Côte d'Ivoire : Décès à Abidjan de l'ancien chef de la diplomatie Essy Amara
Essy Amara n'est plus. L'ancien chef de la diplomatie ivoirienne sous Houphouët-Boigny est décédé dans la nuit d'hier à aujourd'hui, dans sa résidence des II Plateaux Saint-Jacques, à Cocody. Si sa longue carrière diplomatique lui a réussi (plusieurs décennies), il n'en fut pas de même pour la politique où il s'est lamentablement cassé les dents, ce qui lui a d'ailleurs valu de passer le soir de sa vie dans l'anonymat.
Diplomate chevronné
En 1971, Essy Amara a 27 ans lorsqu'il est nommé Premier conseiller de l'ambassade de Côte d`Ivoire au Brésil. Il occupe ensuite le même poste à la Mission permanente de Côte d`Ivoire près les nations unies, à New York, avant d’être élevé ambassadeur en Suisse. A Genève, il développe des relations étroites avec les diplomates des agences du système des nations unies: président du « Groupe africain » puis du « Groupe des 77 », directeur du groupe de travail sur la transformation de l`ONUDI en institution spécialisée, préparation de la CNUCED IV, création du fonds commun des produits de base.
En 1981, Essy Amara retourne à New-York comme Représentant permanent de la Côte d`Ivoire et ambassadeur près l’Argentine et Cuba. Lorsque la Côte d`Ivoire devient membre non permanent du Conseil de sécurité en 1989, et il en prend la présidence le 1er Janvier 1990. C'est lui que le président Houphouët envoie partout : en Angola, en Sierra Leone, en Somalie, en Palestine...
Essy Amara est ensuite rappelé au pays comme ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale (1990-1999). Mais quatre ans plus tard, il prend la tête de la 49ème session de l’Assemblée générale des nations unies, et en 2000, il est nommé par Kofi Annan, Envoyé spécial du Secrétaire général des nations unies au Congo-Brazzaville et en République centrafricaine.
Dernière personnalité à occuper le fauteuil de Secrétaire général de l`Organisation de l'unité africaine (OUA), il échoue à se maintenir lorsque celle-ci devient Union africaine (UA) en juillet 2002, le président Bédié ayant refusé d’adouber sa candidature.
Dans l'arène politique, Essy Amara est victime des mauvais choix qu’il opère suite à la mort du président Houphouët : il quitte Bédié, refuse de rejoindre Ouattara et se met au service de Gbagbo. En 2015, il se déclare candidat indépendant à la présidentielle, avant de se retirer et d'appeler au boycott des joutes du 25 octobre 2015 qui auront lieu. Sans lui.
Le corps diplomatique et les guides religieux rendront hommage à l'illustre disparu, le mardi 15 avril 2025 à partir de 18H, à la salle des banquets du Ministère des Affaires Etrangères, à Abidjan.
Essy Amara était diminué par l'âge et la maladie ces dernières années, selon des proches. Il laisse derrière lui des parents, des amis et des admirateurs inconsolables. Une autre bibliothèque a brûlé...
Seydou Koné
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