L'éco-jogging : Comment la jeunesse béninoise embellit les espaces publics
Une campagne de nettoyage impliquant des joggeurs qui ramassent les déchets plastiques et autres sur leur chemin a transformé ce qui avait commencé comme un projet passionnel d'un étudiant universitaire béninois en un mouvement de transformation.
On ne s'attendrait pas à ce que quelqu'un mette des sacs poubelles, des gants, une pelle et un balai dans un sac de sport pour un jogging matinal.
Mais Abdou Latif Adéyemi Oloude n'est pas le joggeur de tous les jours qui compte les kilomètres, les calories et les parcours de course sur Strava.
Ce jeune militant béninois est un soldat de l'environnement, au sens propre du terme, puisqu'il ramasse les ordures et les déchets plastiques dans le cadre de son jogging habituel.
Calavi est d'une des nombreuses villes de ce pays d'Afrique de l'Ouest où les membres de Jeunes Volontaires pour l'Environnement (JVE-Bénin) ont fait de "l'éco-jogging" un mouvement de nettoyage.
L'éco-jogging, comme son nom l'indique, est une initiative qui associe la forme physique à la responsabilité environnementale.
Les participants font du jogging tout en ramassant des déchets, en particulier des déchets plastiques. Une fois qu'une piste a été nettoyée, ils passent à la suivante, et la chaîne continue.
La mission de Oloude a commencé dans la commune d'Abomey Calavi, au sud du Bénin, et s'est depuis étendue à de nombreuses régions du pays.
"Nous faisons partie d'une association à but non lucratif qui opère dans plusieurs pays. Sa mission est de contribuer à la protection du cadre de vie et à l'autonomisation des jeunes, des femmes et des groupes marginalisés par l'éducation et le renforcement des capacités", explique M. Oloude.
Garder les choses simples
L'éco-jogging repose sur l'idée que toute activité commune impliquant un objectif ou un but partagé et imprégnée d'un sentiment de joie dans le processus de réalisation de cet objectif a de bonnes chances de réussir.
Les volontaires de JVE-Bénin sont liés par leur amour du jogging et leur engagement à garder les espaces publics propres.
"Nous commençons généralement par réunir tout le monde et faire un petit échauffement. Nous présentons ensuite l'itinéraire à parcourir un jour donné", confie M. Oloude à TRT Afrika.
"Pour créer un peu d'ambiance, il peut y avoir de la musique et des sifflets, ce qui permet également d'attirer les passants. Tous ceux qui nous voient pendant l'action sont invariablement intéressés par ce que nous faisons."
Pour Oloude, l'encouragement et la participation spontanée de personnes choisies au hasard dans les rues et autres espaces publics reflètent le potentiel de l'éco-jogging à devenir quelque chose d'infiniment plus important que ce qu'il aurait pu imaginer en commençant ce voyage.
Que ce soit autour du jardin botanique de l'Université d'Abomey-Calavi, de la place de l'Amazone ou de la place des Martyrs à Cotonou, on peut compter sur l'équipe d'éco-jogging de JVE-Bénin, forte d'une centaine de personnes, pour mettre les bouchées doubles.
Oloude rappelle que les déchets plastiques sont la première cause d'insalubrité dans la plupart des zones urbaines.
Le problème de l'élimination des déchets
Un article de la Banque mondiale sur la production et la gestion des déchets plastiques indique que 6,9 millions de tonnes de déchets plastiques ont été déversées par les 17 pays côtiers d'Afrique de l'Ouest en 2018.
Le Bénin a interdit l'utilisation des sacs en plastique en 2017 pour promouvoir les emballages réutilisables, mais la réalité sur le terrain suggère le contraire.
En 2019, 6,7 millions de kg de plastiques ont été importés dans le pays, notamment du polyvinyle, de l'éthylène et de l'aluminium, tous non biodégradables.
Dans ce contexte, qui est la norme sur tout le continent, Oloude a mobilisé des jeunes, la plupart des étudiants, pour faire avancer la cause environnementale de son pays.
"J'avais 20 ans lorsque mon amour pour la nature m'a conduit au département des changements climatiques et de la gestion des écosystèmes à l'Institut du cadre de vie de l'université d'Abomey-Calavi", se rappelle le jeune militant.
"Ce que nous attendons des autorités, c'est un soutien. Nous voulons qu'elles s'associent aux différentes associations qui militent pour cette cause. Nous souhaitons qu'il y ait une dynamique pour que les étudiants, et tous les acteurs de la société, s'investissent dans la cause environnementale."
En juillet 2023, Salvator Niyonzima, coordinateur résident des Nations Unies au Bénin, a pointé du doigt la consommation de produits plastiques à usage unique comme première cause de la prolifération des déchets non biodégradables dans le pays.
Lors d'une opération de nettoyage, 2 150 kg de déchets plastiques ont été ramassés en une heure dans le quartier Zongo de Cotonou.
M. Oloude estime que le problème des déchets plastiques ne fera que s'aggraver si l'on ne trouve pas une solution durable basée sur la sensibilisation des masses.
"La protection de l'environnement est l'affaire de tous, pas seulement des spécialistes du domaine", insiste SuperEco à TRT Afrika.
Source: Trt Afrika
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