Religion : Qui sont les musulmans chiites ismaéliens ?

Les descendants de Fatima Zahra, la fille du Prophète Mouhammad, et de son cousin, Ali sont considérés d’office par les Chiites comme leurs imams, et portent le turban noir (contrairement aux autres guides religieux qui portent le turban blanc). Tout commence au décès du Prophète de l’Islam, lorsque la communauté se divise au moment de choisir son successeur. La majorité, qui sera plus tard appelée « les Sunnites » choisit le doyen de ses proches, Abou-Bakr, lorsque la minorité, les « Chiites », penche pour son cousin et gendre, Ali ibn Abi Taleb.

Persécutés, les Chiites finiront par s’exiler, principalement en Perse, en Égypte et en Inde. En 765, l’imam Ja’far Sadiq, 6ème descendant d’Ali, désigne son fils Ismaïl comme successeur. Mais ce dernier meurt avant lui et provoque une nouvelle division, les uns considérant qu’il n’est pas mort et qu’il reviendra comme Jésus, et choisissant son fils Muhammad ibn Ismail comme chef de la communauté, les autres se trouvant d’autres leaders. Les Ismaéliens appartiennent donc au groupe des fidèles.

La différence entre les deux grands groupes de musulmans est que les sunnites suivent les prescriptions juridiques de l’Islam, la sunna, tandis que les chiites accordent plus d’importance à l’enseignement et à la dévotion à leur iman. Exactement ce qui a posé problème à l’origine, lorsque le Calife Abou-Bakr était considéré par les uns comme le plus sage, et Ali, le plus instruit en sciences islamiques. L’exégèse du Coran a été arrêtée chez les sunnites après les quatre grands imams et leurs écoles juridiques, mais elle continue chez les chiites où les imams guident leurs communautés selon leur compréhension des textes sacrés.

En 1818, à la faveur du mariage du 46ème imam, Hasan Ali Shah et de la fille de l’empereur perse, Fath Ali Shah Qadjar, la lignée se voit dotée du titre nobiliaire « Aga Khan » (Grand Seigneur), « Aga Khan » venant du turc « ağa », homme éminent ou frère aîné », et de l'iranien « khān », prince.

En 1972, les Ismaéliens sont chassés d'Ouganda par le général Idi Amin Dada, et leurs biens sont saisis au Kenya et en Tanzanie. L'Aga Khan intervient alors auprès du premier ministre Pierre Elliott Trudeau, afin que son peuple puisse trouver refuge au Canada.

Photo : L'imam Aga Khan Karim al-Hussaini

Aujourd’hui, cette communauté multi-ethnique et multiculturelle est forte d’au moins 15 millions de fidèles répartis entre le Canada, le Pakistan, l'Inde, la Syrie, l'Iran, le Tadjikistan et l’Afrique de l’Est. En Côte d'Ivoire, la communauté chiite est largement majoritaire chez les musulmans d'origine libanaise, mais minoritaire chez les nationaux.

Son Altesse Karim al-Hussaini, l’Aga Khan IV était le 49ème imam de cette communauté. Le Prince Rahim Al-Hussaini dont le nom de règne est Aga Khan V, en est le 50ème.

Seydou Koné