Proche-Orient : Israël tue le chef du Hamas, le Hezbollah bombarde la résidence de Netanyahu
Photo : Le chef du Hamas, Yahya Sinwar filmé par un drone israélien quelques instants avant son exécution
La Palestine et le Liban quotidiennement bombardés. Israël également frappé quotidiennement par des roquettes, des missiles et des drones kamikazes. Des dizaines de milliers de civils palestiniens et libanais tués. Des centaines de milliers de blessés. Des millions de personnes, hommes, femmes et enfants obligés de fuir leurs maisons pour sauver leur vie. Des villes et des villages en ruine, sinon complètement rasés. Plus d'école, plus de travail, plus de vie. Va-t-on vers la résolution définitive du conflit israélo-palestinien ? Au vu des derniers développements au Proche-Orient, tout porte à croire, en effet, que le monde se dirige vers un bouleversement des conventions internationales jusqu’à présent dictées par le bloc Occidental.
Le face-à-face entre l’Iran et Israël se dessine progressivement
Samedi dernier, le 19 octobre 2024, l’un des trois drones lancés par le Hezbollah depuis le Liban, a frappé la résidence privée du Premier ministre Benjamin Netanyahou, à Césarée (Israël). Quelques heures après l’exécution d’une balle dans la tête et la mutilation du chef du Hamas, Yahya Sinwar (sa dépouille a été amputée d’un doigt). Quelques jours après qu’un drone lancé depuis le Yémen ait tranquillement contourné tout le dispositif sécuritaire et défensif américano-israélien pour frapper un camp militaire en plein coeur d’Israël. Quelques semaines après le début de l’offensive israélienne contre le Liban. Quelques semaines également après que l’Iran ait envoyé sur Israël une pluie de missiles balistiques. Pour rappel, cette énième intifada a débuté le jour où le Hamas a trompé la vigilance des différents services de renseignements israéliens et occidentaux pour perpétrer des attentats terroristes en Israël, tuant 1189 personnes, en blessant 7500 autres, non sans oublier de repartir avec 251 otages. C’était le 7 octobre 2023.
Droit de se défendre ou droit de tuer n’importe qui, n’importe quand et n’importe où…
La première attaque directe iranienne se voulait une réponse à l’assassinat, le 3 janvier 2020 à l’aéroport de Baghdad (Irak) du général Qassem Soleimani, commandant de la Force Al-Qods du corps des « Gardiens de la révolution », et au bombardement par Israël de son consulat à Damas (Syrie) le 1er avril 2024. C’était dans la nuit de samedi 13 au dimanche 14 avril 2024. Ce jour-là, l'Iran a tiré près de 200 drones et missiles contre Israël. Une humiliation, puisque l’Iran avait pris le soin de prévenir le monde entier, et donc les alliés naturels d’Israël, leur laissant le temps de voir venir son attaque. Des centaines de drones militaires avaient franchis les barrages américains, anglais, français, jordaniens, saoudiens et israéliens. Faisant démentir le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, qui avait affirmé que son pays était prêt à contrer toute « attaque directe de l’Iran » et « à faire face à n’importe quel scénario, tant en matière de défense que d’attaque »…
Photo : Yahya Sinwar avant qu'il ne soit arrêté, emprisonné et torturé pendant 22 ans. Il avait été libéré en 2011
Pour venger cet affront, Israël a remis le couvert en assassinant Ismaël Haniyeh, le chef politique du Hamas et ancien Premier ministre de Palestine, en plein cœur de Téhéran (Iran), le 31 juillet 2024, à la faveur de l'investiture du président Massoud Pezechkian. Hassan Nasrallah, fondateur et chef du Hezbollah libanais subit le même sort à Beyrouth le samedi 28 septembre 2024, ainsi que le général Abbas Nilforushan, commandant adjoint des opérations des « Gardiens de la révolution ».
De réactions en réactions, ceci entraînant cela, l’Iran envoya un signal plus expressif le 1er octobre 2024, en tirant une salve de plusieurs centaines de missiles balistiques sur des bases militaires situées aux quatre coins d’Israël.
