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Entretien exclusif avec Amélie Marzouk : « J’ai un amour inné pour l’Afrique »

Amélie Marzouk, photographe portraitiste (Crédit photo Slaine Grew)


« Photographe portraitiste, je capte la lumière intérieure des personnes qui passent dans mon objectif. Je raconte leur histoire en image et révèle les paradoxes de leur personnalité. Je vois la beauté dans chaque personne et je me suis fixée pour mission de vous la montrer à travers mes portraits ». Voilà comment se présente Amélie Marzouk, co-autrice du livre « Silences » et active sur Paris depuis 2014. Elle s’est confiée à Afrik.com.

Amélie Marzouk et Laure Rolin ont produit un ouvrage, « Silences », un mariage de photographie et de poésie. Les œuvres de la portraitiste sont en symbiose avec les mots de Laure Rolin donnant un beau produit. Un livre fabuleux, dont les origines remontent aux moments difficiles vécus par le monde entier : la pandémie du Coronavirus et les mesures restrictives qu’elle a engendrées. Un passage de l’ombre à la lumière décrit dans « Silences ».

Entretien

Parlez-nous de vos débuts dans la photographie

J’ai réalisé mes premiers portraits en 1994, lors d’un voyage à Marrakech et depuis, je ne me suis plus arrêtée. Je me suis lancée en tant que photographe professionnelle, en 2014 d’abord avec des portraits de famille et mariage. Aujourd’hui, je réalise essentiellement des portraits intimes et artistiques dans mon studio ou dans le lieu de leur choix. J’ai la chance d’avoir de nombreuses personnalités qui me confient la réalisation de leurs portraits : Alexandra Lamy, le chanteur Amir, l’artiste Richard Orlisnky, le champion de Boxe Brahim Asloum, le footballeur Frank Lebœuf…

Quel a été le rôle de votre père dans votre carrière de photographe ?

Mon père a été celui qui m’a transmis l’amour de la photo en la pratiquant de façon intensive et en m’offrant mon premier réflex à l’âge de 15 ans. Ma grand-mère a également participé à cette vocation en me racontant, chaque semaine, l’histoire des membres de ma famille à travers des photos qu’elle sortait d’une vieille malle en cuir. C’est grâce à elle que j’ai eu envie à mon tour de raconter des histoires.

Parlez-nous un peu de votre « choc photographique » au Maroc, en 1994

Je suis arrivée dans ce pays, pour la première fois, et j’ai eu un véritable choc sensoriel, olfactif et visuel. J’ai tout aimé dans ce pays : les gens, les couleurs, les parfums de cumin… J’y ai fait de merveilleuses rencontres que j’ai immortalisées en portraits.

Un choc sensoriel, olfactif et visuel au Maroc


Capter la lumière des gens ne m’a plus jamais quitté depuis et l’amour du Maroc non plus. Je retourne très souvent là-bas pour de nombreux projets photographiques.

Qu’avez-vous appris au cours de vos 25 ans d’exploration dans la photographie ?

Ce que j’aime le plus dans la photo, c’est qu’elle nourrit ma poésie intérieure et me permet de regarder le monde avec des yeux d’enfant. Je m’émerveille de la beauté de chaque petit détail que j’observe. Quand je me promène ou quand je suis assise sur une terrasse de café. Deux amoureux qui se retrouvent, des feuilles qui s’envolent au début l’automne, le reflet de l’eau sur les trottoirs…

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans l’exercice de votre profession ?

Les difficultés que je rencontre sont parfois de faire reconnaître la photographie comme un vrai métier. Certaines personnes pensent qu’il s’agit juste d’une passion. Et puis être femme entrepreneure n’est pas un long fleuve tranquille. Mais mon audace et ma persévérance sont mes meilleurs atouts.

On vous connaît assez proche de l’Afrique. Qu’est-ce qui vous lie au continent africain ?

J’ai un amour inné pour ce continent. Ce que j’aime ici c’est le cœur des gens qui guident chacune de leurs actions et toujours avec le sourire. J’aime l’énergie et les vibrations que je ressens et qui m’inspirent.

« Silences » : qu’est-ce qui vous a poussée à produire cet ouvrage ?

Avril 2020. Le monde est confiné et cet enfermement va chercher au plus profond de chacun d’entre nous, un reflet de nos propres peurs.

Sans savoir pourquoi ni comment, nous créons ; l’art en réponse au précipice. Nous aurions pu nous laisser envahir par toutes les angoisses enfermées à l’intérieur de nous-mêmes. C’est le début du projet « Silences ».

« Silences », pour trouver la lumière dans l’obscurité


Avec « Silences », nous avons engendré notre vision de l’Après, de l’aube qui chaque jour fait renaître la vie. Les photos et les textes qui se répondent, en écho, sont l’expression de plusieurs manières d’exprimer la vie, nos doutes et nos joies. À travers cette œuvre, nous avons voulu trouver la lumière dans l’obscurité. Éclairer notre monde d’un œil neuf, nos lieux de vie ou de passage, dans un monde redevenu vierge, le temps d’un frémissement. Nous avons voulu témoigner d’un instant bref à l’échelle d’une vie, mais exceptionnel à l’échelle de notre époque ; sans savoir encore ce que serait le monde de l’Après, ni de quelle façon, exactement, nous pourrions contribuer à y faire entendre notre voix.

Quels sont les projets d’Amélie Marzouk ?

J’adorerais créer une série de portraits sur la sororité des femmes, valeur fondatrice de l’Afrique. Peut-être en 2023, au Cameroun ou au Sénégal.

Une anecdote

Je vous propose de réaliser une expérience : quand vous croisez quelqu’un au bureau, faites lui un compliment sur sa tenue ou sur sa nouvelle coupe de cheveux et observez sa réaction. Ces petites phrases rendent beaux et heureux les gens alors ne vous privez pas de le faire !

Par Abubakr Diallo

 

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