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RSF dénonce l’attaque contre la radio Hope FM et cinq de ses journalistes par des militants du parti au pouvoir

radio Hope FM



En Sierra Leone, la radio indépendante Hope FM a été victime d'une attaque revendiquée par des militants du parti au pouvoir. Cinq journalistes ont été blessés et du matériel a été détruit. Reporters sans frontières (RSF) dénonce une attaque contre la liberté d'informer et appelle les autorités à mener jusqu’à son terme l’enquête ouverte et à amener les coupables devant la justice.

Ils étaient plus de vingt personnes à envahir les locaux de Hope FM le 23 octobre. Basée à Makeni, au nord-est de la capitale sierra léonaise Freetown, cette radio, réputée pour son indépendance et sa couverture complète de l’actualité et des faits de société, a vu une bonne partie de son matériel de travail – représentant une valeur d’environ 23 240 euros – détruit. Cinq des journalistes de Hope FM ont été agressés, dont quatre ont dû être hospitalisés.

Les assaillants ont publiquement revendiqué leur affiliation au Parti du peuple de Sierra Leone (SLPP), au pouvoir depuis 2018. Cinq d’entre eux seulement ont été arrêtés et ont été aussitôt libérés sous caution. Ils ont déclaré à la police, n’avoir aucun remords pour leurs actes et qu’ils recommenceraient jusqu’à ce que les locaux de la radio n’existent plus, a rapporté le propriétaire de la radio, Stanley Bangura, lors d’une conférence de presse donnée après l’attaque.

“Hope FM a subi une grave attaque qui vise clairement son indépendance, une attaque contre la liberté de la presse totalement inacceptable. L’enquête qui a été ouverte doit aller jusqu’au bout et permettre d’amener l’ensemble des responsables à rendre des comptes devant la justice.”

Sadibou Marong
Directeur du bureau Afrique subsaharienne de RSF

Stanley Bangura a déclaré avoir été agressé par un homme se faisant appeler “Babah Bio”, qui se présente comme un haut responsable du SLPP du district de Bombali, dans la province du nord du pays. Ce dernier a déclaré à la police que tant que son parti restait au pouvoir, il pouvait “tout faire”. Il a également affirmé que des membres du parti au pouvoir exerçaient une pression sur le propriétaire des locaux de la radio pour que celle-ci quitte les lieux. Cela en raison de sa position critique et de sa ligne éditoriale indépendante.

Alors que les violences contre les journalistes avaient diminué en Sierra Leone ces dernières années, plusieurs professionnels des médias ont été agressés ces derniers mois, notamment pendant la période électorale. En juin dernier, le correspondant de la BBC, Umaru Fofana, a été brutalisé et menacé par des membres du parti d’opposition le Congrès de tout le peuple (APC) alors qu’il couvrait leur manifestation. Trois mois plus tôt, des partisans du parti au pouvoir ont agressé Alie Melvin Tokowa, journaliste pour la radio Fountain of Peace alors qu'il couvrait un événement. Il avait perdu connaissance.

La Sierra Leone occupe le 74e rang au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2023, soit une baisse de 28 places par rapport au classement précédent.

Source : RSF

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