Médias: L'ANP forme les journalistes à l'équilibre de l'information
Il est courant que des journalistes prennent des libertés avec les règles basiques de leur métier. Et cela se ressent dans le rendu des informations servies aux lecteurs. C'est donc pour rectifier le tir pour la deuxième fois que le gendarme des médias en Côte d’Ivoire, l'Autorité nationale de la presse (ANP), a organisé un atelier ce jeudi 14 mars 2024 à son siège à Cocody les deux Plateaux, 7ème tranche. L'animateur de cette 26ème session de sensibilisation, de coaching et de renforcement de capacités de "l'ANP Academy" n'était autre que le Docteur Karim Wally, un pur produit de la presse. "Problématique du déséquilibre dans le traitement de l'information: comment améliorer la pratique professionnelle", c'est la thématique autour de laquelle les échanges se sont déroulés entre les journalistes pendant près de 2 heures. Parce que le constat établi par Dr Karim Wally, journaliste, enseignant chercheur à l'Ufrica à l'Université Félix Houphouët-Boigny et maître assistant au Cames, est que sur la période 2017-2018, il y a eu quelques 300 manquements dans les écrits de journalistes. Dans une démarche scientifique, il a expliqué que celui qui signe un article dans un journal ou sur un site internet est obligé de respecter les règles. Quand une tierce personne (autorité politique, administrative...) est mise en cause dans un article, il faut lui donner la parole. Recueillir son point de vue.
Selon lui, le non-respect de cette règle fait que l'engagement contractuel avec le lectorat est foulé aux pieds, le droit du lecteur est bafoué. "Les préjudices subis par le mis en cause, qui peut réagir par le biais du droit de réponse, sont réparés par l'article 64 de la loi sur la presse. Tous les journaux de la presse sont concernés. Journalistes et journaux écopent de sanctions et les journaux politiquement marqués encore plus", a-t-il regretté. Mais pour le conférencier, le problème comporte sa propre solution: Les journalistes doivent s'en tenir aux faits et éviter de mettre en cause sans donner la parole aux mis en cause.
Comment donc équilibrer les informations pour ceux qui rechignent à le faire, malgré la connaissance des règles et des formations? L'auditeur a rappelé que le journaliste dispose de plusieurs moyens pour faire respecter le droit du lecteur à une information juste et équilibrée. "Se déplacer et rencontrer la partie diverse, utiliser les TIC (appels téléphoniques, mails, sms, messagerie...), solliciter les chargés de communication, saisir la Commission d'accès à l'information d'intérêt public et aux documents publics (CAIDP), prendre l'ANP à témoin des écueils rencontrés. Épuiser toutes les voies de recours. Il faut se donner tous les moyens pour recouper une information", a exhorté Dr Karim Wally.
Pour l'enseignant chercheur, le journaliste doit utiliser toutes les voies de recours pour ne pas être pris à défaut par l'ANP qui n'a cure des pressions de bouclage, des contraintes liées à la fabrication des journaux. "L'ANP ne s'accommode pas d'alibis et de justifications. Elle juge l'article publié sur pièce. Il n'y a donc aucune circonstance atténuante pour le journaliste qui fait un mauvais papier. Il ne faut pas oublier que s'il y a culpabilité individuelle, il y a responsabilité collective", a-t-il souligné. Dans la mesure où dans le processus de fabrication de l'information, il y a plusieurs filtres: le journaliste relève d'un chef, qui lui également est sous la responsabilité d'un supérieur jusqu'au Directeur de publication. Les sanctions disciplinaires frappent aussi bien le journaliste fautif que l'entreprise éditrice du titre. Malgré cet état des lieux qui pourrait faire penser que la presse ivoirienne est mauvaise, Dr Karim Wally a au contraire souligné que le pays regorge de journalistes très compétents et pétris de talents.
Bakayoko Youssouf
- Vues : 138