Avant d’en arriver à cette confrontation directe qui se profile à l’horizon, l’Iran armait et finançait le Hamas, le Hezbollah, les Houtis et toutes les milices chiites qui se battent pour la libération de la Palestine. Notons également qu’avant cette dernière offensive, des officiers généraux américains et russes avaient effectués des missions techniques respectivement en Israël et en Iran, démontrant que si le premier peut compter sur les américains, les russes sont prêts à appuyer le second.
De la compassion au dégoût
Les exactions d'aujourd'hui sont progressivement en train de faire oublier les atrocités d'hier. Au niveau de l'image, Israël a perdu tout le capital de sympathie qu’il avait dans le reste du monde, en refusant d’appliquer les résolutions internationales, en poursuivant la colonisation des terres palestiniennes et en massacrant aveuglement les populations civiles à Gaza et au Liban. S’enfonçant chaque jour un peu plus, le dimanche 13 octobre 2024, il est allé jusqu'à franchir la « Ligne bleue » en pénétrant au Liban pour engager le contact avec l’armée du Hezbollah, s’en prenant au passage et à plusieurs reprises, aux installations de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), cette ONU dont le patron, Antonio Gutteres est déclaré persona non grata à Tel-Aviv, et qui menace de considérer les attaques contre les Casques bleus comme des « actes de guerre ».
Photo : Le chef du Hezbollah libanais, Hassan Nasrallah
Le plan de communication des autorités israéliennes est centré autour de la négation de la réalité: faire croire au monde que tous les missiles ennemis sont détruits sans conséquence, qu'ils ne font aucune victime civile ni militaire, que Israël tue et détruit pour sa survie, et que Tsahal est un foudre de guerre. La même stratégie que celle de Zelenski en Ukraine. Mais le mythe de l’invincibilité d’Israël a toujours été une chimère. L’Iran et ses bras séculiers ont percé le talon d’Achille du « dôme de fer » dont l’activation coûte les yeux de la tête au contribuable israélien, sans compter ces débris qui constituent un danger permanent pour la population civile au sol. Par ailleurs, autant les services secrets israéliens ont infiltré l’Iran, autant les services secrets arabes sont au cœur du dispositif sécuritaire israélien. A preuve, les réseaux sociaux diffusent à longueur de journée des vidéos sur la vérité que cachent le porte-parole de Tsahal et le pouvoir de Netanyahu. Tout se passe comme si la Palestine et ses alliés ne visent que des cibles militaires pendant que Israël massacre les civils et assassine tous ceux qui lui tiennent tête. Les miliciens du Hamas ne détiennent-ils pas toujours leurs otages après un an de bombardements inutiles?
Résidence des Netanyahou à Césarée (Photo : Flash 90)
Choisir entre un monde plus juste et la 3ème guerre mondiale
Les Etats-Unis et l’Occident auront bientôt à faire le choix entre soutenir Israël et perdre le monde, ou assister à la destruction du pays créé par les nations unies à la fin de la seconde guerre mondiale. Toutefois, il y a une alternative : transformer ce champ de bataille en deux pays souverains, la Palestine et Israël. Ils pourront aider Israël à se reconstruire, et les Arabes en feront de même pour la Palestine, étant entendu que les deux enterreront définitivement la hache de guerre.
Photo : Un camp de déplacés détruit...
Hier, le Roi Fayçal ben Abdelaziz Al Saoud d'Arabie Saoudite avait été assassiné pour avoir soutenu la Palestine, et les Occidentaux avaient aidé Israël à tenir tête à ses voisins. Mais aujourd'hui, les choses ont changé, et des voix s'élèvent même en Occident pour réclamer plus de justice sur la Terre. Les dés étant jetés en Ukraine et l’Iran étant devenue entre-temps une puissance nucléaire, l’entrée en guerre des Etats-Unis aux côtés d’Israël justifiera l'engagement de la Russie, de la Corée du nord et de la Chine, mais aussi de la Syrie, de la Turquie, de l’Egypte, de l’Afrique du sud et de l’Algérie aux côtés de l'Iran et de la Palestine. Bref, nous sommes au bord du gouffre…
Seydou Koné
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