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Journée nationale du pardon et du souvenir 2023 : La déclaration de la confédération des victimes des crises ivoiriennes (Covici)

Victimes guerre 2

A la faveur de la commémoration de la Journée nationale du pardon et du souvenir, célébrée le 16 décembre de chaque année en Côte d'Ivoire, la Confédération des organisations de victimes de crises ivoiriennes (Covici) a publié la déclaration ci-dessous. Elle a été lue par son président, M. Kanté Lassina.


La date du samedi 16 décembre 2023 marque la Journée Nationale du Pardon et du Souvenir, conformément au décret n°2020-608 du 05 août 2020.

Une Journée symbolique qui permet de se remémorer des souffrances vécues par les victimes, de prendre conscience des effets dévastateurs de la guerre et de s’inscrire résolument dans les initiatives de cohésion sociale et paix.

La COVICI félicite le gouvernement ivoirien avec à sa tête le Président Alassane Ouattara pour avoir pris cette décision importante qui s’adosse aux recommandations formulées par la CDVR à l’issue de ses travaux en 2012.

En effet, la Côte d’Ivoire a connu en 2010-2011, la plus grave de ses crises post-électorales de sa jeune histoire qui a fait plus de 3000 morts, des nombreux blessés graves, des cas de viols, de milliers de déplacés et des destructions de biens. La CONARIV, née des cendres de la CDVR, qui avait pour mandat d’établir un fichier unique consolidé des victimes et mettre en œuvre les programmes de réparation des victimes a dénombré avec précision les chiffres des crises allant de 1990 à 2011:

- 874 055 demandes de réparation enregistrées
- 557 101 dossiers invalidés
- 316 954 dossiers validés dont 0,77% de victimes de VBG, 8,45% de victimes de blessés graves, 6% de meurtres et/ou de disparition et 84, 78% de victimes de destructions de biens

Huit années après le début (soit depuis le 4 août 2015) de la mise en œuvre de la volonté du Chef de l’Etat de ne laisser aucune victime pour compte, le taux de réparation des victimes n’excède guère les 5% à ce jour. Et pourtant un budget annuel de 10 milliards avait été annoncé pour adresser de manière efficiente et durablement la question.

Les victimes voient de plus en plus l’éventualité d’une réparation par l’Etat devenir hypothétique contrastant avec l’engouement des premières années où elles étaient au centre de toutes les attentions au plan national comme international.

Les victimes des crises ne doivent pas être sacrifiées sous l’autel de la réconciliation avait averti l’ex-Ministre de la Réconciliation Nationale.
Pour la COVICI, qui fête son dixième anniversaire, cette journée d’hommage aux victimes est une opportunité pour attirer l’attention du Chef de l’Etat sur la situation difficile que traversent les victimes depuis des années.

- Les chèques d’un million pour les cas décès ne sont plus distribués
- Les prises en charges médicales sont devenues la croix et la bannière pour les victimes blessées
- Les prises en charges des orphelins du fait de la guerre sont insignifiantes

Pendant ce temps, la liste des victimes consolidée par la CONARIV n’est pas encore rendue publique, l’avant-projet de loi sur le Statut des victimes se trouve sur la table du Gouvernement depuis 2016.

La COVICI rappelle que la réparation est un droit inscrit dans divers instruments juridiques internationaux dont la charte des Nations Unies, les conventions de Genève, la Déclaration universelle des droits de l’homme, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, les résolutions de l’Assemblée générale des Nations Unies (à savoir les Principes fondamentaux et directives concernant le droit à un recours et à réparation des victimes de violations flagrantes du droit international des droits de l’homme et de violations graves du droit international humanitaire, adopté en 2005).

C’est pourquoi, la COVICI recommande :

- Au Chef de l’Etat
 que la réparation des Victimes soit placée au cœur du processus de réconciliation nationale
 la publication de fichier unique consolidé des Victimes
 le vote de l’avant-projet de loi sur le Statut des victimes
 l’octroi d’une rente viagère à des victimes rendues invalides du fait de la guerre

- au Ministre de la Cohésion nationale, de la Solidarité et de la lutte contre la Pauvreté ;
 la reprise de la distribution des chèques d’un million aux parents de victimes décédées
 l’élaboration d’un itinéraire de prise en charge médicale et sa vulgarisation auprès des victimes et associations de victimes
 la participation des organisations de victimes dans la conduite du processus de réparation afin de la rendre plus visible et lisible
 la mise en œuvre des résolutions de la CDVR et de la CONARIV

- aux victimes :
 le pardon et la résilience
 la prise d’initiatives de cohésion sociale
 la participation aux politiques publiques de réconciliation, de paix et de cohésion sociale

La Covici

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