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Niger : le bras de fer avec la communauté internationale se poursuit pendant que la misère s’accentue

PM Niger

A Niamey, les tensions s'accentuent entre les militaires putschistes, la CEDEAO et la France. La voie diplomatique pour libérer le président Mohamed Bazoum et ramener les soldats en caserne n’a donné aucun fruit depuis le 26 juillet 2023. Le général Tchiani et son CNSP n’arrivent pas, non plus, et ce, malgré le soutien de l’ancien président Mahamadou Issoufou, à faire accepter la pilule du coup d’état militaire à la communauté internationale.

Tout serait parti de la volonté du président de la république du Niger, Mohamed Bazoum, élu deux ans plus tôt, de mener une guerre frontale contre la corruption et la mauvaise gouvernance dans son pays. Il a finalement été pris en otage, ainsi que sa famille par celui-là même qui était chargé d’assurer sa sécurité, le général Tchiani ; et ceux des membres de son gouvernement qui n’ont pas été arrêtés ont pris le chemin de l’exil. A l’image de Hassoumi Massoudou, le ministre des Affaires étrangères qui a déclaré dimanche sur le plateau de France 24, dimanche 3 septembre dernier, qu’une intervention militaire était nécessaire : « Ils sont venus par la force, et le seul langage qu'ils comprennent, c'est celui de la force ».

Depuis, les militaires et leurs alliés tentent de faire passer la prise d’otage pour un coup d’état militaire, et obligent la population à les soutenir à coups de propagande populiste et nationaliste. Bien que l’économie du pays repose sur l’agriculture, ils accusent la France de piller leur uranium, et appellent la Russie au secours. Or, les fameux contrats ont été signés par les prédécesseurs du président Bazoum, parmi lesquels Mahamadou Issoufou avec qui les putschistes filent pourtant le parfait amour.

La semaine dernière, les militaires nigériens avaient pris prétexte du soutien du président français, Emmanuel Macron, au président Mohamed Bazoum et à la CEDEAO pour parler d’ « ingérence supplémentaire flagrante dans les affaires intérieures du Niger », et décider d’« expulser » sous 48H les ambassadeurs de France, des USA et du Nigeria. La décision n’émanant pas d’une autorité légitime, aucun ambassadeur n’a évidemment obéit à cette injonction.

Face à ce refus, les militaires ont de nouveau poussé des milliers de civils fanatisés dans la rue pour manifester devant la base de l'armée de l'air nigérienne qui abrite les forces françaises à Niamey, et déclarés qu’ils « dénonçaient » les accords militaires avec la France.

Pendant ce temps, les organisations du système des nations unies évaluent à plus de 3,3 millions (soit 13 % de la population), le nombre de Nigériens en situation de grave insécurité alimentaire. A cela, il faut ajouter les groupes terroristes djihadistes qui sèment mort et désolation sur leurs passages et qui ne sont plus qu’à quelques kilomètres de Niamey, et face auxquels l’armée nigérienne n’arrive pas à tenir tête jusqu’à présent.

Si la CEDEAO baisse les bras, elle devra trouver les moyens pour accueillir des millions de Nigériens fuyant la guerre et la famine. A très court terme. Car, après s’être solidement implantés au Mali et au Burkina Faso, les djihadistes contrôleront bientôt la zone des trois frontières, et ce sera tant pis pour l’Afrique de l’ouest.

Seydou Koné

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