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RDC : Deux victimes d'agressions sexuelles sont soignées chaque heure

Viols en RDC

Un nouveau rapport montre que chaque année de conflit en RDC contribue à la hausse des agressions sexuelles sur les femmes et les filles déplacées, qui mènent presque toutes une vie précaire dans des camps de fortune, dépourvus d'équipements de base.

L'une des réalités pénibles de la vie en République démocratique du Congo pour une femme ou une jeune fille déplacée est la menace souvent non reconnue d'une agression sexuelle.

Alors que la violence orchestrée par les militants continue de sévir dans l'est du pays, des millions de Congolais se sont rendus dans des camps de fortune à Goma et au Kivu, avant de se rendre compte qu'il n'y a pas de refuge.

"Des milliers de personnes vivent dans des abris recouverts de bâches en plastique. Ces structures n'ont pas de véritables portes, ce qui signifie que les femmes et les enfants vivant seuls sont toujours vulnérables aux intrusions. Le niveau d'insécurité est déplorable", explique à TRT Afrika Christopher Mambula, responsable des programmes de Médecins Sans Frontières (MSF) en RDC.

MSF a publié de nouvelles données montrant que ses équipes, aux côtés du ministère de la santé de la RDC, ont traité plus de deux victimes et survivants de violences sexuelles toutes les heures dans le pays en 2023.

Le rapport, intitulé "Nous appelons à l'aide", est basé sur les données de 17 projets mis en place par l'organisation humanitaire et le ministère de la santé dans cinq provinces congolaises - le Nord-Kivu, le Sud-Kivu, l'Ituri, le Maniema et le Kasaï central.

MSF affirme que le chiffre de 25 166 pour l'année est de loin le plus élevé jamais enregistré. Au cours des trois années précédentes, les équipes de MSF ont traité en moyenne 10 000 victimes et survivants de violences sexuelles dans le pays.

Selon le dernier rapport, 91% des victimes de violences sexuelles ont été soignées dans des camps autour de Goma, la capitale du Nord-Kivu.

Les affrontements entre le M23, l'armée congolaise et leurs alliés respectifs font rage dans la province depuis fin 2021, forçant des centaines de milliers de personnes à fuir leurs maisons et à s'éloigner de leurs communautés.

Par conséquent, les sites de déplacement se sont multipliés tout au long de l'année 2023, aggravant la situation sécuritaire. Alors que MSF a enregistré une augmentation massive des admissions en 2023, la tendance s'est accélérée au cours des premiers mois de l'année.

Dans le seul Nord-Kivu, 69% du total des victimes traitées en 2023 dans les cinq provinces troublées l'ont été entre janvier et mai. "D'après les témoignages des patients, deux tiers d'entre eux ont été attaqués sous la menace d'une arme à feu", explique Mambula.

"Ces attaques ont eu lieu sur les sites et dans les environs lorsque les femmes et les filles - qui représentent 98 % des victimes traitées par MSF en RDC en 2023 - sortaient pour aller chercher du bois ou de l'eau ou pour travailler dans les champs."

Manque de ressources

Si la présence massive d'hommes armés dans et autour des sites de déplacement explique cette explosion de la violence sexuelle, MSF note que l'inadéquation de la réponse humanitaire et les mauvaises conditions de vie dans les camps alimentent le problème.

Le manque de nourriture, d'eau et d'activités génératrices de revenus exacerbe la vulnérabilité des femmes et des filles contraintes de travailler ou de fouiller les collines et les champs avoisinants, au risque d'être agressées par des hommes armés.

L'année dernière, une victime sur dix traitée par MSF était mineure. L'organisation souligne que le manque d'assainissement est un autre facteur.

"Sur le papier, il semble y avoir de nombreux programmes pour prévenir et répondre aux besoins des victimes de violences sexuelles", explique Mambula à TRT Afrika.

"Mais dans les camps, nos équipes se battent tous les jours pour orienter les victimes qui ont besoin d'aide. Les quelques programmes mis en place sont de courte durée et manquent cruellement de moyens."

Appel à l'action

Le rapport de MSF affirme que la violence sexuelle est une urgence médicale et humanitaire majeure en RDC qui nécessite une réponse concertée.

Sur la base des besoins exprimés par les victimes, le rapport énumère une vingtaine d'actions urgentes à entreprendre par les parties au conflit, y compris les autorités congolaises ainsi que les bailleurs de fonds internationaux et les agences humanitaires.

MSF exhorte les parties impliquées dans le conflit à garantir le respect du droit international humanitaire, y compris l'interdiction absolue des actes de violence sexuelle.

"La protection des personnes prises dans les combats doit être une priorité", indique le rapport.

L'organisation humanitaire appelle à l'amélioration des conditions de vie dans les camps de personnes déplacées. MSF demande également des investissements spécifiques pour améliorer les soins médicaux, sociaux, juridiques et psychologiques des victimes de violences sexuelles.

Cela nécessite un financement à long terme pour améliorer la formation médicale, la fourniture de kits aux centres de soins, le soutien juridique et les abris spéciaux pour les survivants.

Un financement est également nécessaire pour des activités de sensibilisation afin de prévenir la stigmatisation ou la marginalisation des victimes, qui les empêchent parfois de chercher de l'aide.

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