Décédé lundi à Abidjan : Mgr Ahouanan était l'un des plus grands artisans de la paix en Côte d'Ivoire
Il a vécu dans la discrétion, il a quitté ce monde dans la discrétion. Mgr Ahouanan s'est éteint à Abidjan le lundi 12 février 2024, dans sa 72è année, après avoir passé 28 ans au service de l’Eglise ivoirienne. Aux heures chaudes de la crise ivoirienne, cet évêque a fait partie des "hommes de Dieu" qui ont empêché les politiciens de provoquer une guerre religieuse en Côte d'Ivoire afin d’assouvir leur soif du pouvoir.
Tout commence en 2000, sous le général Robert Guéi. Le CNSP au pouvoir après avoir renversé le Président Henri Konan Bédié quelques mois plus tôt, veut confisquer le tablier. A Yamoussoukro, le Franciscain a le courage de tenir le langage de la vérité aux militaires. A ses risques et périls. En désaccord avec sa hiérarchie, il sera viré de la basilique de Yamoussoukro, et envoyé à Bouaké.
Tout au long des graves événements que notre pays a connus, Mgr Ahouanan fera bloc avec l'Abbé Éric Norbert Abékan, de la paroisse Notre-Dame-de-la-Tendresse de la Riviera Golf, pour empêcher que le nom de l'église catholique ne soit terni. Et Dieu sait combien de fois, les politiciens à court d’arguments ont tenté d’opposer les Chrétiens aux Musulmans et de provoquer une guerre religieuse qui aurait fait basculer la France du côté du pouvoir : incendie et profanation de mosquées, assassinats d’imams, diffusion de messages de haines sur les médias publics, rumeurs d’envoûtement de la viande partagée pendant la Tabaski, etc.
Les deux guides Chrétiens épaulaient l'imam Boikary Fofana et le Conseil Supérieur des Imams (COSIM), pour montrer à la communauté nationale et internationale que l’amour entre les Ivoiriens est plus fort que la graine de la division semée par les politiciens. A titre d’illustration, l’imam Traoré et les fidèles de la grande mosquée de la Riviera Golf se retrouvaient à la paroisse de la Tendresse à Noël, quand l’abbé Abékan et ses fidèles se déplaçaient pour partager la rupture collective, en face, pendant toute la durée du Ramadan.
C'est ainsi que, grâce à leur foi, ces religieux réussirent à éviter des débordements dont les conséquences auraient plongé le pays dans le chaos. Et la Côte d’Ivoire n’aurait jamais connu le niveau de développement qu’elle connaît aujourd’hui.
Monseigneur Paul Siméon Ahouanan Djro est né le 19 décembre 1952 à Bingerville (Côte d'Ivoire, Afrique-Occidentale française). Il a été ordonné prêtre dans l’Ordre des Franciscains le 19 juillet 1981. Nommé Evêque de Yamoussoukro le 6 décembre 1995, il sera consacré le 16 mars 1996 par le cardinal Bernard Yago, alors chef de l’Eglise catholique ivoirienne. En janvier 2006, le voilà adjoint ou coadjuteur de l'archevêché de Bouaké, dont Il sera l’archevêque le 22 septembre 2006 de la même année.
Pour son engagement pour la paix, Mgr Ahouanan avait été nommé Président de la Commission Nationale pour la Réconciliation et l’Indemnisation des Victimes (Conariv) le mardi 24 mars 2015. La CONARIV n’aura pas plus de succès que la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation (CDVR) du Premier ministre Charles Konan Banny (septembre 2011 - décembre 2014), du fait de la mauvaise volonté des politiciens d’aller à la paix.
Paul Siméon Ahouanan Djro est décédé le lundi 12 février 2024, à Abidjan.
Seydou Koné
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