Le FIDA renforce significativement ses investissements en Somalie pour aider les petits producteurs à faire face aux chocs climatiques et à l’insécurité alimentaire
Rome, le 14 Janvier 2023 – Alors que la Somalie fait face à une sécheresse historique qui pousse des millions de Somaliens dans une insécurité alimentaire aiguë, Alvaro Lario, Président du Fonds international de développement agricole (FIDA) a annoncé aujourd’hui lors de la quarante-sixième session du Conseil des Gouverneurs du FIDA que le Fonds allait significativement renforcer son engagement en Somalie et reprendre ses investissements directs. Le non remboursement des arriérés de la Somalie avait entrainé une suspension des investissements pendant trois décennies. La Somalie vient de rembourser sa dette auprès du FIDA grâce au soutien de plusieurs États membres.
« Aujourd’hui, la situation de millions de Somaliens est déchirante », a dit Alvaro Lario. « Cinq saisons consécutives de pluies insuffisantes ont dévasté leur vie et fragilisé leur capacité à y faire face, qui s’est érodée au cours des années en raison des conflits, des bouleversements climatiques, des invasions de criquets pèlerins, et plus récemment suite à la forte hausse des prix des aliments, des engrais et du carburant. Il nous faut maintenant fournir l’aide humanitaire nécessaire pour sauver des vies. Mais poser aujourd’hui les bases pour un avenir meilleur est tout aussi important. »
Il a ajouté : « Des solutions existent. Il est inhumain de laisser les personnes traverser des crises récurrentes. Nous devons investir aujourd’hui dans des solutions de long terme et cela veut dire dans le développement rural. »
Pendant une conférence de presse, Hassan Sheikh Mohamud, Président de la République fédérale de Somalie a souligné l’importance du renouvellement de l’engagement du FIDA : « Ce réengagement est l’occasion d’un nouveau départ pour la Somalie en offrant l’opportunité de s’attaquer à de nombreuses priorités en matière de sécurité alimentaire dans le pays », a-t-il déclaré. « Le réengagement du FIDA marque le début du processus de transition de l’humanitaire vers le développement. C’est une aide précieuse, qui ouvre une porte, et d'autres organisations suivront le mouvement. »
Alvaro Lario a annoncé que le FIDA est prêt à investir immédiatement 11,6 millions d’USD et à mobiliser le reste des fonds nécessaires pour un nouveau projet de développement agricole de 50 millions d’USD qui fournira des semences, des systèmes d’irrigation, des services agricoles et vétérinaires, des prêts de microfinance, des formations à une agriculture climato-intelligente et à des techniques d’adaptation aux changements climatiques pour améliorer la production agricole et pastorales.
« Nous devons aider les petits producteurs agricoles et les éleveurs à s’adapter aux changements climatiques et à renforcer leur résilience pour qu’ils puissent affronter les chocs à venir », a dit Alvaro Lario. « Ils ont besoin de financements et de formations. »
Selon l’analyse Integrated Phase Classification, 5,6 millions de Somaliens connaissent des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë, dont 214 000 sont considérés comme en situation de catastrophe, en raison d’une famine sans précédent comparable au cours des dernières décennies. Selon les dernières projections, environ 8,3 millions de Somaliens pourraient connaitre un niveau élevé d’insécurité alimentaire aiguë entre avril et juin 2023. Le Plan 2023 d’aide humanitaire pour la Somalie a pour objectif d’aider 7,6 millions de personnes en Somalie cette année et d’éviter la mort de 6,7 millions de personnes les plus vulnérables.
Le FIDA a pu renouveler son engagement dans le pays grâce à l’Allemagne, la Belgique, l’Italie et la Suède qui ont permis à la Somalie de rembourser ses arriérés vis-à-vis du FIDA. Ces arriérés empêchaient la Somalie de bénéficier des prêts à taux concessionnels et des dons du FIDA depuis 1991, qui marque le début de la guerre civile en Somalie.
« L’apurement des arriérés de la Somalie par l’Allemagne permet au FIDA de reprendre son rôle important de soutien au développement rural et à la mise en place d’une agriculture durable et résiliente aux changements climatiques en Somalie. Nous avons pris cette décision bilatérale peu commune afin de soutenir les efforts de la Somalie pour faire face aux chocs climatiques et économiques et de renforcer les institutions et l’appropriation en ce temps de crise ainsi que de créer un effet de levier permettant d’attirer d’autres financements pour l’agriculture climato-intelligente, » a déclaré Jochen Flasbarth, Secrétaire d’Etat au Ministère Fédéral de la Coopération économique et du développement de l’Allemagne.
« La crise climatique a des conséquences extrêmement néfastes sur l’agriculture et la production alimentaire dans les pays les plus pauvres et il est urgent de renforcer la résilience des populations rurales dans ces pays, » a dit l’Ambassadeur Pierre-Emanuel De Bauw, Gouverneur de Belgique auprès du FIDA. « La Belgique est heureuse d’être l’un des premiers pays à avoir contribué à l’apurement de la dette de la Somalie vis-à-vis du FIDA, lui permettant ainsi de bénéficier notamment de financements du Fonds en faveur de l’adaptation des petits producteurs aux changements climatiques et à la lutte contre la dégradation des terres. »
Malgré les arriérés et la suspension des investissements du FIDA avec ses ressources propres, le FIDA a activement mobilisé des dons des bailleurs de fonds et a acheminé ces ressources vers des projets de développement rural dans le pays. Depuis le début des années 90, le FIDA a acheminé environ 40 millions d’USD vers la Somalie. Deux projets sont en cours en ce moment.
Un projet dans le Puntland aide les éleveurs et les agriculteurs-éleveurs à réhabiliter les systèmes d’irrigation, à améliorer la santé des animaux, à utiliser l’irrigation goutte à goutte, à restaurer les pâturages dégradés et à utiliser l’énergie solaire. Le FIDA apporte aussi un appui exceptionnel au pays à travers son Initiative de riposte à la crise pour l’aider à faire face à l’impact de la guerre en Ukraine et à répondre aux besoins urgents en semences, engrais, chèvres, moutons, irrigation et énergies renouvelables et à réhabiliter les sources d’eau, protégeant ainsi les moyens d’existence d’environ 72 000 personnes.
Source: FIDA
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