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Comment est née l’intelligence artificielle ?

IA


On se souvient de l’onde de choc provoquée par l’arrivée de ChatGPT en 2022. Depuis, entre les fantasmes les plus fous et les développements très concrets, l’intelligence artificielle est au cœur de notre attention et de tous les débats. Les experts sont formels : une marche arrière est impossible, tant l’IA est impliquée dans notre quotidien. Avec Nathanaël Ackerman, Yasmine Boudaka revient sur les premiers pas de l’intelligence artificielle.
Le 30 novembre 2022 sort ChatGPT, ''un agent conversationnel à intelligence artificielle'' (selon Wikipedia), créé par Open AI. Autrement dit, un assistant virtuel qui utilise l’intelligence artificielle pour dialoguer avec ses utilisateurs et répondre à des questions complexes. C’est l’application qui a eu la croissance la plus rapide jusqu’ici. Les experts parlent vraiment d’un avant et d’un après ChatGPT, sans marche arrière possible.
L’IA s’est immiscée dans notre quotidien et il faudra en apprendre les codes, même si elle est à la fois une source de progrès et de crainte. Comment s’est développée cette technologie ? Quelle était la volonté derrière ce développement ?


Qu’entend-on par intelligence artificielle ?
Les grandes révolutions de la connaissance sont la création du langage, l’invention de l’écriture, l’imprimerie, puis Internet. "Et ChatGPT, c’est, je dirais, une cinquième révolution dans la manière dont on peut construire des connaissances avec le langage", explique Nathanaël Ackerman, responsable du département IA et Digital Mind du Service Public Fédéral Bosa et responsable de la coalition AI 4 Belgium.
La définition de l’intelligence artificielle est un débat depuis la création de ce concept en 1956, tout simplement parce que les choses évoluent beaucoup avec le temps et de plus en plus vite. "Au départ, l’intelligence artificielle, c’est faire faire à des machines ce que l’homme ferait moyennant une certaine intelligence. Dans l’esprit de l’un des pères fondateurs, Minsky, cela voulait dire jouer aux échecs, faire des mathématiques, etc."
Puis on s’est rendu compte que la complexité informatique n’était pas la même que la complexité humaine. Une définition dit alors que le domaine de l’informatique étudie comment faire faire à l’ordinateur des tâches pour lesquelles l’homme est meilleur que lui.
Plus récemment, on voit que l’intelligence artificielle est pervasive : elle est sortie des laboratoires pour entrer dans notre quotidien. "La définition qu’adopte l’Europe est plutôt basée sur le 'machine learning' et oublie un peu l’intelligence artificielle dite classique, qui est encore beaucoup utilisée et qui est plus basée sur le raisonnement, c’est ce qu’on appelle les systèmes experts."


Les 3 formes d’intelligence artificielle
Les chercheurs reconnaissent 3 types d’intelligence artificielle :
l’intelligence artificielle faible, un système capable de réaliser une seule tâche de manière quasi parfaite, donc automatisée. Elle n’a pas la capacité de raisonner en dehors de son domaine de spécialisation. C’est le cas d’un distributeur de billets par exemple, d’un assistant vocal Google, Siri, Alexa, ou encore d’un système de recommandations dans un catalogue type Netflix ou Spotify.
l’intelligence artificielle générale ou forte, capable de réaliser n’importe quelle tâche cognitive, comme le ferait un humain ou un animal. Elle peut avoir plusieurs spécialités et est capable d’utiliser toutes ces données spécifiques pour résoudre des problèmes et répondre à des questions. Elle est utilisée pour ChatGPT, pour des logiciels de reconnaissance vocale, la création artistique ou la traduction automatique.
l’intelligence artificielle super intelligente, un système capable de rivaliser avec, voire de surpasser, l’intelligence humaine dans tous les domaines cognitifs, doté d’une conscience de soi, capable de raisonner, de résoudre des problèmes complexes, d’apprendre de nouvelles choses de manière autonome, de démontrer une compréhension émotionnelle et sociale. A l’heure actuelle, elle est toujours de l’ordre du fantasme et de la fascination.


Un concept pas si neuf que ça
Les idées et les concepts qui ont posé les fondations théoriques de l’intelligence artificielle remontent à la mythologie grecque, précise Nathanaël Ackerman. "On voit Prométhée qui crée l’homme à partir de la terre glaise. Comment créer l’animé à partir de l’inanimé. On a le Golem. On a depuis longtemps, cette question d’où on vient. Le propre de l’homme est centré sur la pensée. "
A partir du 16e-17e siècle, commence l’approche mécaniste : on se dit qu’on va pouvoir mécaniser le raisonnement. Pascal invente la pascaline, la première calculatrice automatique. Newton obtient des résultats en mécanique classique qui marquent son époque. On voit apparaître les premiers automates, une façon d’approcher le vivant.
Cette volonté de mécaniser la pensée va être ensuite formalisée à travers notamment la logique formelle et la logique des prédicats de premier ordre. On voit qu’on peut modéliser les raisonnements, utiliser des mécanismes pour déduire de nouvelles connaissances.


Années 50 : les bases théoriques de l’IA
En 1900, le mathématicien David Hilbert va s’interroger sur ce qui est démontrable, sur les limites des mathématiques, ce qui conduira plus tard à la création de l’ordinateur : Alan Turing va créer une machine universelle, sur l'idée qu’un raisonnement doit passer par le traitement d’un langage symbolique.
Le premier ordinateur tel qu’on le connaît, c’est ENIAC (Electronic Numerical Integrator Analyzer and Computer) en 1946. Il pèse 30 tonnes et occupe une surface de 70m².
En 1950, Alan Turing publie un article déterminant intitulé Computing Machinery and Intelligence, dans lequel il pose pour la première fois la question de l’éventuelle intelligence d’une machine. Pour y répondre, il élabore le jeu de l’imitation, c’est 'le test de Turing', qui met en conversation, par écrit, un être humain avec un ordinateur et avec un autre être humain. Si la personne qui pose la question ne peut pas dire lequel de ses interlocuteurs est un ordinateur, c’est que l’ordinateur a réussi le test de Turing.
"Il arrive à montrer à travers ça que les échanges de connaissances, le dialogue peuvent être vus comme une forme de calcul et que le langage répond au langage, d’une certaine manière. Et donc, ce qu’il anticipe, c’est qu’ENIAC, qui fait 10.000 additions par seconde, représente les prémices d’une forme d’intelligence", explique Nathanaël Ackerman.
Ce n’est qu’en 1956 que naît officiellement le terme 'intelligence artificielle', à la suite de la conférence de Darmouth. L’IA devient alors une discipline scientifique à part entière.


Des avancées et des désillusions
Après les premiers espoirs, les avancées se révèlent plus difficiles que prévu, notamment dans le domaine de la traduction ou des jeux d’échecs. Des problèmes de financement, des attentes irréalistes et des progrès techniques limités conduisent à une période de stagnation et même de désillusion.
Finalement, dans les années 2010 jusque 2016, on arrive à dépasser les compétences de l’homme pour des tâches spécialisées, notamment pour la reconnaissance des images ou la traduction.

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