Modération des commentaires en ligne: L'ANP instruit les professionnels des médias
L'exercice n'est jamais facile. Quels commentaires supprimer ou laisser passer en dessous d'un texte en ligne? Qui sera tenu pour responsable des dérives qui pourraient subvenir à la suite d'un commentaire injurieux ou diffamatoire? C'est pour répondre à autant de questions que l'autorité nationale de la presse (ANP) a réuni des professionnels de la presse pour sa 25ème session de l'ANP Academy. C'était ce jeudi 22 février 2024, à la maison de la presse au Plateau autour du thème «Information en ligne et commentaires des internautes : défis et responsabilité».
Le procureur adjoint de la République près le tribunal de première instance du Plateau, Alexandre Koné, a appelé les organes de presse et internautes à respecter les règles d’éthique et de déontologie pour garantir une information responsable en ligne.
Le haut magistrat a encouragé les acteurs des organes de presse et les internautes, à faire preuve de professionnalisme dans l’exercice de leur métier. Tout en soulignant que le respect des règles d’éthique et de déontologie sont essentielles pour garantir une information responsable en ligne. Pour lui, les organes de presse, qu’ils soient écrits ou en ligne, sont assujettis à des obligations légales, éthiques et déontologiques. En cas de violation, des sanctions disciplinaires et pénales sont prévues. Les internautes peuvent également être tenus pour responsables de leurs commentaires, avec des conséquences juridiques en cas d’infraction.
Les délits de presse sont assortis de peines d’amendes prononcées par les autorités compétentes. Notamment, l’offense au chef de l’État peut entraîner des amendes allant de cinq à 10 millions, tandis que l’injure peut être sanctionnée d’amendes de deux à 10 millions.
La responsabilité des internautes est encadrée par la loi 2013-451 du 19 juin 2013 relative à la lutte contre la cybercriminalité. Dans ce contexte, le procureur peut solliciter l’aide de la Direction de l’informatique et des traces technologiques (DITT) via la Plateforme de lutte contre la cybercriminalité (PLCC) pour identifier et poursuivre les auteurs de commentaires diffamatoires ou illicites.
Entrepreneur et manager des médias, le journaliste Israël Guébo, le deuxième panéliste, a proposé une modération responsable pour réguler les commentaires en ligne.
Pour lui, le casse-tête des responsables des médias peut trouver solution dans l’usage d’algorithmes. Selon lui, ces outils permettent la détection «immédiate» des commentaires inappropriés, ce qui permet de faire une modération rapide.
Cette approche, a-t-il reconnu, peut être chronophage à grande échelle avec un besoin de trouver un équilibre pratique dans ce cas.
Le panéliste a également suggéré la mise en place d’une modération communautaire qui permettra aux internautes de signaler des commentaires inappropriés pour accélérer le processus de modération. Cependant, Israël Guébo met en garde contre les risques d’abus de la part du modérateur non professionnel.
Il a aussi souligné l’importance d’une politique de modération claire et transparente, ainsi que la création d’une liste noire de mots-clés incompatibles avec les valeurs de la plate-forme, et insisté sur l’utilité de former des modérateurs pour garantir une approche réactive et compréhensive de la modération.
Bambara Tetié
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