le Parti Socialiste (PS), l’Alliance des Forces de Progrès (AFP) et REWMI qui avait remplacé, en Octobre 2006, le Front pour le Progrès et la Justice (FPJ) d’Idrissa Seck.
Intervenue tardivement, l’annonce de la non-participation de Macky Sall à cette nouvelle course à l’investiture suprême a fait qu’à huit mois du scrutin, la coalition précitée qui s’est, subitement, retrouvée sans candidat se voit contrainte de trouver, en son sein, quelqu’un qui soit apte « à fédérer et à rassembler ».
Or, de l’avis de Babacar Ndiaye, analyste politique, directeur de recherche au Centre de réflexion « Wathi » basé à Dakar, cette désignation nécessitera l’organisation de « primaires » ; une « disposition » qui n’avait jamais eu lieu auparavant.
Mais, si du côté de l’opposition, Aminata Touré, l’ancienne Première ministre de Macky Sall qui avait quitté la majorité en septembre dernier et son prédécesseur Abdoul Mbaye se sont déjà mis en ordre de marche, il y a lieu de signaler que le Code électoral, qui rend inéligibles de façon permanente quiconque a été condamné à une peine d’emprisonnement supérieure à cinq années, a exclu de la course à la présidentielle l’ancien maire de Dakar, Khalifa Sall, qui avait été condamné à cinq ans de prison pour « détournement de fonds publics » et Karim Wade, le fils de l’ancien président Abdoulaye Wade, qui, après sa condamnation, en 2015, pour « enrichissement illicite », s’était exilé au Qatar.
Et même si, en se basant sur le fait que les intéressés avaient été graciés par le Président, lors de la tenue du Dialogue National, la commission politique s’était prononcée en faveur d’une modification du texte incriminant les intéressés et avait donné son accord pour que ceux-ci soient réhabilités dans leurs droits civiques et politiques, « le calendrier de mise en place » de la mesure qui permettrait aux intéressés de « se présenter à l’élection » présidentielle, reste encore « très flou » selon Francis Kpatindé.
S’il est donc sûr, à l’heure qu’il est, que Macky Sall ne postulera pas pour un troisième mandat, rien ne permet, en revanche, de spéculer sur l’identité de son successeur. Alors, attendons pour voir…
Source : Al Bayane
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