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“Nous vous écraserons” : les menaces inacceptables envers les journalistes du général Kainerugaba, fils du président de l’Ouganda

Photo bato 5
 


Dans plusieurs tweets supprimés depuis, le général Muhoozi Kainerugaba, fils du président ougandais Yoweri Museveni, a entre autres menacé les journalistes qui “l’insultent” de les “écraser”. Reporters sans frontières (RSF) condamne fermement ces propos inquiétants et rappelle que le droit d’informer est essentiel à la démocratie.
 
"Pour certains de ces journalistes qui aiment nous insulter... laissez-moi vous dire que personne ne vous protégera lorsque nous arriverons au pouvoir. Vous nous sentirez bientôt. Nous vous écraserons". Dans un tweet publié le 5 décembre et supprimé depuis, le général Muhoozi Kainerugaba, conseiller présidentiel pour les opérations spéciales et ancien commandant de l'armée de terre ougandaise, a ouvertement menacé les journalistes critiques du pouvoir. Muhoozi Kainerugaba est le fils du président Yoweri Museveni, qui est lui-même considéré par RSF comme un prédateur de la liberté de la presse.

Plus tôt dans la journée, dans un autre tweet également supprimé, le général s’en est directement pris aux journalistes du Daily Monitor, le quotidien indépendant le plus populaire du pays, les accusant d'être des “terroristes” maltraitant le pouvoir “depuis toujours”, et a promis de “s'en occuper s’ils continuaient”.

“Dans un pays marqué par de trop nombreuses atteintes à la liberté de la presse, ces graves menaces de la part d’un général haut placé, qui mettent en péril la sécurité des journalistes, sont inacceptables, s’indigne le directeur du bureau Afrique de RSF, Sadibou Marong. Nous rappelons à Muhoozi Kainerugaba que le journalisme n’est pas un crime. Le droit d’informer de même que le traitement indépendant de l’information sont indispensables à la démocratie.”

Tony Glencross, directeur général national du Nation Media Group (NMG) en Ouganda, le plus grand groupe de médias indépendant d'Afrique de l'Est et d'Afrique centrale qui détient le Daily Monitor, a répondu au tweet de Muhoozi Kainerugaba en défendant l’organe de presse, qualifiant les journalistes du média d’”Ougandais honnêtes et patriotes”, et rappelant qu’une “presse libre est la pierre angulaire de la démocratie”. 

Connu pour ses interventions polémiques intempestives sur les réseaux sociaux qui rappellent celles de Donald Trump, Muhoozi Kainerugaba a, à plusieurs reprises, mis en garde les médias contre le fait de l'interroger sur des questions de gouvernance. 

En Ouganda, un grand nombre de journalistes ont été torturés dans le passé par le commandement d'élite des forces spéciales (SFC), une unité militaire protégeant, entre autres, la famille présidentielle. Une unité d'élite qu’a commandée pendant de nombreuses années – de 2008 à 2017, puis de 2020 à 2021 – Muhoozi Kainerugaba, potentiel successeur de son père à la présidence.

Le pays occupe actuellement la 132e position sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2022.

 

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