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Tribune : Ukraine : après trois ans de combats, la Russie toujours incapable de l’emporter (Douglas Mountain)

Putine Zelensky 2

Lorsqu’elle faisait pénétrer ses troupes d’élite en Ukraine le 22 Février 2022, l’armée russe était loin de se douter que trois années plus tard, elle en serait toujours à combattre les Ukrainiens. Car après trois ans de combats, les lignes de front ont peu bougé. En soi, cela reste un exploit pour l’armée ukrainienne que tous les spécialistes occidentaux ne voyaient pas tenir deux semaines face à une armée présentée comme la seconde du monde. Sur le papier en effet, l’armée russe était au moment de l’invasion un tigre impressionnant. Mais la tournure des évènements a bien montré que cette armée a tout d’un "tigre de papier". En 2007, Vladimir avait prétendu qu'en deux jours, ces armes pouvaient être à Vilnius, Riga, ou Kiev. En fait, la crise ukrainienne a montré qu'il avait totalement surestimé les capacités de son armée.

On parle très souvent de l'aide que l'Ukraine a reçu des pays occidentaux. Mais la Russie en a aussi reçu et en reçoit toujours de la Chine, de l’Inde, de l’Iran, de la Corée du Nord qui a déployé quelque 10 000 hommes sur le terrain avec un impressionnant lot d'équipements. La Russie a quasiment vidé ses prisons, et fait appel à des milliers de "volontaires" en provenance des pays en développement dont les pays africains. Malgré cela, et malgré l'importance de son secteur militaro industriel, elle n’arrive pas à plier l’affaire depuis trois. Pire, l'Ukraine a envahi une portion de son territoire depuis 06 mois. La Russie reste pour l’instant incapable de l’en déloger, même si elle a depuis reconquis une partie du territoire occupé par l’armée ukrainienne.

Quand on voit les déboires de l’armée russe sur le terrain, on se demande si la Russie a vraiment la capacité de déclencher d’autres guerres comme les dirigeants européens semblent le redouter. Aujourd’hui toutes les nations européennes se lancent fiévreusement dans des programmes d’armement. Mais la crainte que suscite la Russie en Europe est irraisonnée au vu des performances de l’armée russe sur le terrain. Si elle n’arrive pas à défaire l’Ukraine, qu’en sera-t-il si elle s’en prend à des pays technologiquement matures comme l’Angleterre, l’Allemagne, la France, la Suède, et même la Pologne présentée comme le pays européen qui a accompli le plus grand bond en équipement militaire ces dernières années ? En fait, abstraction faite de l’arme nucléaire, la Russie aujourd’hui ne devrait plus effrayer personne.

Plus du tiers de la flotte russe de la mer noire a été coulée, le reste a déserté la zone pour se réfugier dans des ports sur la mer d’Azov et sur les côtes géorgiennes. Aujourd’hui plus aucun navire militaire russe ne peut emprunter sereinement la mer noire, du fait de la présence des drones navals ukrainiens, ces petits bateaux téléguidés armés de bombes ou de missiles. Ils ont même abattu en Janvier dernier deux hélicoptères mil-mi 24 russes, des engins de transport qui peuvent emporter jusqu’à une centaine d’hommes et des chars. Résultat, les patrouilles aériennes russes au-dessus de cette mer se font également plus rares.

Si la Russie bombarde les infrastructures énergétiques ukrainiennes afin de priver le pays de l’électricité, et même les villes pour terroriser les populations civiles, l'Ukraine s'attaque aux raffineries, aux dépôts pétroliers, aux dépôts de munitions russes, aux industries militaires. Chaque semaine, des raffineries russes sont en flammes. On estime que la Russie a perdu environ 15% de sa capacité de raffinage. Résultat, elle importe aujourd’hui des produits pétroliers raffinés, principalement des Emirats et d’Inde. Les Ukrainiens ont aussi commencé à frapper les oléoducs et les stations de pompage, afin de priver le pays des ressources qu’il tire de la vente de son pétrole.

La Russie lance essentiellement des missiles sur l’Ukraine, parce que son aviation ne peut plus intervenir du fait des équipements anti aérien obtenus par l'Ukraine des occidentaux. Par la force des choses, l'Ukraine est devenue experte en drones d’attaques. Ces engins frappent de plus en plus en profondeur en Russie. Les drones empêchent les russes d’utiliser massivement des chars, car ceux-ci sont aussitôt repérés et détruits. Aussi entre fin 2022 et fin 2024, le front globalement n’a pas bougé, les russes ne sont capables d’aucune percée véritable du front, ils grignotent du terrain au prix de lourdes pertes en hommes, leurs divisions sont envoyées en vague contre les défenses ukrainiennes, et bien peu d’hommes en réchappent, ainsi que l’ont confirmé plusieurs africains incorporés dans l’armée russe et qui ont pu s’enfuir. Les missiles hypersoniques ( Kinjal, zircon etc....) que Vladimir Poutine a maintes fois présentés comme des armes imparables, ont jusque là eu peu d'effets sur le cours de la guerre.

Aujourd’hui le front est gelé. Il est vrai que l’Ukraine n’a pas la capacité de récupérer ses territoires occupés par la Russie car elle manque cruellement d’hommes. Mais la Russie non plus n'a pas la capacité de l’emporter militairement au vu de ce qu’elle a démontré depuis trois ans. Elle commence elle aussi à manquer d’hommes, d’où son appel à l’armée nord-coréenne. Aujourd’hui les deux belligérants sont sur le point d’entamer des négociations. Mais quelles qu’en soit l’issue, les analystes sont unanimes sur le fait que l’armement sera désormais au cœur des priorités pour tous les présidents ukrainiens qui vont se succéder à la tête du pays, avec pour objectif de reprendre un jour aux russes les territoires perdus. Cette guerre augure un monde futur plus troublé en Europe.

Douglas Mountain

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Le Cercle des Réflexions Libérales

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