Mort du jeune Nahel : la France taclée par l'ONU
Ravina Shamdasani, porte-parole du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'Homme. @ HCDH
Depuis quelques semaines, la France est ébranlée par la triste histoire d'un jeune homme de 17 ans, abattu à bout portant par un policier. C'était le 27 juin 2023, à Nanterre. La victime, au volant d'une voiture, aurait refusé d'obtempérer aux injonctions de l'officier de police. Pour de nombreux français, il s'agit d'un acte raciste de trop, car, selon eux, l'agent n'aurait pas tiré si le jeune homme était Blanc. Au demeurant, quel danger représentait-il pour que le motard choisisse de lui ôter la vie plutôt que d'immobiliser son véhicule? Quoi qu'il en soit, cet événement a rappelé de trop douloureux souvenirs, parmi lesquels, celui de la récente mort en détention du dénommé Traoré Adama. Entre marche blanche et marche de soutien aux institutions de la république, les nations unies font entendre leur voix.
Triste bilan malgré les condamnations de la classe politique
Pour crier leur ras-le-bol, et cela, malgré la condamnation quasi-unanime du président Emmanuel Macron, de la classe politique et de leaders d'opinion tels que le footballeur M'Bappé, de nombreux manifestants ont pris la rue dans toute la France, et de manière extrêmement violente. En début de semaine, déjà, le bilan était lourd :
- 3 morts,
- 700 policiers et gendarmes blessés sur les 45 000 agents déployés,
- 6 000 véhicules brûlés,
- plus de 1 000 commerces détériorés, pillés ou complètement détruits, dont 400 bureaux de tabac, autant d'agences bancaires, 200 magasins d'alimentation, des officines d'opticiens, des pharmacies et des magasins de sport,
- 269 commissariats et gendarmeries attaqués,
- 243 établissements scolaires partiellement ou entièrement détruits,
- 150 bureaux de poste sur les 7 000 que compte le pays, ainsi que 80 distributeurs automatiques de billets de La Banque postale détruits,
- 39 bus incendiés ainsi que des dépôts à Aubervilliers, Provins, Évry, au Blanc-Mesnil, à Dugny ou encore à Savigny-sur-Orge,
- 10 stations de tramway également détruits sur les lignes T5, T6, T8 et T9
Le tout a été suivi de 3 625 interpellations, dont 1 124 mineurs, et les dégâts ont été chiffrés à environ 280 millions d'euros par les assureurs.
Réaction de l'ONU
Vendredi 30 juin, lors du point de presse régulier de l'ONU à Genève, Mme Ravina Shamdasani, porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme (HCDH) a appelé la France à « s'attaquer sérieusement aux profonds problèmes de racisme et de discrimination raciale parmi forces de l'ordre ».
L'ONU n'y est pas allé avec le dos de la cuiller : « Nous appelons les autorités à garantir que le recours à la force par la police pour s'attaquer aux éléments violents lors des manifestations respecte toujours les principes de légalité, de nécessité, de proportionnalité, de non-discrimination, de précaution et de responsabilité ».
En réaction, le ministère français des Affaires étrangères s'est insurgé contre cette prise de position : « Toute accusation de racisme ou de discrimination systémiques par les forces de l'ordre en France est totalement infondée. (...) Les forces de l'ordre sont soumises en France à un niveau de contrôle interne, externe et judiciaire tel que peu de pays en connaissent. La France, et ses forces de l'ordre, luttent avec détermination contre le racisme et toutes les formes de discrimination. Aucun doute n'est permis dans cet engagement ».
Seydou Koné
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