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Arman Soldin, journaliste français de l'Agence France-Presse, tué dans une frappe dans l'est de l'Ukraine

Arman Photo
Arman Soldin faisait partie de l'équipe AFP qui avait couvert les tout premiers jours de l'invasion russe en Ukraine. Ici en mars 2022. AFP - Aris Messinis


Le coordinateur vidéo de l'Agence France-Presse en Ukraine, Arman Soldin, a été tué ce mardi après-midi lors d'une attaque de roquettes Grad dans les environs de Tchassiv Iar, localité ukrainienne à proximité de Bakhmout.

Arman Soldin, 32 ans, et quatre autres journalistes se trouvaient avec des militaires ukrainiens lorsqu'ils ont été pris sous une salve de roquettes. La frappe a tué le coordinateur vidéo de l'Agence France-Presse en Ukraine. Ses quatre collègues sont tous indemnes.

« L'Agence dans son ensemble est effondrée », a déclaré Fabrice Fries, le PDG de l'AFP. « Sa mort est un terrible rappel des risques et dangers auxquels sont confrontés les journalistes au quotidien en couvrant le conflit en Ukraine », a-t-il ajouté. Phil Chetwynd, directeur de l'information de l'agence de presse, a salué la mémoire d'un journaliste « courageux, créatif et tenace ». « Le travail brillant d'Arman résumait tout ce qui nous rend fier du journalisme de l'AFP en Ukraine », a-t-il poursuivi.

« Le plus humain. Le plus vivant »

Journaliste reporter d'images expérimenté précédemment en poste à Londres, Arman Soldin était le coordinateur vidéo en Ukraine depuis septembre 2022 et se rendait très régulièrement sur le front. Il faisait partie également de l'équipe AFP qui avait couvert les tout premiers jours de l'invasion russe. « Arman était enthousiaste, énergique, courageux. C'était un vrai reporter de terrain, toujours prêt à partir, y compris dans les zones les plus difficiles », a dit la directrice Europe de l'AFP, Christine Buhagiar. « Il était débordant d'énergie, c'est même ainsi qu'il se définissait lui-même sur les réseaux. D'une dévotion totale à son métier de journaliste », a-t-elle salué.

« Le meilleur, le plus pro, le plus calme, le plus souriant, le plus humain. Le plus vivant. Pour Toujours », a rendu hommage l'une de ses collègues, qui s'est rendue avec lui en Ukraine, Daphné Rousseau.

Recruté à Rome en 2015 en tant que stagiaire avant de rejoindre le bureau de Londres la même année, Arman, de nationalité française et bosnien d'origine, était né à Sarajevo. Il est au moins le 11e reporter, fixer ou chauffeur de journalistes à avoir été tué en Ukraine depuis le début de l'invasion russe le 24 février 2022, selon un décompte des ONG spécialisées RSF et CPJ.

Une grande partie des images d'Arman étaient d'ailleurs tournées au téléphone portable, non seulement pour la légèreté mais aussi pour moins impressionner ceux qu'il interrogeait. « Il avait fait une vidéo d'un mec qui dansait tout seul face au Vatican dans Rome déserte, une autre vidéo d'un mec qui faisait du skate dans une ville en Ukraine, complètement dystopique », raconte un collègue.

« Le monde a une dette envers Arman »

Quand la Russie a envahi l'Ukraine en février l'année dernière, Arman s'est porté volontaire pour faire partie des premiers envoyés spéciaux de l'Agence. « Un an presque jour pour jour depuis mon arrivée en Ukraine pour la première fois qui a changé ma vie », écrivait-il en février, se disant « très fier et ému du travail, des efforts et des larmes que nous y avons consacrés avec mes collègues ». « Ce n'est pas fini », ajoutait-il.

À l'Assemblée nationale, les députés de tous les groupes se sont levés pour applaudir en hommage à Arman Soldin. Sur Twitter, Emmanuel Macron a salué son « courage ». « Dès les premières heures du conflit, il était au front pour établir les faits. Pour nous informer », a rappelé le président français. La Première ministre Elisabeth Borne a déploré « une mort tragique » qui rappelle « le courage de tous les journalistes qui s'engagent pour nous informer au péril de leur vie ». « Le monde a une dette envers Arman et les dix autres reporters et employés de médias qui ont perdu la vie » en couvrant le conflit, a réagi pour sa part la porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre.

Le Kremlin a appelé mercredi à éclaircir les « circonstances » de la mort du journaliste tout en exprimant sa « peine ». « Il nous faut comprendre les circonstances de la mort de ce journaliste », a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, en appelant à ne pas « prendre pour argent comptant » les affirmations ukrainiennes désignant les Russes comme les auteurs de la frappe mortelle. « Nous ne pouvons qu'être peinés au sujet » de la mort du coordinateur vidéo de l'AFP en Ukraine, a-t-il ajouté.

(Avec AFP)

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