Madagascar : le coup d’Etat du colonel Randrianirina Michaël consommé

Le lundi 12 octobre 2025, le président malgache Andry Rajoelina a été renversé par le colonel Randrianirina Michaël, chef de l'unité militaire « Capsat » qui avait justement joué un rôle majeur dans le coup d'État de 2009 qui l’avait porté au pouvoir. C’est la cinquième crise politique que connaît la Grande Île depuis son indépendance, en 1960.

En effet, en 1972, les étudiants avaient provoqué la chute de Philibert Tsiranana. En 1991, son successeur avait succombé à son tour aux nombreuses grèves et autres marches contre les mêmes maux. En 2001, c’était au tour de l’homme d’affaires Marc Ravalomanana de s’emparer du fauteuil présidentiel. Et enfin, en 2009, le jeune maire d’Antananarivo et ancien DJ, Andry Rajoelina prenait les rênes du pays.

Tout a commencé le 26 septembre dernier, lorsque des milliers de jeunes ont envahi les rues d’Antananarivo, téléphones portables allumés à la main, pour dénoncer les trop fréquentes coupures d’eau et d’électricité, la corruption et la pauvreté, car, dans ce pays, 80 % des 32 millions d'habitants vivent avec moins de 15 000 ariary par jour, soit 2,80 euros, seuil de pauvreté fixé par les Institutions de Bretton Woods.

Pour mettre fin au chaos et après avoir demandé à ses frères d’armes de ne pas tirer sur la population, le colonel Michael Randrianirina avait déclaré devant le palais présidentiel : « Les militaires, avant les gendarmes, ont pris la main pour arrêter la répression contre les manifestants. Ils ont réorganisé la chaîne de commandement, pour que ça ne tourne pas à une lutte entre factions, après que les forces de gendarmerie et les militaires se sont tirés dessus samedi. (…) On va prendre le pouvoir à partir d'aujourd'hui et on dissout le Sénat et la Haute cour constitutionnelle. L'Assemblée nationale, on la laisse continuer à travailler (…) On va mettre en place un comité composé d'officiers venant de l'armée, de la gendarmerie, de la police nationale. Peut-être qu'il y aura des hauts conseillers civils là-dedans. C'est ce comité qui va assurer le travail de la présidence. En même temps, après quelques jours, on va mettre en place un gouvernement civil ».
Après avoir constaté la « vacance » du poste de président, 130 des 163 députés ont ainsi voté mardi la destitution d'Andry Rajoelina, décision entérinée par la Haute cour constitutionnelle. Quant à l’arrivée des militaires au pouvoir, elle a été saluée par une liesse populaire et des chants de célébration sur la place du 13-mai, lieu symbolique où de nombreuses personnes avaient été tuées lors du soulèvement populaire de 1972.

Pendant que Michael Randrianirina troquait son treillis contre un costume, Andry Rajoelina était exfiltré par un avion militaire français vers Dubaï (Emirats arabes unis).

Seydou Koné