Assassinat du journaliste Patrick Adonis Numbi en RDC : RSF appelle les autorités à éclaircir toutes les zones d’ombre
Un mois après la découverte du corps sans vie et mutilé du journaliste congolais Patrick Adonis Numbi à Lubumbashi le 7 janvier, huit hommes ont été condamnés à mort pour son assassinat. Toutefois, de nombreuses zones d’ombre subsistent, notamment le mobile du crime. Reporters sans frontières (RSF) appelle les autorités à poursuivre leur enquête jusqu’au bout pour faire toute la lumière sur ce meurtre atroce et traduire en justice tous les responsables.
En moins d’un mois, un verdict a été rendu, et pourtant, l’enquête se poursuit : le meurtre ignoble du journaliste Patrick Adonis Numbi n’est pas complètement élucidé. Le 3 février, sur les onze prévenus, huit hommes ont été jugés coupables et condamnés à mort pour assassinat, tandis que trois femmes ont écopé de deux ans de prison pour recel de malfaiteurs. Cependant, ni le mobile du crime ni l’identité de tous les responsables n’ont encore été établis.
Le corps sans vie de Patrick Adonis Numbi, cofondateur et directeur de la chaîne de télévision locale Pamoja TV, a été découvert dans la nuit du 7 janvier au terminus de bus de Lubumbashi, dans le sud-est de la République démocratique du Congo (RDC). Il avait les marques de quatre coups de machette à la tête et de plusieurs coups de couteau aux côtes. L’un de ses yeux était sorti de l’orbite, et son bras gauche était brisé. “Dans la culture locale, de telles mutilations sont généralement un signe de punition”, témoigne un confrère.
Le jour de sa mort, le journaliste revenait d’un tournage sur l’accaparement illégal d’une portion de rivière près du lac Kipopo à Lubumbashi, selon l’un de ses collègues. Ses deux caméras, son ordinateur et son téléphone, qu’il avait sur lui, ont été volés la nuit de son assassinat et n’ont toujours pas été retrouvés.
“L’issue du procès de l’assassinat du journaliste Patrick Adonis Numbi laisse subsister d’importantes zones d’ombre, notamment quant au mobile du crime et à l’implication d’autres personnes. RSF appelle les autorités à aller jusqu’au bout de leur enquête et à étudier toutes les pistes, en particulier celle d’un crime lié à son activité journalistique, afin d’établir toute la vérité et de traduire en justice l’ensemble des responsables.”
Sadibou Marong, Directeur du bureau Afrique subsaharienne de RSF
Interdiction de parler de l’assassinat : des journalistes menacés
Le lendemain de l’assassinat du journaliste, la section du Haut-Katanga de l’Union nationale de la presse congolaise (UNPC) a organisé une marche d’hommage à Patrick Adonis Numbi et de protestation contre l’insécurité, en particulier des journalistes, dans la ville. Dans les jours qui ont suivi, plusieurs journalistes ayant participé à la mobilisation ont reçu des menaces de mort anonymes, leur ordonnant de ne pas s’exprimer sur l’affaire.
La RDC est l'un des pays les plus dangereux du continent africain pour les journalistes. Arrestations, détentions, agressions, menaces, disparitions forcées, assassinats, médias suspendus, pillés ou saccagés… Leur sécurité y est constamment menacée.
La RDC occupe la 123e place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2024.
Source : CP RSF
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