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Silicon valley bank, crédit suisse: la semaine noire des banques mondiales en cinq questions

Crises banques BFM

Le secteur bancaire a été secoué par la faillite de plusieurs établissements américains et la dégringolade boursière de Crédit Suisse. Pourquoi les banques ont-elles vécu une semaine noire?


La faillite de plusieurs banques américaines et les déboires de Crédit Suisse ont chahuté le secteur bancaire depuis un peu plus d'une semaine, ravivant le spectre d'une crise financière. Retour sur cette "semaine noire" pour les banques.

• Qu'est-il arrivé à Silicon Valley Bank ?
Tout a commencé avec l'annonce de la mise en liquidation de la Silvergate Bank, le mercredi 8 mars: cette petite banque régionale, très prisée par l'écosystème des cryptomonnaies, a été victime de retraits massifs dans le sillage de plusieurs accidents dans le monde cryptop, notamment la faillite de la plateforme FTX.

Le même jour, une présentation de la Silicon Valley Bank (SVB), spécialisée dans le financement des entreprises de la tech, alerte les investisseurs et les clients, alors même qu'elle devait les rassurer, la banque souffrant du ralentissement de la tech. Ils se ruent sur leurs avoirs et la banque s'effondre en Bourse, la poussant à la faillite. L'Agence de garantie des dépôts (FDIC), émanation du gouvernement américain, décide alors de prendre le contrôle de la banque dès le vendredi 10 mars, au bord de l'implosion sous l'effet des retraits massifs.

• Que s'est-il passé avec les banques américaines?
À la suite de la faillite de SVB, des banques moyennes ou régionales sont malmenées en Bourse. Le sort des dépôts de SVB, dont seuls 4% des 170 milliards de dollars détenus sont garantis par la FIDC, inquiète le secteur de la tech, et l'anxiété se propage aux particuliers et aux entreprises d'autres secteurs.

Pour calmer la panique, la Fed (la Réserve fédérale, banque centrale américaine), le Trésor américain et la FIDC annoncent dimanche que les clients de SVB pourront retirer la totalité de leurs dépôts. La Fed sort également l'artillerie financière en offrant des prêts à toutes les banques qui en auraient besoin pour honorer des retraits. Mais les autorités américaines annoncent aussi, le même dimanche, la fermeture d'office de la Signature Bank, vingt-et-unième banque du pays et troisième faillite de la semaine.

Le jeudi suivant, le 17 mars, c'est une nouvelle banque qui est dans la tourmente, la First Republic, quatorzième banque des États-Unis. Onze grandes banques américaines volent néanmoins à son secours en y déposant 30 milliards de dollars pour renforcer ses liquidités et éviter la contagion des faillites précédentes. Sans vraiment calmer les inquiétudes, First Republic chutant encore en Bourse ce vendredi.

• Qu'est-il arrivé à Crédit Suisse?
Numéro 2 du secteur bancaire suisse, Crédit Suisse a accumulé les mauvaises nouvelles depuis le début du mois de mars, notamment la perte de l'un de ses actionnaires de long terme et la publication d'un rapport annuel reconnaissant des "faiblesses substantielles" dans ses contrôles internes.

Mais ce sont des déclarations du président de la Banque nationale saoudienne (SNB), son principal actionnaire, qui suscitent un vent de panique. Dans une interview donnée le mercredi 17 mars, ce dernier assure qu'il n'allait "absolument pas" recapitaliser la banque suisse en cas de problème financier. L'action de Crédit Suisse s'effondre en Bourse (-24,24%) le même jour, les marchés craignant notamment une "ruée bancaire" des grandes fortunes qui ont placé leurs avoirs au Crédit Suisse.

• Pourquoi s'est-on inquiété?
Si la faillite de SVB a rendu les marchés très nerveux, le "mercredi noir" de Crédit Suisse n'en est pas une conséquence directe. Car les inquiétudes au sujet du groupe, considéré comme le maillon faible du système bancaire suisse, ne sont pas nouvelles: dans le sillage de la faillite de la société financière britannique Greensill en mars 2021, une succession de scandales a fragilisé le groupe, qui a perdu plus de 80% de sa valeur. Sans oublier des revenus en chute libre et la présentation d'un vaste plan de restructuration.

Entraînées par la débâcle boursière de Crédit Suisse et les craintes de contagion, les valeurs bancaires européennes dégringolent elles aussi le même jour, fruit d'un mouvement de panique. Des banques comme Deutsche Bank, Commerzbank, Société Générale, BNP Paribas ou encore Banco Sabadell perdent plus de 10%.

La banque centrale suisse réagit en assurant de son soutien et en s'engageant, dans la nuit de mercredi à jeudi, à prêter jusqu'à 50 milliards de francs suisses (50,66 milliards d'euros) de liquidités à Crédit Suisse. Après la pire séance boursière de son histoire, le groupe bancaire reprend des couleurs le lendemain (+19,15%). Mais les remous se réveillent dès ce vendredi, le groupe chutant à nouveau en Bourse. L'action a cloturé en chute de 8,01%.

• Quelles ont été les conséquences en Europe?
En Europe, la succession de faillites aux États-Unis et les déboires boursiers de Crédit Suisse ont ravivé le spectre de la crise financière de 2008. Les indices boursiers et les valeurs bancaires ont été chahutés ces derniers jours, avant que les aides apportées aux banques américaines et au groupe suisse ne ramènent l'apaisement sur les marchés.

Lors d'une réunion de la Banque centrale européenne (BCE) au lendemain de la "journée noire" de Crédit Suisse, sa présidente Christine Lagarde s'est voulue rassurante en garantissant que les banques européennes étaient "solides", mais que l'institution serait prête à intervenir "si nécessaire" pour protéger le système financier. Et, malgré les turbulences, la BCE a poursuivi sa lutte contre l'inflation et n'a pas renoncé à augmenter ses taux directeurs le même jour, comme prévu, de 0,5 point de base.

Mais le calme a été de courte durée malgré toutes les bouées de sauvetage: après une journée de répit, le secteur bancaire chute encore en Bourse ce vendredi, emportant tous les indices européens: vers 15h (heure de Paris), Paris reculait de 1,11%, Francfort de 1,04% et Milan de 1,33%.

Jérémy Bruno avec AFP
BFM

 

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