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Partout dans le monde, les fondements de la démocratie sont menacés (IDEA International)

secretary general IDEA pdt botswana

Un pays sur deux en déclin démocratique, allant des élections biaisées aux restrictions des droits. Photo : Le secrétaire général de IDEA International, Kevin Casas-Zamora recevant le président Mokgweetsi Masisi du Botswana à son QG à Stockholm (Suède)


Stockholm – D’après un nouveau rapport de l’Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale (IDEA International), organisation intergouvernementale basée à Stockholm, les fondements de la démocratie se fragilisent partout dans le monde. Un pays sur deux connaît un déclin démocratique, qui se traduit par des élections biaisées ou encore des atteintes aux droits, tels que les libertés d’expression et de rassemblement.

Cette détérioration est exacerbée par l’érosion des contre-pouvoirs formels (élections, parlements et tribunaux), qui peinent à faire respecter la loi et à demander des comptes aux responsables politiques. Ce déclin survient alors que l’inflation, le changement climatique et la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine posent des défis importants aux dirigeants élus.

Près de la moitié (85) des 173 pays interrogés ont enregistré une baisse d’au moins un indicateur clé de performance démocratique au cours des cinq dernières années, parmi 17 indicateurs allant des libertés civiles à l’indépendance judiciaire. En 2022, pour la sixième année consécutive, le nombre de pays enregistrant un déclin net était supérieur au nombre de pays enregistrant une progression nette. Il s’agit de la plus longue baisse consécutive depuis le début de nos relevés en 1975. Ce déclin touche le monde entier, de la Corée du Sud au Bénin en passant par le Brésil, le Canada, le Salvador et la Hongrie.

Certains pays affichent toutefois des taux de participation politique étonnamment élevés et des niveaux de corruption en baisse, en particulier en Afrique. Les organisations et mouvements tels que les organismes de gestion des élections, les agences de lutte contre la corruption et les institutions de défense des droits constituent de nouveaux contre-pouvoirs et permettent de prévenir les abus.

« De nombreux pays peinent à préserver ne serait-ce que les aspects fondamentaux de la démocratie », déclare Kevin Casas-Zamora, secrétaire général d’IDEA International. « Si bon nombre de nos institutions formelles, comme les organes législatifs, affichent des signes de faiblesse, on peut néanmoins espérer que ces contre-pouvoirs moins formels, qu’il s’agisse des journalistes, des organisateurs d’élections ou des commissaires chargés de la lutte contre la corruption, arriveront à contrecarrer les tendances autoritaires et populistes. »

Compte tenu de la complexité des performances démocratiques, le rapport « The Global State of Democracy 2023 – The New Checks and Balances » (« Rapport sur l’état de la démocratie dans le monde 2023 – Les nouveaux contre-pouvoirs ») remplace, pour la première fois, le système de classement général des pays par une notation en quatre catégories principales : représentation, droits, état de droit et participation.

Les résultats de la catégorie Représentation politique - élections transparentes et contrôle parlementaire efficace - se sont détériorés, y compris dans des démocraties performantes comme le Costa Rica et le Portugal. La vague de coups d’État en Afrique, dont les plus récents ont touché le Niger et le Gabon, a également mis en lumière cette tendance mondiale inquiétante.

Les résultats de la catégorie « État de droit », comme l’indépendance judiciaire et la protection des citoyens contre la violence politique, ont diminué à l’échelle mondiale, y compris dans des pays tels que l’Autriche, la Hongrie et le Pérou.

Toutes les régions ont souffert d’une érosion du respect des droits fondamentaux, y compris des libertés d’expression et de rassemblement. Parmi ces pays figurent l’Autriche, le Salvador, l’Italie, le Sénégal et la Slovénie.

La participation politique, qui mesure le degré d’implication des citoyens dans l’expression démocratique pendant et entre les élections, s’est cependant renforcée dans de nombreux pays, y compris en Éthiopie, en Zambie et aux Fidji.

De nombreuses démocraties établies ont connu des revers dans ces catégories essentielles au cours des cinq dernières années. On peut citer le déclin de l’égalité des groupes sociaux aux États-Unis, les atteintes à la liberté de la presse en Autriche et la dégradation de l’accès à la justice au Royaume-Uni.

En conclusion, le rapport préconise la prise de mesures en faveur d’un renouveau démocratique mondial, dont le soutien aux organismes de gestion des élections et aux tribunaux indépendants, l’engagement total des gouvernements à protéger l’espace civique, et la mise en place de garde-fous juridiques garantissant l’indépendance des institutions qui protègent les élections, enquêtent sur la corruption et supervisent les programmes gouvernementaux.  

Le rapport mondial couvre 173 pays et sera présenté le 2 novembre 2023 à 17 h 00 CET, lors d’un événement mondial diffusé en direct au cours duquel le président du Botswana Mokgweetsi E.K. Masisi et le président du Timor-Leste José Ramos-Horta prononceront un discours liminaire.

Régions

Europe

De nombreuses démocraties européennes établies ont vu leurs performances démocratiques décliner, y compris l’Autriche, les Pays-Bas, le Portugal et le Royaume-Uni dans la catégorie « État de droit ». Bien que l’autoritarisme continue de faire peser une menace douloureusement apparente sur la paix et la démocratie, notamment dans les pays non démocratiques que sont l’Azerbaïdjan, la Biélorussie, la Russie et la Turquie, le continent conserve son statut de région la plus démocratique au monde. On relève toutefois des signaux encourageants, notamment en Europe centrale où plusieurs pays ont réalisé des progrès considérables, en particulier en matière d’état de droit.

Amériques

Si la plupart des pays des Amériques sont parvenus à organiser des élections transparentes et continuent d’afficher des performances moyennes dans toutes les catégories de démocratie, plusieurs pays, comme le Salvador et le Guatemala, ont récemment connu des baisses rapides de leurs performances. Les libertés civiles et l’état de droit sont particulièrement affectés.

Afrique

La qualité de la représentation en Afrique a chuté, car le continent est touché à la fois par des dégradations brutales provoquées par des changements de gouvernement anticonstitutionnels (dont des coups d’État) et par une détérioration chronique de la situation, certains dirigeants et partis autoritaires cherchant à se maintenir au pouvoir. Le continent africain est pourtant devenu un champion de la participation, même dans des pays comme le Burkina Faso et le Mali, qui affichent de sérieuses dégradations et une situation d’ores et déjà critique en matière de démocratie.

Asie occidentale

Si l’autoritarisme reste de mise en Asie occidentale, la région se distingue désormais par la prolifération de nouvelles formes de surveillance et de répression électroniques. Malgré cela, des mouvements populaires prodémocratiques défient le pouvoir en place dans les pays de la région, en dépit d’une série de dangers et de menaces.

Asie et Pacifique

La liberté d’expression et la liberté de la presse demeurent menacées et la liberté d’association est en recul dans de nombreux pays, par exemple au Kirghizistan et au Sri Lanka. Les démocraties du Pacifique, qui constituent un nouveau foyer de tensions géopolitiques entre la Chine et les États-Unis, pourraient voir leurs institutions mises à l’épreuve par ces pressions extérieures.

Source : IDEA International

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