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L’information de qualité a un prix (par Pierre Karl Péladeau, Québecor)

Pelardeau quebecor

Au Canada, les plateformes numériques étrangères diffusent des contenus d’information qu’elles ne créent pas et s’en servent gratuitement comme matière première pour alimenter leurs sites, entretenir leurs utilisateurs, s’attirer de nouvelles clientèles et générer d’imposants revenus. Le projet de loi C-18 déposé par le gouvernement fédéral est un premier pas dans la bonne direction parce qu’il reconnaît que l’exploitation et la diffusion de contenus locaux d’information sans rémunération sont inéquitables et préjudiciables à la pérennité de nos médias d’information.

À titre d’exemple, les géants comme Google et Facebook, dont la capitalisation boursière combinée dépasse les 1600 milliards de dollars américains, bradent nos contenus, notre propriété intellectuelle et empilent les dollars publicitaires auparavant destinés aux entreprises d’ici qui, elles, créent des centaines de milliers d’emplois chez nous, générant une importante croissance économique qui permet, par conséquent, à autant de familles de bénéficier de revenus décents.

Bien que les entreprises médiatiques canadiennes, lourdement réglementées et hypothéquées par la perte de revenus publicitaires, réussissent à investir des centaines de millions de dollars chaque année pour produire des contenus de nouvelles de grande qualité au bénéfice des Canadiens, c’est ironiquement aux GAFAM que profitent notre saine gestion, nos innovations et le dévouement de nos professionnels de l’information.

Comme le démontre un sondage publié cette année par Médias d’Info Canada, 90% des Canadiens valorisent le contenu médiatique local et près de 80% d’entre eux estiment que les géants du web devraient être tenus de partager leurs revenus avec les médias canadiens.

La portée numérique des médias de Québecor – TVA Nouvelles, LCN, Journal de Montréal, Journal de Québec, 24 heures et QUB radio – illustre bien cet intérêt pour le contenu d’ici. Notre groupe se classe au troisième rang des joueurs médiatiques canadiens les plus importants et à la tête du classement des médias francophones (Comscore, 2021). Le contenu d’information de TVA et de LCN se démarque aussi sur les plateformes traditionnelles en occupant la deuxième position au palmarès des contenus les plus écoutés par tous les Canadiens, et ce malgré une exploitation francophone seulement. (Numéris, 2021).

Ces réalités ne peuvent être niées par les GAFAM qui cherchent à contrer la législation proposée et à maintenir le statu quo. L’information de qualité a un prix. Les Canadiens y tiennent. Sans elle, ce pays ne serait pas le même. Et, rivalisant d’imagination pour faire peur au monde, les GAFAM vont même jusqu’à prétendre que le CRTC et «l’élite» seraient dorénavant en mesure de décider de ce qui pourrait être publié ou non. Cette fausse affirmation est une pure tactique de diversion que nous devons dénoncer.

Le projet de loi C-18 doit être adopté rapidement afin que l’utilisation des contenus d’information d’ici soit reconnue et rémunérée à sa juste valeur par les géants du numérique. Exit le buffet à volonté.

L’avenir des contenus d’information canadiens et, ultimement, la santé de notre démocratie en dépendent.

 

*Pierre Karl Péladeau est président et chef de la direction de Québecor

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