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Pilule abortive aux Etats-Unis : robes noires contre blouses blanches ?

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Les Américaines auront toujours accès à la pilule abortive, du moins jusqu'en juin prochain, date à laquelle la Cour suprême rendra publique sa décision. Autorisée depuis 2000, cette pilule est utilisée dans près de deux tiers des interruptions volontaires de grossesse aux Etats-Unis.
Elle est souvent le dernier recours possible pour les Américaines qui veulent mettre fin à une grossesse. Par peur qu'elle ne soit plus sur le marché, au cours des deux dernières années, des milliers de femmes s'en sont procurées, au cas où, selon une étude publiée en janvier dernier dans un magazine médical américain.
Depuis 2016, la pilule abortive pouvait être prescrite jusqu'à 10 semaines de grossesse (contre sept auparavant), par des professionnels de santé n'étant pas médecins (infirmières...), et dans le cadre d'un seule consultation (au lieu de trois avant 2016). Dans le contexte de la pandémie de Covid-19, il était également devenu possible de se faire envoyer des pilules par la poste après une téléconsultation.
Des juges peu favorables à de nouvelles restrictions
Les juges de la Cour suprême se sont penchés sur cette situation mardi 26 mars 2024. Ils ne prendront leur décision qu'en juin. La plupart des neuf juges ont paru réfractaires à un rétablissement des restrictions d'accès à la mifépristone.
Une cour d'appel, composée de juges ultraconservateurs, a rétabli en 2023 plusieurs des restrictions d'accès à la mifépristone, pilule utilisée pour les IVG médicamenteuses, levées par l'Agence américaine du médicament (FDA) depuis 2016.
Invoquant des risques potentiels pourtant écartés par le consensus scientifique, cette décision ramènerait la limite de dix semaines de grossesse à sept, interdirait l'envoi des comprimés par voie postale et rendrait de nouveau obligatoire la prescription exclusivement par un médecin.
L'administration du président démocrate Joe Biden et le fabricant de la mifépristone, le laboratoire Danco, demandent aux neuf juges de la Cour suprême d'annuler cette décision, actuellement suspendue. Ils contestent notamment l'"intérêt à agir", condition pour saisir la justice, des plaignants - à savoir des associations de médecins ou des praticiens hostiles à l'IVG qui ne prescrivent ni n'utilisent cette pilule - en raison du caractère hautement hypothétique du préjudice qu'ils invoquent.
"Ils disent craindre qu'un médecin urgentiste quelque part, un jour, se retrouve face à une femme souffrant d'une complication incroyablement rare et que ce médecin doive la soigner malgré les protections prévues en cas d'objection morale.", a plaidé la conseillère juridique de l'administration Biden, Elizabeth Prelogar, soulignant la rareté d'une telle situation.
Plusieurs dizaines de manifestants pro et anti-avortement étaient rassemblés devant la Cour suprême. Les uns brandissaient des pancartes appelant à autoriser la pilule abortive dans les 50 Etats du pays, les autres affirmant qu'elle mettait en danger la santé des femmes.
Si la Cour suprême décidait de restreindre son accès, l'autorité scientifique de l'agence des médicaments serait remise en cause de façon inédite, avec des conséquences bien plus vastes, avertissent de nombreux experts.

Avec TV5Monde

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