Mali: L’opposant Issa Kaou N'Djim condamné à deux ans de prison
L’opposant malien Issa Kaou N'Djim, arrêté par la junte au pouvoir à Bamako le mercredi 13 novembre 2024, a été condamné hier, 30 décembre, à deux ans de prison dont un ferme. Bien connu grâce aux réseaux sociaux pour ses prises de position en faveur du président ivoirien dans le conflit que veulent lui imposer les dirigeants de l’AES, Kaou N'Djim était poursuivi pour « offense commise publiquement envers un chef d'État étranger » et « injures par le biais de systèmes d'information », délits qu’il aurait commis sur la chaîne malienne Joliba TV News.
Le mois dernier, effectivement, invité sur un plateau télé, il avait émis de sérieux doutes sur la vraisemblabilité d'un pseudo coup d'État déjoué au Burkina Faso voisin. Le Conseil supérieur de la Communication du Burkina Faso (CSC) l’avait alors accusé d’avoir offensé le pouvoir militaire. Les putschistes maliens s’étaient donc empressés d’actionner leur Haute Autorité de la Communication (HAC), également aux ordres, pour d’abord retirer sa licence à Joliba TV News le 21 novembre 2024, avant de se résoudre finalement à ne suspendre que six mois la chaîne.
Kaou N'Djim avait juste relevé que, plutôt que de s’inquiéter de l’impuissance du pouvoir à faire face à la montée en puissance des terroristes qui règnent sur le sahel, la télévision d'État burkinabè (RTB) distrayait la population avec de grossiers montages abusivement qualifiés de « flagrant délit de tentative de coup d'État ».
En effet, les dirigeants du triangle des putschistes (Mali – Burkina Faso – Niger), incapables de gérer le pouvoir rivalisent dans l’art de faire des déclarations toutes vides de sens les unes que les autres : « rupture avec effet immédiat », « retrait irréversible de la CEDEAO », « déstabilisation du régime par l’étranger », etc. Après l’euphorie des coups d’états, nos Che Guevara locaux ont découvert que gérer un pouvoir ne consiste pas à s’installer au palais par la force pour faire bombance aux frais de la princesse.
Pendant ce temps, et en attendant que prenne fin cette gaminerie, la communauté internationale maintient à leurs postes les fonctionnaires internationaux maliens, et poursuit autant que faire se peut, l’exécution des projets d’aide aux pauvres populations de ces pays, tenues en joue par la soldatesque.
L’émission incriminée avait été diffusée le 10 novembre 2024, et lors de l’audience de l’opposant, le lundi 23 décembre 2024, le procureur avait requis une peine d’emprisonnement ferme d’un an assorti d’une amende de 5 millions de francs CFA.
Partisan de la chute de l’ancien président IBK, Issa Kaou N'Djim a été, par la suite, porte-parole de l’imam Mahmoud Dicko, actuellement en exil.
Seydou Koné
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