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Mali : dissoudre les élections… (Par Francis Laloupo)

Assimi Goita
La dissolution par les autorités maliennes de l’Observatoire pour les Elections et la Bonne Gouvernance illustre un nouveau tournant dans l’évolution de la transition au Mali, soulignant le projet d’ancrage d’un ordre autoritaire.

L’Observatoire pour les Elections et la Bonne Gouvernance au Mali a été dissout le 20 décembre dernier. Cette mesure a été annoncée par un communiqué du ministre de l’Administration et de la Décentralisation. Raison évoquée : défaut de communication à l’Administration des sources de financement des actions de l’association. Selon Jean-François Marie Camara, politologue et enseignant-chercheur à l’université de Bamako, un tel reproche aurait dû, tout au plus, valoir aux contrevenants présumés «un avertissement ou une suspension pour permettre à l’Observatoire de se mettre en règle avec l’Administration». Mais à ce délit administratif présumé s’ajoute un autre, ainsi formulé dans le même communiqué : « Le président de cette association s’adonne à des déclarations de nature à troubler l’ordre public, y compris ses pronostics sur le taux de participation au référendum de Juin 2023, en violation des prérogatives de l’Autorité Indépendante de Gestion des Élections ». Comment peut-on interdire à un organisme dont l’objet est d’observer les conditions de la tenue de scrutins et la transparence des processus électoraux, d’émettre des avis en ce domaine ? Comme le dit l’adage, «qui veut noyer son chien, l’accuse de la rage» …

Expansion de la logique autoritaire

Il y a quelques semaines, la junte décidait du report, sine die, des élections prévues en février 2024 et censées mettre fin à la transition. Début décembre, le président de l’Observatoire des Elections, Ibrahima Sangho, avait formulé des réserves à l’égard du report du processus électoral, indiquant que les conditions pouvaient être réunies pour «organiser des élections en mars 2024». Une position jugée inopportune, voire outrecuidante dans les cercles du pouvoir putschiste. En décidant de dissoudre cette association, le régime militaire confirme, à qui ne le saurait pas encore, sa fermeture à toutes formes d’opposition, ainsi que sa détermination à briser toute velléité de contestation de son programme. Au cours des prochaines semaines, le pouvoir militaire devraitfaire prévaloir son nouveau chronogramme sur ses engagements antérieurs, notamment en ce qui concerne la durée de la transition. A cet effet, «une campagne anti-élections» pourrait prospérer sur les réseaux sociaux pour soutenir cette nouvelle séquence de l’Etat d’exception au Mali. Alors que la liste des personnalités harcelées ou détenues pour délit d’opinion ne cesse de s’allonger, l’expansion de la logique autoritaire signale la volonté du régime putschiste de s’installer dans la durée. Pour combien de temps ? Les Maliens s’accommoderont-ils durablement de cette liquidation systémique des libertés individuelles et collectives ? Combien sont-ils à accepter cet état de fait ? En tout cas, pour faire avancer sa cause, la junte peut compter, en plus de ses relais nationaux fanatisés, sur un réseau de propagandistes extérieurs qui , pour la plupart, n’ont découvert le Mali que depuis l’instauration de ce régime. Ce sont eux qui accompagnent le pouvoir de transition de leur vacarme informationnel niché dans les réseaux sociaux. Influenceurs débordant de toutes les audaces, insulteurs publics, néo-panafricanistes autoproclamés «représentants des peuples d’Afrique», révolutionnaires de la 25e heure… tous promoteurs décomplexés et opportunistes d’un ordre autoritaire…

Cette galaxie aux desseins équivoques, et ne relevantd’aucune légitimité élective, participe aujourd’hui de la conduite du destin collectif des Maliens... Lire la suite sur LSI-AFRICA
Par Francis Laloupo

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