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Niger : ce qui freine l’intervention militaire de la CEDEAO…

FACI 1

À tout moment, la Force en attente de la CEDEAO peut frapper à Niamey, mais les soldats de la communauté ouest-africaine qui ont eu le mandat de nos chefs d’Etat font durer le suspense. Pour les uns, c’est un balbutiement dû à des problèmes logistiques, pour les autres, il s’agit d’une tactique destinée à couvrir des négociations souterraines, la CEDEAO n’ayant pas fermé les portes à une solution diplomatique. Dans les deux cas, la nature du terrain y est pour quelque chose.

La capitale nigérienne a ceci de particulier et de commun avec le Mexique, que le palais présidentiel s’y trouve dans un quartier populaire. Une intervention militaire ferait donc forcément des victimes dans la population civile.

Ensuite, la situation présente n’est plus, ni moins qu’une prise d’otage. En effet, depuis le début, la garde présidentielle du général Tchiani retient le président de la république en otage. C’est à cette même équation que l’armée nigérienne a été confrontée, il y a deux semaines. Attaquer, c’était prendre le risque de mettre en danger la vie du chef de l’Etat et de sa famille. Il s’agissait donc de jouer le jeu pour gagner du temps, en faisant croire aux mutins que l’armée est avec eux.

Ce n’est donc pas une guerre déclarée contre le Niger, ni contre les forces armées nigériennes. Il s’agit juste de libérer des otages et de mettre hors d’état de nuire un groupuscule de soldats. L’idéal serait donc que l’intervention se fasse au moment opportun, avec le moins de dégâts possible.

Par ailleurs, attendue depuis longtemps, la société civile commence à jouer sa partition, et les partisans du président élu il y a deux ans descendent dans la rue, exiger le départ des militaires. Des guides religieux sont mêmes arrivés du Nigeria pour tenter une énième mission de bons offices.

Le président nigérien Mohamed Bazoum, est séquestré dans sa résidence, en compagnie de son fils de 20 ans et de la première dame. Les conditions de leur détention sont surveillées de près. Non seulement, il n’a pas rendu sa démission, comme l’exigeaient les mutins, mais il a pu échanger avec le milliardaire américain Elon Musk sur son compte X (anciennement Twitter) ainsi qu’avec l'ONG Human Rights Watch, il y a quelques jours.

Pendant ce temps, le général de brigade Tchiani continue de faire du dilatoire en « nommant » un gouvernement, et en envoyant des émissaires en Guinée, au Mali et au Burkina Faso, là où des putschistes sont installés au pouvoir. En effet, alors que Hassoumi Massaoudou, le ministre des Affaires étrangères et de la coopération du Niger était l’invité de Liza Fabbian (RFI) et Cyril Payen (France 24) ce lundi 14 août 2023, et que le premier ministre et d’autres membres du gouvernement sont en sécurité hors du pays, on apprend que le CNSP envisage poursuivre le président de la république pour « haute trahison » (sic).

Le président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat, la Russie et le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres souhaitent tous un retour rapide à l’ordre constitutionnel. En effet, les Etats-Unis, la France et l’Union européenne qui tiennent à bouts de bras l’économie nigérienne sont disposés à apporter tout le soutien nécessaire à la CEDEAO pour rétablir l’Etat de droit perturbé depuis le 26 juillet.

Seydou Koné

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