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Destitution du gouvernement en France, les problèmes de Paris ne font que commencer

Le renversement du gouvernement du Premier ministre français Michel Barnier mercredi 4 décembre 2024 peut être considéré comme le point culminant de mois de turbulences politiques en France. Cela avec des partis d’opposition de gauche et d’extrême droite formant une alliance improbable pour renverser le gouvernement lors d’un vote de défiance.
Mais plutôt que de marquer la fin des problèmes de Paris, la fin du mandat éphémère de Barnier et de son gouvernement ouvre une nouvelle période de troubles politiques et d’incertitude à Paris, affirment les analystes et les économistes cités par CNBC.
Barnier a démissionné ce jeudi matin, quelques heures après le vote d’hier soir qui a vu 331 députés de l’alliance de gauche du Nouveau Front populaire (NFP) et du Rassemblement national (RN) d’extrême droite soutenir une motion de censure contre son gouvernement.
Le vote, qui a eu lieu après des semaines de querelles sur le projet de budget 2025, qui prévoit une hausse des impôts et une réduction des dépenses publiques, n’a pas été serré, le nombre de députés soutenant la motion dépassant de loin les 288 nécessaires pour qu’elle soit adoptée par le Parlement, l’Assemblée nationale. C’est la première fois qu’un gouvernement français est renversé depuis 1962.
L’éviction de Barnier est le point culminant d’une crise politique qui a débuté lorsque le président Emmanuel Macron a décidé plus tôt cette année de convoquer des élections législatives anticipées dans le but, ironiquement, de consolider la base de pouvoir de son alliance centriste à l’Assemblée nationale.
Au final, cette décision s’est retournée contre lui et Macron a obtenu exactement ce qu’il ne voulait pas des élections de juin et juillet : une base de pouvoir fortement réduite pour ses propres centristes d’Ensemble et une Assemblée nationale divisée en trois parties avec des factions de gauche et d’extrême droite très puissantes, prêtes à s’en prendre à Barnier, le Premier ministre que Macron a finalement choisi en septembre.
Le président Macron est désormais sous pression pour trouver rapidement un remplaçant au poste de Premier ministre. Reuters a rapporté jeudi qu’il aimerait avoir quelqu’un en place dès samedi, lorsque le président américain élu Donald Trump et d’autres dignitaires se réuniront à Paris pour la réouverture de la cathédrale Notre-Dame.
Le prochain candidat sera probablement confronté aux mêmes problèmes que Barnier avec la gauche et la droite, qui devraient harceler le nouveau gouvernement avec leurs propres programmes pour le budget 2025, tout comme ils l’ont fait avec Barnier.
“La France (...) entre dans une nouvelle ère d’instabilité politique”, a déclaré Charlotte de Montpellier, économiste senior pour la France et la Suisse chez ING, dans une note publiée mercredi soir.
«Le président Emmanuel Macron devra nommer un nouveau Premier ministre, qui devra former un nouveau gouvernement. Avec une Assemblée nationale très polarisée et divisée en trois grands camps – gauche, centre-droit et extrême-droite – trouver un nouveau Premier ministre qui ne sera pas confronté directement à une motion de censure sera une mission très difficile», a-t-elle déclaré.
«Il est donc probable que la France reste sans gouvernement pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois», a-t-elle ajouté.

Qui pourrait être le prochain Premier ministre ?
Certains évoquent la possibilité que Macron nomme à ce poste son allié, le ministre de la Défense Sébastien Lecornu, ou le vétéran du parti centriste François Bayrou, président du Mouvement Démocrate. Parmi les autres noms évoqués figurent le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau et l’ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve.
Celui qui héritera de ce poste pourrait ne pas y rester longtemps, et on ne s’attend pas à ce qu’il le fasse, selon Mujtaba Rahman, directeur général pour l’Europe chez Eurasia Group.
«Sa première tâche (aucun «elle» n’est dans le cadre) sera de faire passer un report du budget 2024. Sa deuxième tâche sera d’essayer de relancer le budget 2025 de réduction du déficit de Barnier avec des amendements qui pourraient plaire - une tâche sans doute impossible - à la gauche ou à l’extrême droite ou aux deux», a déclaré Rahman dans une note mercredi soir.
Les analystes présument que Macron choisira un successeur à Barnier dans les jours à venir, mais notent que le mandat de Premier ministre du candidat pourrait être en réalité un pis-aller jusqu’aux nouvelles élections parlementaires de juillet prochain, un an après le dernier vote.
«La crise politique la plus profonde et la plus complexe que la France ait connue depuis six décennies va éclater tout au long de l’année prochaine», a indiqué M. Rahman, avertissant que «la confrontation entre les trois forces qui se détestent mutuellement à l’Assemblée nationale va se poursuivre pendant de nombreux mois sans perspective rapide d’un accord sur un nouveau budget pour 2025».
Le nouveau scénario de base du Groupe Eurasia est que de nouvelles élections parlementaires sont inévitables l’année prochaine, ce qui porte la probabilité à 75 %.
Dans l’état actuel des choses, les analystes estiment qu’il est probable que les principaux blocs politiques français s’accordent sur un budget provisoire, qui reporterait simplement le budget 2024 à l’année prochaine. Cela éviterait un nouvel arrêt du gouvernement l’année prochaine, qui empêcherait la France de faire face à ses obligations financières.
Le report du budget pourrait éviter une crise immédiate, mais il retarde également le besoin urgent de s’attaquer aux problèmes budgétaires de la France, le déficit budgétaire étant déjà prévu pour atteindre 6,1 % du PIB en 2024, et devrait encore augmenter si des mesures ne sont pas prises pour maîtriser les dépenses.

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