Editorial / Méditerranée : les Noirs sont victimes de racisme, sinon ils ne sont pas les plus nombreux…
C’est fait. Ce dimanche 16 juillet 2023 à Tunis, l’Union européenne conduite par la présidente de sa Commission, Ursula von der Leyen a octroyé à la Tunisie une aide de 255 millions d’Euros, dont 105 pour lutter contre l’immigration clandestine. Pour débloquer cette manne, le président Kaïs Saïed, dont le pays est en réalité étranglé par une dette équivalente à 80% de son PIB, a été obligé de tenir des propos racistes tellement violents qu’ils ont encouragés ses concitoyens à tuer, lyncher et jeter dans le désert des milliers de personnes dont la seule faute est d’avoir la peau noire. Pourtant, les vrais chiffres montrent qu’il y a plus de tunisiens que de Noirs sur les bateaux de fortune qui nourrissent les poissons de la mer Méditerranée.
Selon le 11è Rapport sur la migration dans le monde de l’organisation internationale pour les migrations (OIM), le nombre de migrants internationaux tourne actuellement autour de 3,6%, et au moins 96% des habitants de la planète vivent dans le pays où ils sont nés. Ce qui est aux antipodes des images que nous montrent certains médias, et de la haine que suscitent les commentaires et discours politiques xénophobes et racistes.
Les organisations humanitaires travaillant dans la zone méditerranéenne ont des chiffres encore plus précis. En vérité, il y a plus de tunisiens, d’égyptiens, de libyens, d’algériens ou de marocains sur le chemin de l’exil que de Noirs. Les ports de départs de Sfax et autres n’ont pas été créés par les migrants sub-sahariens. Les passeurs ne sont même pas Noirs…
Tant qu’ils sont Blancs, des hommes et des femmes en quête de mieux-être peuvent fuir le Portugal, la Pologne, l’Irlande, l’Ukraine ou encore la Roumanie pour s’installer en France, en Angleterre ou en Italie. Mais les « arabes » tunisiens, marocains, égyptiens, algériens, et ceux dont l’Occident a détruit les pays pour instaurer la démocratie (irakiens, afghans, syriens, etc.) n’ont pas ce droit. On touche le fond de la bêtise humaine lorsque nos frères du nord aussi se joignent aux « blancs » pour casser du Noir. Même les boat-people vietnamiens ou chinois ont eu droit à plus d’humanité sur cette terre. Peut-être oublient-ils qu’ils sont en Afrique...
Depuis plusieurs mois, des vidéos prises par des migrants sub-sahariens montrent, sur les réseaux sociaux, comment ces derniers sont quotidiennement humiliés et torturés par des agents des forces de l’ordre et des populations en Afrique du nord. Ceux qui réussissent à passer ne sont pas mieux lotis dans l’Eldorado : la presse occidentale ne montre que des Noirs dans les camps de concentration des demandeurs d’asile. Elle ne parle que de « sub-sahariens », lesquels ont forcément pour point de départ la Côte d’Ivoire.
Plus la Côte d’Ivoire fait des efforts sur la route de l’émergence, plus sa réputation est ternie par des médias qui ne conçoivent pas pareil développement en Afrique noire. Pour eux, l’Afrique - dont le passé a été volé - c’est forcément la famine, la misère, les dictateurs corrompus et la guerre.
Si des gens partent malgré tout de Côte d’Ivoire, c’est, avant toute justification, leur droit de rêver à mieux. A l’inverse, de nombreux américains, français, italiens, tunisiens, marocains et autres libanais sont installés en Côte d’Ivoire, et ne retourneraient « chez eux » pour rien au monde. Pourquoi ? Tout simplement parce que tout être humain a droit à un mieux-être. Personne ne doit l’empêcher de s’épanouir, de chercher à réunir les conditions de son plein épanouissement là où il se sentirait le mieux sur cette planète.
Aucun pays ne devrait s’opposer à l’immigration de personnes désespérés au motif qu’ils sont Noirs. A moins de le faire volontairement dans le but de chercher à les maintenir dans la précarité, afin de pouvoir continuer à exploiter les richesses de leurs pays. Et cela durera malheureusement aussi longtemps que le monde aura besoin des richesses minières et culturelles de l’Afrique pour se réaliser. Un jour, peut-être, les choses changeront, car chaque migrant soutient une famille au pays en l’aidant, entre autres, à scolariser des enfants, lesquels enfants seront mieux armés demain pour rétablir la vérité historique et mettre fin à l’exploitation honteuse du continent.
Seydou Koné
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